La tension est redescendue d'un cran à la Fonderie du Poitou Fonte (Liberty Foundry Poitou) et à la Fonderie du Poitou Aluminium (Liberty Aluminium Poitou), à Ingrandes-sur-Vienne, près de Châtellerault, où les salariés avaient bloqué l'entrée des deux sites industriels les 29 et 30 septembre derniers. Deux entreprises qui ont été reprises l'an dernier par le groupe Liberty House, que dirige Sanjeev Kumar Gupta, un magna de l'acier d'origine anglo-indienne.
"Alain Rousset, le président de la Nouvelle-Aquitaine, est passé sur site le 8 octobre pour annoncer que la Région était prête à aider Fonderies du Poitou Fonte, mais comme il manque des factures cela bloque tout soutien financier. Pour Fonderies du Poitou Aluminium, la Région se dit prête à nous aider si l'actionnaire majoritaire, Liberty House, que préside Sanjeev Kumar Gupta, réinvestit dans l'entreprise", rembobine Jean-Philippe Juin, délégué syndical CGT de Fonderies du Poitou Aluminium.
Les deux entreprises poitevines totalisent 590 salariés, dont 300 pour Fonderies du Poitou Fonte et 290 pour Fonderies du Poitou Aluminium.
Rénover pour sortir d'une production en mode dégradé
Ces deux fonderies ne travaillent que pour un seul donneur d'ordres : le constructeur automobile Renault, auquel la première fournit des carters cylindres en fonte, et la seconde des culasses en aluminium. Si les salariés ont bloqué les deux sites c'est, qu'à peine un peu plus d'un an après avoir été repris, ils sont inquiets pour l'avenir. En particulier à cause de ce qu'ils analysent comme un problème d'investissement.
"Nous voulions que Sanjeev Kumar Gupta se prononce sur l'avenir de l'activité fonte, et nous voulions aussi qu'il débloque l'investissement minimum dont nous avons besoin pour pouvoir fonctionner à Fonderie du Poitou Aluminium, soit 1,2 million d'euros. Ce que la direction locale ne cessait de demander à la direction du groupe à Londres, parce que les presses qui nous servent à fabriquer les culasses en aluminium doivent être remises en état. Nous ne pouvons plus continuer à travailler en mode dégradé, avec de plus en plus de risque d'accident", argumente Jean-Philippe Juin.
Aucun nouvel élément décisif lors du dernier comité de suivi
Sanjeev Kumar Gupta a finalement accepté d'injecter 1,2 million d'euros dans l'entreprise en quatre fois et n'a, semble-t-il, pas accordé son feu vert à un financement complémentaire de 80.000 euros par semaine, qui était également attendu. "L'impression qu'il donne, c'est qu'il n'a pas d'argent", commente Jean-Philippe Juin, tout en rappelant que Sanjeev Kumar Gupta vient de faire de nombreux achats en France cet été, dont l'aciérie Ascoval d'Hayange, à la barre du tribunal de commerce de Strasbourg.
L'activité fonte devrait être graduellement réorientée vers l'aluminium mais le comité de suivi du 12 octobre n'a visiblement pas apporté d'information déterminante sur ce mouvement de pivot, qui exigerait des dizaines de millions d'euros d'investissement. Plus globalement les syndicats demandent un investissement du groupe Liberty House à hauteur de 14 millions d'euros dans la Fonderie du Poitou Aluminium pour relancer l'entreprise.
Une partie des effectifs de l'usine fonte vont basculer
Un sujet qui devrait être discuté dans les jours qui viennent. Elus et syndicats sont aussi dans l'attente de la confirmation de l'engagement du groupe Renault à acheter 250.000 carters en fonte à l'année pendant trois ou quatre ans à la Fonderie du Poitou Fonte.
"Nous avons un CSE pour Fonderies du Poitou Aluminium ce mercredi 14 octobre, tandis que celui de Fonderies du Poitou Fonte se tiendra jeudi 15 octobre", résume Jean-Philippe Juin.
A terme une partie des effectifs de l'activité fonte va être basculée sur l'usine aluminium mais personne ne sait encore dans quelles proportions et quand : des questions qui vont être officiellement posées à la direction. A plus long terme l'idée générale serait de lancer l'activité aluminium sur la fabrication de châssis. Ce qui nécessiterait l'acquisition de trois ou quatre presses spécialisées "à 30 millions d'euros pièce" observe le délégué syndical, sans compter une importante modification des bâtiments.
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