Newheat injecte sept millions d'euros dans la production de chaleur renouvelable

Créée en 2015, la société bordelaise NewHeat annonce avoir levé sept millions d’euros pour accélérer son développement dans la chaleur renouvelable en France et à l’international. Un technologie encore méconnue et trop faiblement soutenue selon ses fondateurs. Newheat exploite, à ce jour, quatre centrales solaires thermiques qui alimentent des sites industriels et des réseaux de chaleur urbains.
La centrale de Narbonne, qui alimente un réseau de chaleur, a été inaugurée en septembre 2021.
La centrale de Narbonne, qui alimente un réseau de chaleur, a été inaugurée en septembre 2021. (Crédits : Newheat)

C'est un nouveau cycle de développement qui s'ouvre pour Newheat. La société bordelaise spécialiste de la chaleur renouvelable annonce, ce mardi 30 novembre, avoir levé sept millions d'euros auprès de ses partenaires historiques, notamment Noria et le groupe Etchart, et de Bpifrance, via son fonds France investissement énergie environnement. Alors qu'une première levée de 1,8 million d'euros en 2017 avait permis à Newheat d'accélérer sa R&D et de financer ses premières centrales solaires thermiques, l'entreprise va pouvoir continuer à recruter et ainsi passer de 22 à 32 salariés d'ici à deux ans, poursuivre son déploiement commercial, se doter de fonds propres nécessaires au maintien d'une part majoritaire dans les projets qu'elle développe et enfin confirmer ses ambitions à l'international. A ce stade, Newheat a été sélectionnée pour un programme en Croatie et attend pour la fin d'année d'autres projets en Europe.

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Concrètement, NewHeat fournit des solutions de décarbonation qui combinent le solaire thermique mais aussi la récupération de chaleur fatale, le stockage de chaleur courte et longue durée et les pompes à chaleur. "Cette technologie est la meilleure en termes de bilan carbone, sans émission de CO2, sans émission de particules", insiste auprès de La Tribune Hugues Defréville, président et co-fondateur de Newheat. Son ambition ? Décarboner massivement le secteur de la chaleur en France alors que les besoins en chaleur représentent près de la moitié de la consommation finale d'énergie et que l'utilisation d'énergie sous forme de chaleur pour des utilisations industrielles ou collectives dépend aujourd'hui à 90 % des énergies fossiles.

Quatre centrales en exploitation

A ce stade, Newheat exploite quatre centrales solaires thermiques qui alimentent des sites industriels et des réseaux de chaleur. Deux projets sont également en construction en France, à Verdun pour le groupe Lactalis et dans la Loire pour une usine de production de briques du groupe Bouyer Lerou. A titre d'exemple, la centrale qui sera construite à Verdun permettra de réduire ses émissions de CO2 de 2.000 tonnes par an.

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Si l'année 2020 a pu être compliquée, dans le contexte de la crise Covid, Hugues Defréville assure que l'activité est repartie ces six derniers mois. Des contrats ont été signés pour de nouveaux projets. "Il y a un impact conjoncturel lié à l'augmentation du prix du gaz mais aussi une vraie prise de conscience", reconnait-il.

Encore des freins à lever

Pour autant, il reste des freins à lever : "Ce secteur est méconnu est insuffisamment soutenu", rappelle Hugues Defréville. "Même la Cour des comptes appelle à soutenir plus largement les réseaux de chaleur et la chaleur renouvelableAlors que l'électricité renouvelable bénéficie de sept milliards d'euros par an, la chaleur renouvelable est principalement soutenue par le fonds de chaleur de l'Ademe qui s'élève à 300 millions d'euros par an !"

Le chef d'entreprise appelle donc toujours de ses vœux un développement du marché de la chaleur renouvelable.

"La décarbonation du secteur de la chaleur, que ce soit pour l'industrie ou les réseaux de chaleur urbains, est l'un des enjeux principaux de la lutte contre le réchauffement climatique pour lequel la France et l'Europe accusent déjà un grand retard. Il est urgent d'accélérer le développement de nos solutions de fourniture de chaleur renouvelable, compétitives et vertueuses."

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Il propose d'ailleurs quelques pistes :

"Chaque projet, unique, nécessite une solution technique et une ingénierie spécifique. A cette complexité dans le montage technique du projet, et non dans la technologie, il est primordial de proposer une grande simplicité dans les mécanismes de soutien. Nous proposons, en l'occurrence, de passer d'un système d'appel à projets accordant des aides à l'investissement, à un système d'appels d'offres accordant un soutien à la production, de manière similaire au soutien actuel à la production électricité renouvelable. Aujourd'hui, nous n'avons pas de vrai concurrent et c'est plus un problème qu'autre chose."

Vers de plus gros projets

A ce stade, Newheat n'est pas encore à l'équilibre. "Plus il y aura de centrales, mieux ce sera, mais surtout des projets de plus grande taille et à plus gros financement, car plus rémunérateurs pour Newheat", explique Hugues Defréville. Pour chaque projet, une société dans laquelle Newheat est actionnaire majoritaire est créée. C'est elle qui investit et vend l'énergie pendant un certain nombre d'années. "Newheat vend des prestations de construction et de maintenance à ses filiales. Ce sont ces flux financiers qui paient les salaires de Newheat et permettent de rembourser les investisseurs."

Hugues Defréville rappelle d'ailleurs qu'en septembre 2020, il avait réussi à financer un portefeuille de cinq centrales solaires thermiques représentant 28 MWth pour 15 millions d'euros d'investissement global. Cette opération de financement comportait la mise en place d'un financement bancaire d'un montant de 13 millions d'euros auprès de Triodos Bank et Crédit Coopératif. Déjà une étape importante. "Nous avons eu un vrai coup de tampon de bancabilité", relève Hugues Defréville.

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