Chaleur renouvelable : Newheat accélère avec quinze nouvelles centrales en trois ans

Newheat annonce, ce lundi 30 novembre, une levée de 30 millions d’euros pour déployer massivement ses solutions de production de chaleur renouvelable. L’entreprise bordelaise, qui a déployé cinq centrales en huit ans, annonce quinze nouveaux projets dans les trois prochaines années pour un total d’investissement de 150 millions d’euros.
La plus grosse centrale solaire thermique de Newheat est en fonctionnement depuis le début de l'année à Verdun. Elle alimente un site de Lactalis France.
La plus grosse centrale solaire thermique de Newheat est en fonctionnement depuis le début de l'année à Verdun. Elle alimente un site de Lactalis France. (Crédits : Newheat)

« Newheat a fait ses preuves commercialement. Nous avons montré notre savoir faire, démontré son business modèle, et sommes depuis deux ans dans l'accélération commerciale », explique Hugues Defréville, co-fondateur et président de Newheat. Une accélération qui se concrétise aujourd'hui. Alors qu'elle a déployé et exploite cinq centrales solaires thermiques depuis son lancement il y a huit ans, l'entreprise bordelaise prévoit de tripler ce chiffre au cours des trois prochaines années.

Quinze centrales sont annoncées pour un investissement total de 150 millions d'euros et un volume annuel de chaleur renouvelable livrée de 200 GWh. « La moitié permettra d'alimenter des sites industriels, l'autre moitié des réseaux de chaleur. À ce stade, les deux tiers des projets ont déjà obtenu des subventions et sont en cours de permis de construire. Certains l'ont déjà obtenu !» précise Hugues Defréville qui prévoit de démarrer quatre voire cinq projets sur 2024.

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Une prise de conscience

Quelques jours après l'énorme levée de 200 millions d'euros de Technique Solaire, dans le photovoltaïque, la chaleur renouvelable est aussi en passe de changer de dimension. Avec un élément déclencheur, explique Hugues Defréville :

« La prise de conscience a débuté il y a deux ans mais la crise énergétique liée à la guerre en Ukraine a constitué un électrochoc. Et avec un prix du gaz qui a explosé, la compétitivité de nos offres est devenue importante. Alors que 80 % du gaz en France est utilisé pour faire de la chaleur et non de l'électricité, la chaleur renouvelable est aujourd'hui identifiée par les décideurs privés et publics comme un secteur prioritaire pour atteindre les objectifs climatiques et réduire la dépendance aux énergies fossiles. La principale source de chaleur renouvelable, c'est la biomasse mais elle ne suffira pas. La forêt n'est pas infinie. Newheat propose d'autres solutions qui combinent récupération de chaleur fatale, solaire thermique, systèmes de stockage thermique courte et longue durée et pompes à chaleur industrielle. »

Face cette prise de conscience, le fonds chaleur de l'Ademe a déjà augmenté. Il prévoit de mobiliser 800 millions d'euros en 2024 et des collectivités comme Bordeaux Métropole mettent le pied sur l'accélérateur. « Cela ne suffira pas mais nous avançons dans la bonne direction », assure Hugues Defréville.

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Des fonds directement investis dans les centrales

C'est dans ce contexte que Newheat, qui a déjà levé 1,8 million en 2017 et puis sept millions en 2021, annonce ce lundi 30 novembre un nouveau tour de table de 30 millions d'euros auprès de Swn Capital Partners, via sa stratégie Swift 2 ainsi que ses partenaires historiques (Noria, Bpifrance, via son fonds sectoriel France investissement énergie environnement, le groupe Etchart et la holding Holdheat).

La majorité des fonds levés sera utilisée pour investir directement dans les projets de centrales développés par la société. « Nous investissons dans nos centrales mais nous demandons à l'industriel ou au réseau de chaleur de s'engager au rachat de l'énergie produite sur des durées de 20 ou 30 ans », rappelle Hugue Defreville. « Sur 150 millions d'investissement, il faut compter en moyenne 50 % de subventions, de la dette bancaire et 30 millions de fonds propres », précise-t-il.

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Des projets de plus grande envergure

Si Newheat multiple le nombre de projets, les projets seront par ailleurs de plus grande envergure. « Sur les cinq dernières années, nous avons construit cinq projets pour quinze millions d'euros, alors que dans les trois ans, nous prévoyons d'en construire quinze pour 150 millions », souligne Hugues Defréville. Cela permettra à l'entreprise d'atteindre la rentabilité. « Nous nous rémunérons sur les projets, donc il faut du volume suffisant. Nous ne sommes pas encore rentables mais avec cet ordre de grandeur qui change, la rentabilité est devant nous. »

En matière de gros projet, Newheat inaugurera le 8 décembre sa plus grosse centrale solaire thermique. Basée à Verdun (Meuse), elle alimente depuis le début de l'année un site du groupe agroalimentaire Lactalis. Il s'agit de la plus grande centrale solaire thermique de France, et la deuxième plus important en Europe à alimenter un site industriel.

Dans les projets à venir, un premier dossier pour une serre maraîchère devrait aboutir en 2024. Newheat se lance également à l'international, avec trois dossiers sur la quinzaine annoncés, notamment un projet dont le démarrage des travaux est prévu en 2024 en Croatie : « Nous ciblons l'Europe centrale et l'Europe de l'Est en particulier sur les réseaux de chaleur qui utilisent beaucoup de charbon et de gaz. »

De 45 à 80 salariés d'ici 2026

De fait, Newheat a musclé ses équipes. Après avoir multiplié par deux ses effectifs sur les 18 derniers mois, principalement pour structurer son équipe de développement commercial, Newheat compte aujourd'hui 45 salariés et prévoit un nouveau doublement de ses effectifs pour atteindre environ 80 personnes d'ici 2025/2026. Il s'agira notamment de renforcer les équipes du département opérations (ingénierie, réalisation et exploitation) ainsi que pour les fonctions support (finance et administratif).

En juin dernier, Newheat a été lauréat de la première édition French Tech 2030, un programme d'accompagnement opéré par La French Tech aux côtés du Secrétariat général pour l'investissement et de Bpifrance.

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