S'il y a des marques qui peinent voire baissent le rideaux dans le secteur de la mode et du prêt-à-porter, d'autres tirent au contraire leur épingle du jeu. C'est le cas d'Asphalte à Bordeaux qui, après six ans d'existence, a vendu près d'un million de pièces et réalise un chiffre d'affaires de 23 millions d'euros, en progression de 60 % depuis 2020 selon son dirigeant. « Il y a aujourd'hui deux phénomènes qui grossissent et s'opposent : l'ultra fast fashion et la mode responsable », explique William Hauvette, fondateur de la marque. Or Asphalte se positionne précisément sur cette deuxième tendance. Ses vêtements sont fabriqués en Europe à partir de matières premières naturelles ou recyclées. La marque mise également sur la durabilité des vêtements et fonctionne selon le modèle de la pré-commande pour éviter la surproduction.
Asphalte a commencé en 2016 avec une ligne de vêtements pour homme, puis s'est lancée fin 2021 dans la mode pour femme, réputée plus compliquée. « Le bilan est très bon puisqu'après un peu plus d'un an de présence, le marché féminin représente 10 % du chiffre d'affaires d'Asphalte. » Dans cette dynamique de croissance, l'entreprise entame désormais une nouvelle phase de son développement. Elle annonce, ce mercredi 22 mars, avoir levé cinq millions d'euros auprès de Quadia (qui a investi via le fonds Regenero Impact Fund), M Capital, le fonds régional Naco, et Kostogri. « Naco a été le premier à s'être engagé dans le tour de table, ce qui a permis de rassurer les autres fonds », salue William Hauvette.
Des performances économiques et environnementales à la loupe
Mais l'originalité tient à la conclusion d'un pacte selon lequel le management d'Asphalte verra sa part du capital varier non seulement en fonction des performances financières de l'entreprise mais aussi à ses performances environnementales.
« Cinq millions d'euros ont bien été investis en échange d'un pourcentage dans le capital de l'entreprise mais cette part pourra évoluer en fonction des performances économiques et environnementales. Un premier bilan carbone va nous donner un volume de carbone émis par la société qui sera mis en face du chiffres d'affaires, l'objectif étant de diminuer le ratio entre le carbone émis et le chiffre d'affaires. Si Asphalte réussit, les investisseurs auront moins de part. Si à l'inverse nous échouons, ils auront davantage de part, sans pour autant que cela passe du simple au double », explique William Hauvette.
Trois leviers de croissance
Il reste que cette levée de fonds va permettre à Asphalte d'accélérer sur le marché féminin avec plus d'une quinzaine de lancements prévus d'ici juillet 2023. La société qui réalise également plus de 15 % de son chiffres d'affaires en Allemagne a l'ambition de de continuer à déployer à l'international. « Pour la mode femme, nous serons plus dans de la R&D tandis que nous consacrerons un budget marketing à l'international. Notre site qui propose beaucoup de contenus est pour le moment traduit en anglais et en allemand », explique William Hauvette. Dernier levier : Asphalte va expérimenter le retail physique avec une première présence dans le Marais à Paris en avril. Cette première expérience pourrait, le cas échéant, inspirer l'ouverture d'autres points de vente physiques, éphémères ou non, dans le courant de l'année.
L'entreprise qui compte une quarantaine de salariés à revu ses prévisions de recrutement à la baisse. L'idée : grossir sans pour autant doubler les effectifs. De la même façon dans le contexte inflationniste, Asphalte explique s'adapter, anticiper avec les fournisseurs, challenger les approvisionnement, trouver des solutions parfois techniques pour gagner sur le prix de confection sans altérer la qualité.
« En parallèle de l'inflation, nous avons la chance d'avoir des volumes qui montent, donc nous sommes capables de travailler sur des économies d'échelle. Malgré tout, nos coûts ont augmenté. Nous avons répercuté un peu, mais tous nos produits ne sont pas concernés », assure William Hauvette.
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