Déjà à l'étroit à Blanquefort, HDF Energy se déploie en Indonésie

Développeur international de grandes infrastructures hydrogène (intégrant des piles à combustible), HDF Energy travaille sur des projets à long terme qui demandent plusieurs années de développement. Le groupe girondin, qui construit à Blanquefort l'usine où il doit produire ses piles à combustible de forte puissance, avec l'industriel canadien Ballard, aimerait avoir plus de foncier à sa disposition. Prudente, Bordeaux Métropole temporise.
L'usine d'HDF Energy, qui sort de terre à Blanquefort, produira des piles à hydrogène de forte puissance dès 2024.
L'usine d'HDF Energy, qui sort de terre à Blanquefort, produira des piles à hydrogène de forte puissance dès 2024. (Crédits : HDF Energy)

HDF Energy, dont la future usine de fabrication de piles à combustibles de forte puissance est en cours de construction à Blanquefort, au nord de Bordeaux, est impliqué depuis sa création, il y a près de dix ans, dans le développement d'infrastructures de production et de distribution en continu d'énergie renouvelable. C'est tout l'objet de la technologie baptisée « Renewstable » développée par le groupe girondin. Elle consiste à stocker l'énergie intermittente produite par des parcs solaires ou éoliens sous forme d'hydrogène dans des piles à combustible, tout en s'appuyant sur un stockage d'appoint par batteries. Ceci afin de pouvoir délivrer ensuite la puissance de façon continue sur le réseau électrique.

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Le groupe Hydrogène de France SA, dont le nom commercial est HDF Energy, a été créé à Lormont (Bordeaux Métropole), où se trouve son siège social, par Damien Havard qui en est le dirigeant.

HDF Energy, industriel et développeur de projets

Le premier métier du groupe reste le développement de centrales à énergie renouvelable utilisant des piles à combustible à hydrogène de forte puissance codéveloppée avec l'industriel canadien Ballard. Une activité fortement capitalistique, puisqu'il faut financer des projets de long terme, et centrée sur les régions chaudes du globe, souvent tropicales, où sont implantées les 19 filiales d'HDF Energy, dont la Guyane, les Caraïbes, mais aussi la Namibie ou encore les Philippines, et aujourd'hui l'Indonésie...

À l'initiative des projets, HDF Energy, qui a réussi à lever 115 millions d'euros lors de son entrée en bourse en 2021, a vocation ensuite à devenir un actionnaire minoritaire, comme à La Barbade, où le groupe Rubis a racheté 51 % des parts de la centrale à hydrogène en cours de développement. HDF Energy en conservant 49 %. Présent dans 25 pays et sur les cinq continents, le groupe girondin compte 72 salariés (au 31 décembre 2022) de 26 nationalités : parce qu'il travaille en proximité étroite avec ses clients et prospects.

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« Joe Biden a cité HDF Energy ! »

« Quand nous annonçons la signature d'un accord à l'autre bout du monde, c'est que nous y sommes présents », souligne ainsi le PDG.

Ce dernier dirige un groupe qui dispose désormais d'un portefeuille d'affaires évalué à plus de cinq milliards d'euros.

« C'est notre filiale indonésienne qui a négocié notre nouveau contrat en Indonésie avec la US International Development Finance Corporation (DFC), bras armé du gouvernement américain notamment pour l'aide au financement de grands projets structurants. Un accord de partenariat tellement important que le président des Etats-Unis, Joe Biden, a cité HDF Energy lorsqu'il a dévoilé ce projet indonésien en novembre dernier, après sa rencontre avec le président d'Indonésie Joko Widodo lors du sommet du G20 », rembobine avec émerveillement Damien Havard pour La Tribune.

Un partenariat au plus haut niveau avec l'Indonésie

L'annonce du président des Etats-Unis n'a pas été faite en vain puisque le 18 avril Hydrogène de France, représentée par Damien Havard, a signé à Bordeaux un protocole d'accord avec la compagnie publique d'électricité indonésienne PT PLN (Persero), en présence du ministre délégué au commerce extérieur, Oliver Becht, de l'ambassadeur d'Indonésie en France, Mohamad Oemar, et du PDG de Persero, Darmawan Prasodjo.

