Liberty Foundry Poitou et Liberty Aluminium Poitou (Fonderies du Poitou) en danger

Reprises par le groupe britannique Liberty House il y a un an, après leur mise en redressement judiciaire, Liberty Foundry Poitou (ex-Fonderie du Poitou Fonte) et Liberty Aluminium Poitou (ex-Fonderie du Poitou Aluminium), deux entreprises situées près de Châtellerault, sont à nouveau en difficulté. C'est surtout le cas pour l'ex-Fonderie du Poitou Fonte qui fabrique des carters cylindres en fonte pour les moteurs diesel. Tandis que l'ex-Fonderie du Poitou Aluminium serait jugée plus porteuse.
Le marché automobile est en difficulté
Le marché automobile est en difficulté (Crédits : Ralph Orlowski)

Deux sous-traitants automobiles d'Ingrandes-sur-Vienne, près de Châtellerault, au nord de la Nouvelle-Aquitaine, les ex-Fonderie du Poitou Fonte, spécialisée dans la fabrication de carters cylindres en fonte, et Fonderie du Poitou Aluminium, qui réalise de son côté des culasses en aluminium, sont en difficulté. Fonderie Poitou Fonte et Fonderie Poitou Aluminium, deux entreprises sœurs qui appartenaient au groupe Saint-Jean Industries, à Belleville-en-Beaujolais (Rhône-Alpes), avaient en 2017 réalisé respectivement des chiffres d'affaires de 91,7 M€ et 59,7 M€.

Elles ont été mises sous le coup d'un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) en septembre 2018, avant d'être placées en redressement judiciaire début 2019 puis d'être liquidées en avril de la même année. Date où elles ont été reprises par le groupe britannique Liberty House, qui a créé deux nouvelles sociétés : Liberty Aluminium Poitou, le 25 avril 2019, et Liberty Foundry (fonderie) Poitou le lendemain. Les anciennes appellations perdurant encore au quotidien, un peu comme des marques.

Renault a pesé sur le plan de refinancement

Rappelons que cette opération de reprise industrielle a fait l'objet d'un accompagnement de la part des pouvoirs publics, qu'il s'agisse de l'Etat et de la Région Nouvelle-Aquitaine, qui s'est engagée à injecter près de 3 M€ dans l'aide à la diversification des marchés, le repreneur prévoyant 4 M€ sur deux ans. Si Liberty Aluminium Poitou utilise un alliage désormais très en vogue dans l'automobile, l'aluminium pour fabriquer ses culasses, elle a le tort de dépendre à 100 % d'un seul client pour ses ventes, le groupe Renault. Sachant que ce constructeur automobile est lui-même en grande difficulté au sortir de la période de confinement.

A l'inverse Liberty Foundry Poitou est diversifiée mais pas assez, puisque 70 % de ses ventes sont également assurées par Renault, et ses carters cylindres équipent des moteurs diesel, un marché en difficulté. Avec la crise sanitaire liée à la pandémie de coronavirus tous les acteurs de ce dossier ont joué de malchance : ont-ils encore une chance de survivre ?

Lire aussi : Renault: l'État donne son feu vert aux 5 milliards d'euros de prêt

Les salaires de juin seront payés assure la direction

Lors de la reprise des deux entreprises sœurs, les effectifs ont été ramenés de plus de 700 salariés à 601, dont 316 à la fonderie fonte et 285 à la fonderie aluminium. Le groupe britannique Liberty House, fondé et dirigé par l'homme d'affaire anglo-indien Sanjeev Kumar Gupta, qui est par ailleurs à la tête du conglomérat GFG (Gupta Family Group), devrait prendre des décisions drastiques.

Dans une dépêche de l'AFP datée de Londres, le 3 juin, Jonathan Levy, porte-parole pour la France et le Bénélux de Gupta Family Group s'est tout d'abord montré rassurant. "Il n'est pas question que les salaires sur l'un ou l'autre site ne soient pas payés en juin" a-t-il ainsi souligné. Mais comme le précise l'agence de presse, il s'est montré plus pessimiste pour le futur, soulignant que la fonderie de fonte "a souffert de commandes toujours faibles de notre principal client qui est lui-même confronté à un marché très difficile".

Gupta Family Group essaie de convaincre Renault

Jonathan Levy n'a pas caché que la fonderie de fonte est en danger, avec des commandes de moteurs diesel en chute de près de 75 %, et explique que son groupe essaie de convaincre Renault de cette réalité.

"Nous sommes en discussion avec notre client et lui faisons comprendre l'urgence de la situation, mais l'industrie automobile se tourne vers les culasses hybrides en aluminium, ce qui a un impact profond sur le secteur de la fonte", a expliqué le porte-parole du groupe indo-anglais.

La fonderie d'aluminium a de meilleures perspectives, ne serait-ce que parce que l'aluminium est un matériau très léger et donc plus économe en consommation de carburant.

Un plan de diversification à 13 M€

"L'histoire est différente pour notre fonderie d'aluminium où nous avons l'intention de reprendre les activités le 8 juin", après la crise sanitaire, et où "de réelles opportunités existent toujours", a poursuivi le porte-parole, complète l'AFP, annonçant un projet de nouvelle culasse et, à plus long terme, "un plan de diversification de 13 millions d'euros soutenu par notre actionnaire".

A l'issue d'un CSE qui s'est tenu mercredi à Ingrandes-sur-Vienne, où les deux sites sont implantés côte à côte, Jean-Philippe Juin, délégué syndical CGT pour Liberty Alu Poitou, s'est inquiété du financement de ce plan, affirmant que Liberty House avait démarché la région Nouvelle-Aquitaine et la Banque publique d'investissement. "L'actionnaire reste en retrait", a-t-il dénoncé, disant ses "craintes sur le très court terme". La CGT a appelé à un rassemblement jeudi avant la tenue le 10 juin d'un CSE extraordinaire.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 08/06/2020 à 16:27
Signaler
L'époque me fait penser aux années 50 ou Chapelon avait fait fabriquer les locos à vapeur les plus puissantes au monde et un rendement exceptionnel de plus de 50%, avec évidement toute une technologie complexe demandant des techniciens hautement qual...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.