Depuis le 18 mars, l'autorail X73525 acquis et rénové par la Région Nouvelle-Aquitaine pour 360.000 euros circule sur l'étoile ferroviaire de Limoges à destination de Brive, Guéret, Meymac, Angoulême ou Périgueux. Sur ces lignes les voyageurs sont informés par un autocollant apposé sur la rame qu'ils circulent à bord d'un train laboratoire. C'est le premier maillon du futur train léger innovant Telli qui circulera sur les petites lignes. Les agents du technicentre SNCF de Limoges ont équipé ce train de deux baies qui recevront des équipements afin de collecter des données de circulation et de tester, en temps réel, des solutions et technologies innovantes pour le train de demain.
« Les premiers équipements seront installés par Thales fin avril. Ces caméras, lidar et antennes seront connectés à des capteurs sur les deux faces du train, annonce Jacques Berling, directeur du projet. Cela permettra de faire avancer les systèmes de perception et de localisation du train. On va aussi vérifier que les fonctions que porteraient Telli sont réalisables avec le niveau de sécurité parfait qu'attendent les voyageurs. »
Ce train expérimental, qui doit circuler au moins un an, accueillera d'autres innovations validées par la SNCF au niveau de la sécurité des voyageurs, par exemple, des sièges et des accroches vélos. « Nous pourrons avoir en direct le retour des voyageurs car l'idée est d'expérimenter. C'est donc une bonne source de tests pour les constructeurs ou inventeurs », remarque-t-il,
« L'autonomie de la batterie sera de 200 km »
Véritable train études, cet autorail préfigure donc ce projet remporté par la Région Nouvelle-Aquitain à la suite d'un appel à projet lancé par l'Etat via France 2030. Au niveau national, le réseau de petites lignes est estimé à 9. 000 km. La SNCF, l'État, les Régions et les autorités organisatrices ont lancé un chantier chiffré à 88,9 millions d'euros pour concevoir un train léger à batterie plus léger et moins énergivore. « La SNCF apporte près de 30 millions sur ce projet important pour la redynamisation des plus petites lignes, indique-t-il. L'autonomie de la batterie sera de 200 km sur des lignes qui sont actuellement au diesel. »
Sous le pilotage de la SNCF, un consortium d'entreprises composé de CAF, Texelis, Thales, Alstom, Ektacom, Capgemini, Cerema, Railenium, Wabtec et du Ferrocampus va être chargé de mettre au point les différentes pièces et équipements du Telli. Cette future génération de trains devrait circuler en priorité en Nouvelle-Aquitaine puis dans les régions intéressées par ce mode de transport décarboné.
Les informations qui vont être collectées permettront également de définir de nouveaux process et d'optimiser la maintenance préventive des voies. « Le but est de filmer les rails, les ouvrages d'art et la végétation autour des voies et préparer tout ce qui pourra servir à une éventuelle future autonomie des trains et la téléconduite qui est le stade juste avant, indique Chloé Artaud, chargée de mission digitale à Ferrocampus. Cela permettra également d'inspecter l'état des voies pour faire des travaux et anticiper la maintenance sur l'infrastructure plus facilement que jusqu'à présent où c'est fait à pied par SNCF Réseau. »
Un prototype en 2026 ou 2027
Une maquette à l'échelle un construite par CAF et SNCF doit être réalisée fin décembre ou janvier 2025 et installée dans un showroom de Ferrocampus à Saintes pour présenter les innovations et études en cours du Telli. « Capgemini concevra un jumeau numérique du train pour aider les différents interlocuteurs à travailler ensemble. L'idée est de sortir un prototype en 2026 ou 2027 et l'intégrateur sera la société CAF », ajoute Chloé Artaud.
Le module du futur Telli pourra accueillir 80 voyageurs assis plus des places pour des personnes debout. Quatre modules pourront être raccordés pour une capacité jusqu'à 320 passagers assis. La mise en service pourrait intervenir au mieux en 2029, une échéance jugée « ambitieuse » par Jacques Berling : « Il faut que les Régions soient séduites par le cahier des charges qu'on leur fournira et qu'elles voient les gains à en tirer avec un matériel plus petit, ayant une bonne autonomie de près de 200 km, pour circuler sur les petites lignes sans caténaires où on roule actuellement au diesel. »
Les premières rames devraient circuler en Nouvelle-Aquitaine, « région très motrice pour ce projet », constate Jacques Berling. Mais « il faudrait que les Régions se décident dès 2025 pour les procédures d'appels d'offres pour ensuite choisir le constructeur qui devra faire homologuer son matériel. » Le délai pour un nouveau matériel ferroviaire est d'au moins cinq ans. Le Telli pourrait remplacer le X73500 qui arrivera en fin de vie dans les années 2030.
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