C'est au siège du Relais Gironde, entreprise d'insertion où 120 salariés trient chaque jour 21 tonnes de vêtements, que Thibaut Guilluy, son nouveau directeur général, est venu présenter les contours de France Travail, qui remplacera Pôle Emploi dès lundi prochain. France Travail c'est un peu sa réforme puisqu'il en a été l'architecte en tant que Haut-commissaire à l'Emploi avant d'en être nommé directeur général le 21 décembre dernier. « Le cœur de France Travail c'est la coopération entre tous les acteurs de l'emploi : l'actuel Pôle Emploi, les missions locales, les maisons de l'emploi, les CAP emploi et les structures d'insertion », explique-t-il, insistant sur « la logique de guichet unique pour les demandeurs d'emploi comme pour les entreprises particulièrement les TPE et PME ».
Objectif de plein emploi en 2027
Car si le taux de chômage, autour de 7,5 % actuellement, est attendu en hausse en 2024, l'objectif assigné par le gouvernement à France Travail est bien de contribuer à atteindre le plein emploi en 2027, soit un taux de chômage autour de 5 %. « On s'attend à une légère remontée du chômage en 2024 mais la réalité c'est qu'il y a encore énormément d'entreprises qui ont des difficultés pour recruter et énormément de métiers en tension. Seulement un tiers des TPE et PME utilisent les services de France Travail, il faut aller les voir pour faire mieux, pour doter le pays d'un service RH efficace ! », lance Thibaut Guilluy, alors qu'un processus de recrutement prend en moyenne 32 jours avant d'aboutir.
« Nous devrions gagner en rapidité, en efficacité et en proximité pour trouver les bonnes personnes à recruter sans avoir à multiplier les interlocuteurs », espère ainsi Astrid Van Waesberghe, la directrice du Relais Gironde où cinq postes sont actuellement à pourvoir au tri des vêtements, à la collecte ou en boutique.
Ce qui change avec France Travail Prévu par le projet de loi « Plein Emploi » adopté en novembre, France Travail verra le jour dès le 1er janvier 2024 pour atteindre un objectif de 5 % de chômage à l'horizon 2027, contre 7,4 % actuellement. Si les démarches d'inscription et de versement des allocations restent identiques, la nouvelle entité emporte plusieurs changements dont l'inscription automatique à France Travail des demandeurs du RSA, au plus tard le 1er janvier 2025. Inscription qui concernera aussi les personnes inscrites aux missions locales et à Cap Emploi. Les allocataires du RSA devront signer un « contrat d'engagement » prévoyant 15 heures d'activités par semaine et un régime gradué de sanctions jusqu'à la suspension et radiation. Les contrôles seront également plus nombreux tandis que tous les acteurs de l'emploi sont appelés à jouer collectif sous la houlette de Pôle Emploi, devenu France Travail.
Pour tenir cette promesse, l'enjeu est donc de mobiliser les 55.000 salariés de Pôle Emploi et les 100.000 autres acteurs de l'emploi autour d'une logique de coopération et de partage des données. Et cela devra passer par la promesse du « dites-le nous une fois » pour simplifier les démarches des recruteurs comme des demandeurs d'emplois. Mais ces systèmes d'informations partagés devront aussi permettre de faciliter et massifier les contrôles. Notamment via le « contrat d'engagement » imposant 15 heures d'activités par semaine aux allocataires du RSA, un dispositif polémique et contesté par les syndicats.
« Du sur-mesure à grande échelle »
« L'objectif c'est de simplifier la vie des gens », rétorque le patron de France Travail. « Les allocataires auront moins de justificatifs à donner et cela fera gagner du temps à tout le monde. Et une fois qu'on a versé l'allocation de 600 euros, on n'a pas fait le travail d'accompagnement, il faut être plus efficace puisque seulement 11% des allocataires du RSA réussissent à retrouver un emploi stable après sept ans. »
Il est notamment prévu d'inscrire automatiquement à France Travail les demandeurs du RSA d'ici 2025 pour généraliser ces contrats d'engagement. « Les heures d'activité permettront un accompagnement plus intensif et régulier que les trois contacts annuels actuellement. L'objectif c'est de faire un accompagnement sur-mesure à grande échelle, c'est comme cela qu'on atteindra le plein emploi », assure Thibaut Guilluy.
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