Comme beaucoup dans son secteur d'activité, Capdevielle traiteur, basé à Bruges dans la métropole bordelaise, est quasiment à l'arrêt depuis le 11 mars. "Notre activité réception étant interdite, 31 collaborateurs sont au chômage partiel. Nous n'avions, dans un premier temps, conservé que la veille commerciale", explique Romain Capdevielle, directeur opérationnel de la société qui réalise 60 % de son chiffre d'affaires (4M€) dans l'événementiel.

Fin mars, l'Office de tourisme et des congrès de Bordeaux Métropole notait déjà une baisse de 60 à 70% du chiffre d'affaires des acteurs du tourisme d'affaires à Bordeaux, à savoir les sites événementiels, l'hôtellerie, la restauration et les différents prestataires de service. Depuis, tous les événements ont été annulés ou reportés, au moins jusqu'à la mi-juillet. La tendance est donc connue et l'avenir incertain. "L'impact sur la filière sera plus ou moins fort selon le manière dont se passe la rentrée de septembre", explique Olivier Occelli, directeur général de l'Office de tourisme et des congrès de Bordeaux Métropole. Mais d'ores et déjà, il note une baisse de l'indice de confiance sur le dernier trimestre 2020. De nouveaux reports et annulations sur cette période sont donc à prévoir.

L'opérateur Congrès et expositions de Bordeaux (CEB) fait déjà part de ses estimations.

"Les 300 événements que l'on accueille à Congrès et expositions de Bordeaux (CEB) génèrent environ 600 M€ de retombées économiques directes et indirectes. Cela devrait être moitié moins cette année", confie Stéphane Kintzig, directeur général de CEB.

Faciliter le report

Pas question pour autant de baisser les bras. "Ne serait-ce que pour les équipes qui font des extras, nous n'avons pas le droit", insiste Romain Capdevielle qui maintient le contact avec ses clients. Même travail pour l'Office de tourisme alors que l'enjeu numéro 1 consiste à conserver ces événements. "C'est d'ailleurs ce qu'il se passe. La plupart des organisateurs ne lâchent pas la destination. Cela implique de les accompagner, de trouver le meilleur accord, en deux mots de faciliter le report, en trouvant des dates mais surtout l'hébergement", explique Olivier Occelli.

C'est dans cette optique qu'un nouvel outil a été conçu par l'Office de tourisme, précisément la branche dédiée au tourisme d'affaires, le Bordeaux Convention Bureau. Un tableau collaboratif en ligne, consultable par les sites d'accueil, permet aux hébergeurs de remplir en temps réel leurs disponibilités et taux de remplissage. "Pour que les sites événementiels proposent les dates les plus optimales à leurs clients, il leur faut en effet croiser leur disponibilité à celles des hébergements et ce, le plus efficacement possible. C'est un exercice de jonglage", reconnait Olivier Occelli.

La relance en local

L'entente entre acteurs est, dans ce contexte, nécessaire pour Romain Capdevielle.

"Après avoir pallié l'urgence, nous commençons à échanger avec les salles, les centres de congrès, les différents prestataires. Nous entrons dans cette nouvelle phase. Cette crise est inédite, personne n'a d'expérience en la matière. Nous ne savons pas si les décisions que nous prenons sont bonnes. Donc faire corps avec les différents acteurs du tourisme d'affaires permettra de trouver du positif, de nouvelles manières de collaborer, et de se couvrir également. Notre secteur est le plus touché et Bordeaux est un petit marché. Tout le monde se connait."

Les équipes de l'Office de tourisme travaillent d'ores et déjà à un plan de relance avec ce slogan : "Tout seul, on va plus vite, ensemble on va plus loin."

En attendant la mise en place d'actions collaboratives, Capdevielle traiteur s'organise pour lancer une offre de livraison en entreprise. "Les événements nationaux vont avoir du mal à décoller, il va falloir davantage travailler localement, participer à des inaugurations autour de chez nous, bref jouer la carte locale. La sortie de la crise passera par là", assure Romain Capdevielle. Le groupe Arom travaille également sur la sortie d'une nouvelle offre pour la mi-mai.