Véhicules électriques et semi-conducteurs : les nouveaux marchés du fabricant Somos

Depuis son implantation stratégique aux Etats-Unis en 2021, Somos se positionne sur les marchés d’avenir du véhicule électrique et des semi-conducteurs. L’entreprise basée à Chasseneuil-du-Poitou, dans la Vienne, fabrique des machines de polissage et de découpe. Alors que son carnet de commandes se remplit, elle s'agrandit et recrute.
Somos fabrique des machines qui permettent de réaliser des surfaces de très haute précision.
Somos fabrique des machines qui permettent de réaliser des surfaces de très haute précision. (Crédits : Région Nouvelle-Aquitaine, Françoise Roch)

Plus que centenaire, Somos s'adapte en permanence aux besoins du marché. L'entreprise basée à Chasseneuil-du-Poitou, au nord de Poitiers, conçoit et fabrique des machines dans le domaine de l'optique de haute précision pour les lasers, les capteurs dans les voitures, la défense avec historiquement des applications dans l'aéronautique et le médical. L'entreprise a lancé une première diversification dans l'horlogerie en Suisse qui restera comme le premier point d'entrée à l'international. Mais c'est l'implantation aux Etats-Unis qui s'est avérée stratégique.

« L'ancien président de Somos avait pressenti qu'il serait bon de s'y implanter durablement », rappelle Frédéric Cuillière, actuel dirigeant de l'entreprise. L'opportunité se présente finalement en 2021, date à laquelle Somos rachète l'usine Colorado Springs qui fabrique des machines de découpe et dans laquelle travaillait Frédéric Cuillière. « Cette opération avait un double objectif : disposer de plus de machines dans le portefeuille produit et d'une base aux Etats-Unis pour proposer nos produits sachant que le marché est énormissime comparativement à l'Europe. »

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L'ancien président de Somos, septuagénaire, s'installe alors aux Etats-Unis et le succès est au rendez vous. « Ce fut même un gros succès dans un contexte de réindustrialisaiton des hautes technologies post-Covid, en particulier. Parallèlement, la fin du thermique a été annoncée partout. Or, à ce moment là, les fabricants sont dépendants de la supply chain chinoise pour deux activités : les batteries et les moteurs électriques. Les Etats-Unis cherchent donc des fabricants d'aimants non chinois et le plus gros est allemand. » Somos va en bénéficier indirectement.

Un contrat avec un fabricant d'aimants pour l'auto

L'entreprise française a remporté le contrat auprès du fabricant allemand qui a signé avec un constructeur automobile. « Il a fallu faire preuve d'agilité. Nous avons élaboré un concept en 15 jours », explique Frédéric Cuillière qui juge avoir bénéficié de la conjoncture - transition, réindustrialisation, défiance chinoise - et de son implantation aux Etats-Unis. Frédéric Cuillière a aussi travaillé dans l'automobile en début de carrière. Les planètes s'alignent.

A partir de là Somos rentre dans un autre monde. « C'était un marché impénétrable, il l'est devenu », témoigne-t-il. « Jusqu'à présent nous fabriquions une quinzaine de machines par an, et nous avons une commande de 70 machines à livrer, c'est-à-dire que nous multiplions par cinq la fabrication de nos machines. Les livraisons débuteront mi-2024 et s'étendront sur une douzaine de mois », assure Frédéric Cuillière. Sachant que d'autres perspectives pourraient s'ouvrir. « Cet industriel allemand a l'ambition de monter d'autres usines en Europe ! »

Somos a aujourd'hui quadruplé sa surface de production aux Etats-Unis et triplé ses effectifs en six mois, l'équipe étant passée d'une quinzaine à une cinquantaine aujourd'hui. « Ils seront une soixantaine d'ici quelques semaines. » Des embauches sont également prévues en France où Somos emploie 45 personnes et s'agrandit également. Un déménagement est envisagé cette année à proximité de ses locaux actuels.

Vers les semi-conducteurs

Dans le même temps, Somos est engagée dans une autre course contre la montre mondiale liée aux semi-conducteurs, devenus une pièce maitresse de l'industrie. « Nous l'avons identifié comme étant un marché d'atterrissage très intéressant. L'électronique de pointe notamment pour les semi-conducteurs connait la même dynamique : une grosse dépendance envers Taïwan et la Chine et une énorme demande, notamment l'automobile électrique. Sauf que les semi-conducteurs actuellement disponibles sont mal adaptés à cette application. L'automobile a donc commencé à intégrer des semi-conducteurs non pas en silicium mais en carbure de silicium. Le carbure de silicium n'est en revanche pas du tout maitrisé et la filière industrielle n'est pas mature. »

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En ce qui la concerne, dans le cadre du développement d'une chaine de production spécifique, Somos réalise des tests pour faire de la découpe et du polissage au niveau de qualité attendu. L'entreprise travaille à adapter ses machines pour répondre aux spécificités du monde de l'électronique. « L'enjeu serait plus énorme mais il est aussi plus risqué. La matière est difficile à trouver et chère », reconnait Frédéric Cuillère. Sur ce volet, Somos investit en moyenne deux millions d'euros et a bénéficié dans ce cadre-là d'une subvention de la Région Nouvelle-Aquitaine.

L'entreprise néo-aquitaine réalise aujourd'hui 20 millions d'euros de chiffre d'affaires. « Il a triplé sur le groupe ces deux dernières années notamment avec le redressement de la filiale aux Etats-Unis. Nous sommes sur une bonne pente avec beaucoup d'enthousiasme et les moyens de faire », sourit Frédéric Cuillère.

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