Lectra, dont le siège est à Paris et qui a vu le jour à Cestas (Gironde), où se trouve ses unités de production, de recherche et développement et son show-room international est devenu le leader mondial de la découpe de matériaux souples (cuir, tissu...) en restant sur un créneau haut de gamme.
Lectra développe ainsi des systèmes équipés d'une très puissante armature logicielle qui permet par exemple au groupe de proposer à ses clients du secteur de la mode de copiloter le développement et la gestion de leurs collections en temps réel. Et ce leader mondial, coté en bourse, qui emploie 1.800 salariés dont près de 700 à Cestas, a réalisé un 1er semestre 2021 très au-delà du rebond de l'activité économique post-Covid, dans le sillage d'un 1er trimestre qui avait été déjà bien orienté.
Au 2e trimestre, le chiffre d'affaires de Lectra a ainsi grimpé de +58 % par rapport à la même période en 2020 pour atteindre 80 millions d'euros. Un décollage qui n'est pas lié au rachat par Lectra de son concurrent américain de toujours, le groupe Gerber Technology. La consolidation de ce dernier a beau dater du 1er juin dernier, Daniel Harari, PDG de Lectra, précise à La Tribune que cette activité additionnelle (entre autres 13,5 millions d'euros de CA) n'est pas intégrée dans le compte de résultat de Lectra pour le 1er semestre 2021 et qu'elle a fait l'objet d'un traitement séparé.
Robots de découpe de Lectra à Cestas (Agence Appa)
Des résultats très positifs pas attendus avant 2022
La montée en puissance du groupe au deuxième trimestre est très impressionnante, avec un Ebitda (bénéfice avant intérêts, impôts et amortissements) en hausse de 140 %, à 11,9 millions d'euros, et un résultat net qui explose de +175 %, à 2,9 millions d'euros.
"La très forte hausse de nos commandes a dépassé de beaucoup nos attentes. D'autant que de nombreuses nouvelles commandes sont arrivées en deuxième partie du semestre et n'ont pas pu être comptabilisées pour cette période. Autrement-dit les chiffres du troisième trimestre seront meilleurs", se félicite pour La Tribune Daniel Harari, le PDG de Lectra.
Parce que le groupe ne s'est pas contenté de remonter son activité par rapport à 2020, qui n'a pas été une bonne année, mais surtout de dépasser les résultats de 2019.
"Au deuxième trimestre nos commandes sont en hausse de 22 % par rapport à 2019 ! Sur l'ensemble du deuxième semestre les commandes progressent de 12 % et ce n'est absolument pas ce que nous avions prévu non plus. Pour tout dire nous n'attendions pas ce genre de résultat avant 2022 !", concède le PDG, qui en bon Polytechnicien valide les feuilles de route de son groupe plutôt deux fois qu'une.
Des commandes en hausse de 112 %
Pendant ce premier semestre, le chiffre d'affaires consolidé du groupe a progressé de +29 %, à 146,7 millions d'euros, l'Ebitda de +80 %, à 23,2 millions d'euros, et le résultat net de +101 %, à 8,9 millions d'euros. De plus, les commandes de licences perpétuelles de logiciel, d'équipements et de leurs logiciels et de services non récurrents (30,6 millions d'euros) font plus que doubler, à + 112%, par rapport au deuxième trimestre 2020. Comme les bonnes surprises ne font de mal à personne, Daniel Harari ne va pas se plaindre de ne pas avoir anticipé le vrai potentiel de croissance de Lectra au premier semestre 2021.
D'autant que cette brutale montée en puissance du groupe semble avoir toutes les caractéristiques de l'émergence d'un nouveau marché sur lequel les équipes de Lectra travaillent depuis plusieurs années, celui de l'usine du futur ou industrie 4.0, portée par la nouvelle offre de « Mode à la demande par Lectra » (« Fashion on demand by Lectra »).
Une partie de l'équipe de recherche de Lectra à Cestas (Agence Appa)
La stratégie industrielle 4.0 de Lectra en plein décollage
Une évolution très porteuse du volet industriel 4.0 que confirme le PDG.
"La demande sur nos offres 4.0 a été multipliée par six, ce qui est la confirmation du succès. A +20 % on se pose de questions. Mais avec une croissance à-fois-six, il n'y pas plus de doute possible !", commente Daniel Harari.
L'évolution défavorable pour le groupe français des parités monétaires n'a pas été un obstacle, malgré un impact qui n'a rien d'anecdotique. Avec une parité moyenne semestrielle de 1,21 dollar américain pour 1 euro (soit une baisse de 9 % de la devise américaine par rapport à l'euro sur un an), et un recul de 1 % du yuan par rapport à l'euro, Lectra a perdu quelques millions. Son chiffre d'affaires semestriel a ainsi été réduit de 5,1 millions d'euros (-4 %) et son résultat opérationnel de 3,1 millions d'euros (-16 %). Il n'en reste pas moins que cette évolution globalement très favorable oblige le PDG à relever ses objectifs.
La prévision d'activité la plus haute est devenue la plus basse
"Nous finissons ce semestre sur des chiffres étonnants, puisque nous nous retrouvons au-dessus de notre hypothèse la plus haute. Nous avions tout d'abord prévu un chiffre d'affaires 2021 compris entre 250-268 millions d'euros (avec Lectra seul), objectif que nous relevons désormais dans une fourchette de 269-281 millions d'euros", éclaire Daniel Harari.
L'intégration dans le périmètre de Lectra du groupe américain Gerber Technology est en cours et l'évaluation de l'activité de la nouvelle entité consolidée ressort pour 2021 à un chiffre d'affaires compris entre 364 et 390 millions d'euros, soit +54 % à +65 % à données réelles (non corrigées des fluctuations monétaires-ndlr). Sauf accident, Lectra dispose de toutes les cartes pour commencer à changer de dimension.
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