« Ce projet concerne l'ensemble de l'Indonésie ! Nos centrales Renewstable pourront aider le pays à décarboner ses réseaux électriques tout en accompagnant le programme gouvernemental de développement de l'Indonésie orientale. Notre pipeline très important de projets en Indonésie fera du pays l'un des leaders de l'hydrogène vert en Asie », complète en substance le PDG.

Pas moins de 22 projets de centrales solaires ou éoliennes équipées de piles à combustible vont être développé par le groupe bordelais, en premier lieu dans l'île de Sumba mais aussi à Mindanao.

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Les Kali'na du village de Prospérité pas d'accord

Avec l'usine de Blanquefort, qui représente un investissement de 20 millions d'euros, HDF Energy va concevoir et produire des piles à combustibles de grande puissance dans le cadre de son partenariat avec Ballard. Seconde activité qui doit ouvrir de nouveaux marchés et booster l'efficacité de la production de ses centrales à hydrogène, dont la première, Ceog (Centrale électrique de l'ouest guyanais), devrait -si tout va bien- entrer en service dans quelques mois.

Le conditionnel semble encore de mise puisque ce projet de production d'énergie verte se heurtait encore en avril dernier à l'hostilité des Kali'na dont le village de Prospérité se situe à 2 km seulement du chantier de la centrale énergétique verte contre lequel ils ont manifesté. Les Kali'na dénoncent la déforestation de 16 hectares de forêt amazonienne (sur une surface totale de 78 hectares qui doit être coupée) correspondant à une partie de leurs zones de chasse et demandent à ce que le projet soit déplacé ailleurs. D'autant que les Kali'na réclament depuis trente ans que ce terrain leur soit rétrocédé en tant que « zone d'usage de droit collectif » dans le cadre de leur projet d'autonomisation. La direction de Ceog, appuyée par de nombreux élus de Guyane, assure œuvrer en bonne intelligence avec les autorités coutumières depuis l'origine du projet. De son côté, la direction d'Hydrogène de France explique que « diverses manifestations ont occasionné un décalage du chantier, dont les impacts financiers sont limités pour le groupe ».

Damien Havard voudrait un peu plus de 4 hectares

De son côté, l'usine de Blanquefort, d'une surface de 7.000 m2 (dont 2.000 m2 de bureaux), commence à sortir de terre. Elle doit être livrée en décembre prochain et entrer en service dès 2024. À terme, d'ici 2030, elle devrait se développer sur 12.000 m2 de plancher et employer 500 salariés. Installé dans le business de l'énergie renouvelable depuis dix ans, avec un schéma original de production en continu qu'il semble le seul à pouvoir proposer au niveau international, le PDG d'HDF Energy trouve déjà ces trois hectares trop petits.

« Nous disposons d'un terrain de quatre hectares, dont un hectare de zone humide inutilisable. Il nous faudrait plus de foncier. J'essaie de le faire savoir à Bordeaux Métropole, mais jusqu'ici je n'ai eu aucune réponse », insiste le PDG qui tient à faire passer le message aux élus métropolitains.

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La Métropole reste prudente

Installé sur l'ancien terrain proche de l'usine Ford Aquitaine Industries dit des Circuits, qui développe 12 hectares, HDF Energy pourrait bien avoir de nouveaux voisins. Jointe par La Tribune ce lundi, Véronique Ferreira, maire (PS) de Blanquefort et vice-présidente de la Métropole en charge des finances, confirme et souligne qu'elle, comme la majorité des élus de Bordeaux Métropole, ont fait le pari de la réussite d'HDF Energy.

Tout en précisant que les élus vont attendre la livraison et le démarrage de l'usine pour voir comment se développe l'entreprise, avant éventuellement d'augmenter le périmètre de son foncier. Non loin de là, Bordeaux Métropole confirme que les discussions exclusives initiées fin 2022 entre Ford et Axtom pour l'aménagement des 50 hectares de l'ex Ford Aquitaine Industries se poursuivent. Sans calendrier précis à ce stade.

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