Opération bouclée pour newHeat. La startup bordelaise vient d'annoncer le financement de son premier portefeuille de cinq centrales solaires thermiques pour un total de 15 millions d'euros.
"Ce financement d'envergure est une grande première dans le secteur alors que c'est assez classique dans le photovoltaïque, mais il vient surtout finir de valider notre modèle économique et notre capacité à monter ces projets. Un très grand nombre d'audits ont été réalisés. C'est une étape importante dans le développement de newHeat", assure Hugues Defréville, fondateur de la société.
Il ne s'agit pas de financer directement l'activité de l'entreprise mais bien un groupe de cinq projets de production de chaleur solaire à destination des grands sites industriels et des réseaux de chaleur urbains. Car, pour rappel, c'est la société newHeat qui investit dans la centrale et revend ensuite l'énergie solaire produite.
Parmi ces projets, tous soutenus par l'Ademe et les Régions concernées, figurent la centrale qui alimente l'usine à papier de Condat en Dordogne et qui est d'ores et déjà en service. Deux centrales solaires prévues pour alimenter des réseaux de chaleur sont en cours de construction à Narbonne (Aude) et à Pons, en Charente-Maritime. Les deux derniers projets seront greffés à de grands sites industriels pour le besoin en énergie de leurs procédés, en Auvergne Rhône Alpes et en région Grand Est.
Un financement par grappe
Dans le détail, newHeat a ainsi réussi à mettre en place un prêt bancaire de onze millions d'euros auprès de Triodos Bank, basée aux Pays-Bas, et Crédit Coopératif en France. Pour le reste, à savoir quatre millions d'euros, une holding (newHeat invest 1) regroupant ces cinq projets a été créée. Elle est détenue à 51 % par newHeat et à 49 % par trois fonds régionaux de la transition énergétique concernés, puisque des centrales seront implantées sur leur territoire : Terra Energies (Région Nouvelle-Aquitaine), Arec Occitanie (Région Occitanie) et Oser ENR (Région Auvergne Rhône-Alpes).
"C'est un montage qui n'est pas simple mais dans la mesure où chaque projet est relativement petit notamment pour les partenaires bancaires, nous les avons regroupés. Nous sommes dans une logique de financement par grappe, c'est-à-dire qu'une autre holding sera créée pour les projets suivants", précise Huges Defréville.
Pour être plus compétitif
Cette bonne nouvelle pour newHeat ne doit pas pour autant cacher la problématique du moment qui est commerciale.
"Nous avons, avec ces projets, de l'activité jusqu'à fin 2021, mais il faut savoir qu'il faut trois à quatre ans pour monter des projets de ce type, et aujourd'hui, le prix des énergies fossiles est tellement bas que nous ne sommes malheureusement pas compétitifs. Aucune taxe carbone ne vient d'ailleurs compenser cela. Faire de la chaleur renouvelable compétitive aujourd'hui est donc clairement très difficile", confie Hugues Defréville.
Pour autant pas de quoi désespérer. "Nous continuons à appeler de nos vœux un soutien financier différent, notamment un soutien à la production et non pas à l'investissement. Il faut savoir que les EnR électriques bénéficient d'environ huit milliards d'euros d'aide par an alors que dans la chaleur, qui est le premier poste d'émission de CO2, nous sommes à peine à 500 ou 600 millions d'euros."
Parallèlement, newHeat travaille sur de nouvelles offres qui combinent solaire thermique, récupération de chaleur et stockage. "Concrètement, nous pouvons intégrer à notre dispositif de la récupération de chaleur fatale, c'est-à-dire perdue. Il s'agit de proposer des solutions renouvelables plus complètes pour améliorer la compétitivité de nos offres." En attendant, dans ce contexte, newHeat qui compte 18 collaborateurs, a gelé les embauches.
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