L'aéronautique et le spatial face à un besoin de main d’œuvre colossal dans le Sud-Ouest

Mandaté par l'État dans le cadre de France 2030, Aerospace Valley a réalisé deux diagnostics sur les besoins de la filière aérospatiale en Occitanie et en Nouvelle-Aquitaine. Le pôle de compétitivité a présenté les résultats de ces études ce mardi 16 janvier à Bordeaux à l'occasion de sa conférence annuelle. Ils font état de besoins en recrutement importants et pérennes et de compétences inédites dans les dix prochaines années.
Le besoin est estimé à 10.000 recrutements par an pendant dix ans en Occitanie et Nouvelle-Aquitaine dans la filière aéronautique et spatiale. Ici, un salarié d'Optima Aero, à Anglet (Pyrénées-Atlantiques).
Le besoin est estimé à 10.000 recrutements par an pendant dix ans en Occitanie et Nouvelle-Aquitaine dans la filière aéronautique et spatiale. Ici, un salarié d'Optima Aero, à Anglet (Pyrénées-Atlantiques). (Crédits : Optima Aero)

« Dans le Grand Sud-Ouest, nous attendons 5.000 nouveaux emplois par an sur dix ans, soit 10.000 recrutements dans la mesure où des salariés partiront », dévoile Bruno Darboux, président du pôle de compétitivité Aerospace Valley dédié aux filières aéronautiques et spatiales en Occitanie et Nouvelle-Aquitaine.

« Les besoins en recrutement seront conséquents de manière pérenne. En la matière, le pôle est à la manœuvre pour s'assurer que nous saurons garantir la pérennité de nos filières par le recrutement des bonnes compétences pour préparer l'avenir », ajoute-t-il.

C'est dans cette perspective que le pôle a piloté la réalisation de deux diagnostics sur les filières aéronautique et spatial. Le but : fournir à tous les organismes de formation situés sur le territoire d'Aerospace Valley les éléments nécessaires à la construction de parcours de formation innovants et adaptés aux attentes des deux filières et aux futurs enjeux du secteur.

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Des effectifs en croissance

À date, le secteur aéronautique représente 108.000 salariés sur les deux régions ce qui représente 39 % des emplois de la filière nationale. Si la production est l'activité la plus représentée (32%), le secteur de la R&D est celui qui augmente le plus, avec +4 % par an. Selon les scenarii envisagés (entre voler plus vert et voler moins), les effectifs seront en croissance de +24 % à +47 % d'ici 2035. 30.000 emplois pourraient être dédiés à l'avion bas carbone à partir de 2030.

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Le spatial représente, quant à lui, plus de 23.000 salariés sur les deux régions, soit plus de 60 % des emplois de la filière nationale et 40 % de la filière européenne. 29 acteurs du New Space y sont implantés. Entre ce que pensent les industriels plutôt prudents et les analyses de marché qui tablent sur une explosion, les taux de croissance sont compris entre +21 % et +80% d'ici 2035.

« La vérité se situera probablement entre les deux, mais ce qu'il faut retenir c'est qu'il y a pour le spatial comme pour l'aéronautique des enjeux de recrutement et de formation extrêmement forts ! À noter que dans le spatial, les seniors de plus de 56 ans représentent 25 % des effectifs des grands groupes », souligne Yoann Ducuing, directeur délégué aux services et solutions de formation chez Aerospace Valley.

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Aerospace Valley

De gauche à droite, Yoann Ducuing, directeur délégué aux services et solutions de formation, Bruno Darboux, président, et Eric Giraud, directeur général chez Aerospace Valley. (crédits : HL / La Tribune)

Dans l'aéronautique, parmi les compétences attendues certaines seront inédites pour le secteur entre la chimie, la cryogénie, la climatologie, la météorologie, la haute tension ou encore l'électronique de puissance. Des compétences seront également à acquérir pour intégrer les enjeux socio-économiques et l'impact des choix technologiques sur l'environnement. Dans le spatial, de nouveaux métiers émergeront. Parmi eux, celui d'écologue ou de pentesteur/hacker, dans le domaine clef de la cybersécurité.

Des projets de formation à initier

Dans le cadre de ces diagnostics, plus de 360 formations spécialisées ont été recensées dans les deux régions dont 250 en Occitanie et 110 en Nouvelle-Aquitaine. 75 % sont consacrées à l'aéronautique et 25 % au spatial. 830 formations généralistes ont par ailleurs été répertoriées comme pouvant être utiles aux enjeux RH des deux filières dont 390 en Nouvelle-Aquitaine.

« S'ouvre désormais une étape de création de dispositifs de formation. Sur ce volet, le rôle du pôle consiste à favoriser l'émergence de projets de formation dimensionnant et fédérateurs sur nos territoires. Nous alertons les écoles, et quand les projets sont en cours de montage, le pôle s'assure du respect des diagnostics et est attentif au respect des besoins de la filière. Plusieurs projets bi-régionaux sont actuellement en cours de montage », explique Yoann Ducuing.

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Dans le cadre de l'appel à manifestation d'intérêt Compétences et métiers d'avenir de France 2030 dont Aeropace Valley est lauréat, l'État mobilise deux milliards d'euros pour accélérer le montage ou l'adaptation de formations existantes aux besoins de compétences des nouvelles filières et des métiers d'avenir.

« Tout ne sera pas pour l'aéronautique et le spatial ni même pour le grand Sud-Ouest, mais nous sommes en train d'aller chercher plusieurs dizaines de millions d'euros de financement public. Ce n'est pas rien mais c'est le nerf de la guerre de la bataille à venir sur l'aéronautique et le spatial. La bataille est mondiale ! », insiste Bruno Darboux.

Aerospace Valley a accompagné 142 projets d'innovation sur un an

Composé de 865 membres dont 591 PME, Aerospace Valley qui est le premier pôle de compétitivité européen de la filière Aéronautique, espace et drones a accompagné 142 projets d'innovation entre juillet 2022 et juin 2023. « Cela représente une grosse année », reconnait Bruno Darboux. Parmi ces projets, 52 ont été financés par des fonds publics régionaux, nationaux et européens à hauteur de 85 millions d'euros d'aide. En 2024, au-delà de l'enjeu des compétences, le pôle s'est fixé des priorités par filière, l'une étant commune à toutes. Il s'agira pour l'espace et les drones d'innover au service de la planète ou au service de la décarbonation du transport concernant l'aéronautique.

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