Mode : Lectra rachète Launchmetrics, spécialiste du marketing numérique

Le groupe Lectra finalise le rachat de la société Launchmetrics spécialisée dans le marketing digital et basée à Paris. De quoi permettre à la marque implantée en Gironde de parachever sa mue en industrie de la coupe textile présente sur toute la chaîne de la valeur, alors que les ventes ralentissent.
Maxime Giraudeau
Lectra s'est spécialisé dans la découpe textile depuis sa création en 1973.
Lectra s'est spécialisé dans la découpe textile depuis sa création en 1973. (Crédits : Agence APPA)

C'est une opération qui consacre une stratégie initiée en 2017. Lectra, entreprise cotée en bourse, finalise cette semaine le rachat de Launchmetrics, acteur américain du marketing digital dans l'industrie de la mode. Estimé à plus de 200 millions de dollars, il s'agit du deuxième plus gros rachat en valeur pour le groupe qui emploie 3.000 personnes, dont 800 à Cestas en Gironde, après avoir absorbé son concurrent Gerber en 2021.

« Le rachat de Launchmetrics c'est un pas très significatif dans le domaine de la performance de marque et de la vente sur des sites e-commerce. Lectra a toujours été très fort sur la partie création et fabrication. Notre objectif principal désormais c'est de se renforcer dans la mode via le marketing digital », présente à La Tribune Daniel Harari, PDG de Lectra.

Une scale-up courtisée

Le rapprochement entre les deux structures a été initié début 2022, au moment où Launchmetrics est devenu rentable. Cette société créée en 2015 commercialise une plateforme cloud BtoB capable de rassembler de gigantesques bases de données sur les tendances de consommation en ligne. La scale-up emploie désormais 400 personnes dans le monde pour un chiffre d'affaires de 45 millions de dollars, un siège social aux Etats-Unis et des bureaux à Paris, d'où elle conseille les marques sur leurs campagnes marketing. En 2018, les dirigeants avaient refusé l'entrée au capital de fonds américains pour leur levée de fonds.

Avec ce rachat, Lectra veut être capable d'orienter les commandes formulées par ses clients pour les faire mieux correspondre aux goûts des consommateurs. Le groupe n'est plus seulement fournisseur de machines de découpe textile mais désormais leader d'opinion sur les tendances cycliques de la mode.

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L'acquisition va se dérouler en deux temps. Lectra devient d'ores-et-déjà détenteur de 50,3 % du capital de Launchmetrics contre 85 millions de dollars. Les parts restantes, notamment détenues par Bpifrance, seront rachetées selon les résultats à venir jusqu'en 2030. L'acheteur mise sur une croissance à deux chiffres.

Tout pour le commerce en ligne

Une opération bouclée à un moment où le secteur textile a besoin de se relancer. Le Covid a entraîné un phénomène de stockage et les commandes, qui ont connu un pic il y a deux ans, ont largement ralenti en 2023. Lectra communiquera ses résultats le 14 février mais l'on sait déjà que les commandes du groupe ont baissé de -30 % sur les trois premiers trimestres 2023.

« On s'attendait à une croissance forte alors on a augmenté les salaires. Mais on s'est retrouvé en porte-à-faux , évoque Daniel Harari. La principale raison c'est que nos clients obtiennent 40 % de crédits en moins. » Et si la fast-fashion se porte très bien, le commerce physique se voit de plus en plus délaissé au profit de la vente en ligne. La seconde main fait également son trou, avec la supercroissance de Vinted et l'arrivée de corners dédiés chez les grandes marques.

À retenir


  • 8 %

    C'est la part de l'industrie textile (vêtements et chaussures) dans les émissions mondiales de gaz à effet de serre selon l'Ademe. Avec 4 milliards de tonnes de CO2 émises, le secteur pollue davantage que le maritime et l'aérien réunis.

Un phénomène que le dirigeant de Lectra considère comme « un buzz plus qu'autre chose », malgré un marché en plein essor estimé à 105 milliards d'euros au niveau mondial. De son côté, le groupe fondé en 1973 a vu sa valorisation boursière fondre de -17 % en un an, en attendant un retour massif des commandes espéré pour le printemps.

Maxime Giraudeau

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