L'aéronautique en forte croissance dans le Sud-Ouest malgré la crise de recrutement

Le chiffre d'affaires de la filière aéronautique d'Occitanie et de Nouvelle-Aquitaine a bondi de 20 % en 2022 selon une enquête de l'Insee en partenariat avec Aerospace Valley. Une croissance éclatante qui n'a d'égal que le niveau des difficultés de recrutement généralisées à presque toutes les entreprises.
Maxime Giraudeau
Dans le Sud-Ouest, l'aéronautique est représenté avec les sites de Dassault à Mérignac, comme ici à l'image, ou d'Airbus à Toulouse.
Dans le Sud-Ouest, l'aéronautique est représenté avec les sites de Dassault à Mérignac, comme ici à l'image, ou d'Airbus à Toulouse. (Crédits : Dassault)

La reprise s'est faite attendre mais elle a bien eu lieu. Après avoir perdu près de 9.000 emplois en 2020 et une relance progressive, la filière aéronautique du Grand Sud-Ouest renoue avec la fortune. En 2022, le secteur a dépassé les 100 milliards d'euros de chiffre d'affaires entre les régions Occitanie, qui pèse pour 70 % des emplois, et la Nouvelle-Aquitaine. Un résultat en hausse de 20 %, bien au-delà donc de l'inflation.

« Cette montée en cadence concerne la quasi-totalité des secteurs de la filière », indique l'Insee dans son enquête annuelle menée de mars à juillet auprès de 2.500 établissements. Seule l'industrie spatiale fait exception avec un recul de 2 % en chiffre d'affaires. Du reste, la reprise économique et le renouveau des carnets de commande ont distillé leurs effets. « Le taux d'utilisation des capacités de production des entreprises industrielles augmente de six points sur un an pour atteindre 82 % en 2022. Il ne retrouve toutefois pas son niveau d'avant-crise du fait d'une activité industrielle en progression sans néanmoins fonctionner à pleine capacité. »

86 % des entreprises en difficulté de recrutement

Dans l'aéronautique, tous les segments ont connu la croissance en 2022, tant pour l'industrie, avec une hausse record de 31 % pour la métallurgie, que pour le tertiaire. Les 1.300 entreprises de l'aérospatial dans le Grand Sud-Ouest pèsent désormais 112,6 milliards d'euros de chiffre d'affaires. À titre de comparaison, l'agriculture française représentait 96 milliards la même année.

Mais si les usines ne tournent pas à plein régime, c'est pour deux raisons principales. La demande est bien repartie mais les fabricants ont tout d'abord été touchés par la hausse des prix des matières premières et des pièces. Plus de la moitié des constructeurs, des équipementiers et des métallurgistes ont cité le coût des matières comme problématique majeure rencontrée l'an passé. Les problèmes d'approvisionnement se généralisent également puisque la moitié des industriels disent en rencontrer, contre 44 % en 2021.

Les difficultés de recrutement sont l'autre point noir de la filière. Un problème plus persistant qui concerne désormais 86 % des entreprises qui ont ouvert des postes en 2022. Soit huit points de plus que l'année précédente. Et ce, quel que soit le profil de l'entreprise. « Ces difficultés croissantes de recrutement sont liées à l'absence de candidats pour 90 % des entreprises. Elles évoquent ensuite la forte concurrence avec d'autres entreprises du même bassin d'emploi (70 %). Les autres motifs, comme un décalage entre le profil des candidatures et le poste ou la localisation de l'entreprise, sont nettement moins fréquents », décrypte l'Insee.

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L'attention portée sur les sous-traitants

Et pourtant, à la tête des PME comme des grands groupes, l'on affiche des perspectives de recrutement élevées pour cette année et les suivantes. Entre le lancement de la ligne de production de l'A320 chez Airbus, les cadences doublées chez Dassault pour le Rafale et les initiatives pour une aviation moins carbonée, la filière est en ébullition. Dans cette industrie qui regorge de savoir-faire, c'est bien la main d'œuvre qui s'impose comme le juge de paix.

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Si l'Occitanie est parvenue à recouvrer les emplois perdus durant la crise Covid, la Nouvelle-Aquitaine affiche toujours un déficit de 4 % par rapport à 2019. Certains bassins se démarquent. « L'emploi dédié à la filière continue de croître à un rythme soutenu dans la zone de Tarbes-Lourdes (+9 %), stimulé par le rebond d'activité chez le constructeur Daher Aerospace. L'emploi se redresse nettement dans les zones de Foix-Pamiers, Châtellerault, Pau (+7 %) ainsi que dans celle de Figeac (+4 %) qui dépend à plus de 16 % de la filière aérospatiale. Ailleurs, l'emploi progresse plus modérément ou stagne, excepté dans les zones de Niort, de Marmande, de Cognac et d'Auch où il diminue légèrement », apprend-on.

Le top cinq des bassins d'emploi où l'aéronautique est le plus représenté est dominé par les deux pôles occitans Figeac-Villefranche (17 % d'emploi aéronautique sur le bassin) et Toulouse (16,3 % avec 70.000 emplois). Suivent Oloron-Sainte-Marie (12,4 %), Rochefort (10,7 %) et Châtellerault (10,4 %). Un tissu largement composé de sous-traitants, avec des PME et plus rarement des ETI, qui se voit encore pénalisé par la crise Covid. Un maillon crucial pour assurer la suite de la reprise, tant du point de vue de la production que de l'emploi dans les territoires.

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Maxime Giraudeau

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Commentaires 2
à écrit le 21/12/2023 à 8:21
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Étonnant cette article pour ma part j'ai réussit deux tests MRS avec brio malgré tout ma candidature n a pas été retenue

le 28/12/2023 à 11:34
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Etes vous "100% français" (non-binational) ? Il y a une enquête de "sécurité" pour chaque embauche avec le ministère de la défense (DRSD) ... vous devez tout nettoyer ...

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