Logement, mobilité, santé : une démarche globale pour faciliter la formation à Angoulême

REPORTAGE. Logement, mobilité, garde d'enfant, santé, numérique : le site de formation de l'Afpa (Agence nationale pour la formation professionnelle) à Angoulême s'apprête à devenir le premier « Village des solutions » de Nouvelle-Aquitaine. Cette démarche partenariale vise à faciliter la vie des stagiaires dans leur parcours d'insertion professionnelle à tous les niveaux. Elle préfigure aussi l'émergence d'un nouveau tiers-lieu.
Le centre de l'AFPA a Angoulême, en Charente.
Le centre de l'AFPA a Angoulême, en Charente. (Crédits : AFPA)

Donner accès à la culture pour éveiller la curiosité des stagiaires ? Mettre l'accent sur les droits des femmes ? Représentants de la CPAM (caisse primaire d'assurance maladie), de la CAF (Caisse d'allocation familiale), de la Capeb (Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment), du Geig (groupement d'employeurs pour l'insertion et la qualification) ou de l'Afpa (Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes)... Ils sont dix ce matin-là à s'interroger sur les projets qu'ils souhaiteraient développer ensemble.

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Une première régionale

L'AFPA d'Angoulême a en effet tenu le 16 janvier 2024 son troisième « conseil de village ». Comprendre : une réunion de gouvernance avec ses partenaires. Le centre, qui accueille 200 stagiaires par semaine et compte une quarantaine de places d'hébergement, fait en effet partie des treize sites de l'organisme de formation à avoir expérimenté en 2023 sa nouvelle stratégie. Elle consiste à transformer ses centres en « Villages des solutions ». Le site charentais devrait décrocher ce label interne d'ici février, il sera le premier en Nouvelle-Aquitaine.

« Nos publics sont souvent éloignés de l'emploi. Sans solution de mobilité, de garde d'enfant ou d'hébergement ils ne mèneraient pas à bien leur parcours de formation. Pour lever ces freins, l'idée est de proposer une offre de services qui va au-delà de nos propres métiers. Pour cela, nous nous appuyons sur des partenariats dans les domaines du logement, de la mobilité, de la garde d'enfant, de la santé, du numérique. Ce sont les cinq piliers de nos Villages des solutions », détaille Thomas Delourmel, directeur général délégué de l'Afpa.

Au centre d'Angoulême, les partenaires tiennent des permanences comme l'association Charentes Habitat Jeunes qui y organisent des ateliers tous les trimestres. Non loin du mur qu'il apprend à monter, Paul, stagiaire de 24 ans en maçonnerie, raconte avoir assisté à l'un d'entre eux il y a quelques semaines. « C'est toujours intéressant d'avoir des infos sur les démarches à suivre et les aides au logement », note-t-il.

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Construire un modèle économique

Les institutions qui ont intégré le Village des solutions trouvent également leurs comptes dans la démarche. « Cette approche partenariale nous permet d'augmenter notre force de frappe auprès des usagers que nous n'avons pas l'habitude de voir et nous fournit une vision à 360° de leurs problématiques », commente Estelle Andrieux, manageure à la CPAM de Charente.

Directrice du site charentais de formation, Muriel Richard se félicite de son côté : « Les projets montés en commun avec nos partenaires permettront de décrocher des financements. Nous réfléchissons également à réaménager notre bâtiment d'accueil pour louer des espaces de travail, bureaux ou salle de réunion ». Au delà d'un travail en réseau renforcé, c'est en effet un nouveau modèle économique qui se dessine, avec un équilibre qui reste à trouver pour chaque Village des solutions. « Ce modèle économique se construit au fil du temps et passe avant tout pas les projets », note Aurélien Gaucherand, directeur Village des Solutions et innovations territoriales à l'Afpa.

À l'instar de nombreux centres de formation, l'AFPA d'Angoulême dispose d'un riche foncier : cinq hectares en lisière de la forêt de la Braconne, où elle a pris ses quartiers dans une ancienne caserne américaine. La compagnie artistique Nomad Nomad y occupe depuis avril dernier 500 m2 pour fabriquer, stocker ses machines à pédales ou à propulsion et préparer ses spectacles. Mais elle n'est pas un simple locataire et participe aussi à la vie du « Village », en faisant découvrir ses métiers aux stagiaires ou en participant aux projets communs.

Préfigurer l'émergence d'un tiers-lieu

« En amont de la journée organisée le 7 mars pour présenter les métiers du bâtiment à un public de femmes, nous proposerons fin février une partie de notre spectacle à la fac et dans une foire pour faire connaître cet événement à des personnes qui n'auraient pas été touchées sans cela », décrit Quentin Prysbyla, directeur artistique de la compagnie. Une association de billard s'installera aussi prochainement pour accueillir ses adhérents et les stagiaires intéressés.

Au-delà de son cœur d'activité, c'est un véritable tiers-lieu qu'entend devenir le centre de formation charentais. « Je travaille d'ailleurs avec les réseaux de tiers-lieux de Charente et la Coopérative des tiers-lieux et nous allons nous positionner sur l'appel à manifestation "tiers-lieux et formation" de la Région Nouvelle-Aquitaine », souligne Anne Cleuet, cheffe de projet Village des solutions à la direction régionale de l'Afpa. Comme à Angoulême, une vingtaine de centres Afpa seront labellisés dès ce début d'année. Ils devront être suivis par l'ensemble des 116 sites de l'organisme de formation d'ici le 1er janvier 2025.

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