« Le gouvernement est sourd face à la crise du logement »

INTERVIEW. « Sur le plan de la rénovation énergétique des logements, ce budget 2024 est ahurissant ! », s'étrangle Muriel Boulmier, la présidente de l'Union régionale des organismes HLM de Nouvelle-Aquitaine, alors que le congrès de l'Union sociale pour l'habitat s'ouvre à Nantes ce mardi. « Le gouvernement est sourd face à la crise du logement », déplore la dirigeante.
« En Nouvelle-Aquitaine, on a en 2023 une programmation de moins de 9.000 nouveaux logements sociaux ! C'est très faible en comparaison des 11.000 logements annuels avant le Covid », alerte Muriel Boulmier, la présidente de l'Union régionale HLM.
« En Nouvelle-Aquitaine, on a en 2023 une programmation de moins de 9.000 nouveaux logements sociaux ! C'est très faible en comparaison des 11.000 logements annuels avant le Covid », alerte Muriel Boulmier, la présidente de l'Union régionale HLM. (Crédits : Union HLM)

LA TRIBUNE - Quelle est la situation du logement social en Nouvelle-Aquitaine en cette rentrée 2023 ?

MURIEL BOULMIER - Le contexte est difficile pour les organismes HLM comme pour tous les acteurs du logement. On a le sentiment que le gouvernement est sourd face à la crise du logement et aux attentes des populations. Pour le logement social, la crise est importante car l'effondrement de la construction de logements neufs entrave la mobilité résidentielle : avec l'inflation et la baisse du pouvoir d'achat, les locataires du parc social n'en sortent plus ! Dans ce contexte, on a en 2023 une programmation de moins de 9.000 nouveaux logements sociaux ! C'est très faible en comparaison des 11.000 logements annuels d'avant le Covid.

Le problème c'est qu'à l'autre bout de la chaîne, il y a des demandes toujours plus nombreuses d'entrer dans le parc social. Au niveau régional, on a 172.000 demandes de logements sociaux en attente, contre 139.000 il y a trois ans. À Bordeaux Métropole, on est à 47.000 contre 42.000 en 2020... C'est une véritable embolie, particulièrement dans l'agglomération bordelaise et sur la côte basque.

Lire aussiLogement social : le cri d'alarme des bailleurs sociaux

Quelles sont les racines du problème ?

Le taux du livret A, sur lequel sont assis ceux des prêts aux organismes HLM, a été multiplié par près de sept tandis que les loyers que nous percevons sont encadrés, et c'est bien normal. Mais parallèlement, la réduction de loyer de solidarité (RLS) imposée par l'Etat est maintenue alors que demandions qu'elle soit amoindrie ou suspendue le temps que le taux du livret A redescende. Pour la Nouvelle-Aquitaine, cela représente 10 % de notre capacité annuelle d'investissement alors même que les coûts de construction s'accroissent !

L'Etat se désengage depuis des années du logement social et la situation est bloquée malgré les aides des collectivités locales, qui perçoivent bien que le logement est un ferment d'agitation sociale pour leurs habitants, leurs salariés et leurs entreprises. Concrètement, l'équilibre des opérations est complètement remis en cause à tel point que nous avons environ 6.000 logements prévus mais qui ne peuvent sortir de terre en l'état. Et les sommes que nous investissons pour débloquer ces projets ne servent plus à financer de nouvelles opérations.

Face à ce blocage, quel est votre réaction vis-à-vis du contenu du projet de budget pour 2024 ?

Thomas Cazenave a toujours montré un intérêt pour le logement mais maintenant qu'il est ministre du Budget on attend des preuves ! Le représentant du gouvernement sera attendu de pied ferme par les professionnels du logement social lors du congrès de l'Union sociale pour l'habitat. Ce que je note de positif dans ce budget c'est la petite augmentation des APL. Ensuite, la prolongation du prêt à taux zéro c'est bien mais il est recentré sur les zones tendues. Croire qu'il n'y a des problèmes de logements que dans les zones tendues est une illusion, il faut donc revoir ce point.

Enfin, sur le plan de la rénovation énergétique, ce budget 2024 est ahurissant ! On sait tous que nous avons un impératif commun de diminuer nos émissions de gaz à effet de serre. Or, ce budget supprime les 700 millions d'euros prévus au niveau national pour la rénovation énergétique ! 700 millions sur trois ans ce n'était pas suffisant mais c'était déjà ça. La conséquence c'est que les organismes HLM vont devoir arbitrer leurs investissements entre rénovation et construction alors que la stratégie nationale bas carbone nous impose de réhabiliter 8.000 logements par an rien qu'en Nouvelle-Aquitaine !

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Commentaires 14
à écrit le 03/10/2023 à 17:20
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notez quand meme que beaucoup de propriétaires n'osent plus louer On a fait trop de concessions aux mauvais locataires au detriment des bons

à écrit le 03/10/2023 à 16:30
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Cette dame pense qu'elle et ses copains vont continuer indéfiniment à construire de nouveaux logements ??? Elle semble être en âge d'avoir vu "Blade runner", peut-elle imaginer que nous continuions indéfiniment à bétonner ?

le 03/10/2023 à 18:02
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Oui, elle ne se pose pas la question de vendre plus d'appartements aux locataires pour se financer. Et elle ne s'interroge pas sur le fait que l'augmentation de la demande est injustifié par la démographie intérieure du pays et que le seul espoir d'...

à écrit le 03/10/2023 à 11:58
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Lorsque l'on connait qui possède quoi, il n'est pas difficile de comprendre que la capitalisation des fortunes de l'immobilier se fait par le manque, pujisque cela permet de faire monter lee prix ! comme tous les hasards d'un pays centralisé, est qu...

le 03/10/2023 à 16:31
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LFI qui prend un faux-nez "gonzague" ?

à écrit le 03/10/2023 à 10:17
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Le gouvernement n´est pas sourd face à la crise du logement : c´est une volonté de fer de Macron d´empêcher que les Français investissent dans l´immobilier. Le but est, comme les entreprises qui vendent leur immobilier à des grands groupes financiers...

à écrit le 03/10/2023 à 9:55
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« Le gouvernement est sourd face à la crise du logement » Pourtant , Olivier Véran, porte-parole du gouvernement et ministre délégué chargé du Renouveau démocratique ! , a annoncé le lancement de l'application Agora jeudi dernier pour "consulter" ...

à écrit le 03/10/2023 à 8:55
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Rajoutons pour charger la barque le ZAN qui participe à la pénurie de logements et à l'augmentation du prix de la construction.

à écrit le 03/10/2023 à 8:32
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Cela permet de conserver un prix de l'immobilier élevé malgré des taux d'intérêts qui s'envolent.

le 03/10/2023 à 9:58
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On assiste à une expropriation en sourdine des français de leur territoire. La france va devenir un sanctuaire pour riches monarques et dictateurs qui ont déjà achetés leurs résidences chez nous, et qui importent leur mains d'oeuvre pour les servir q...

le 03/10/2023 à 10:08
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En effet, cela ressemble un peu à ça l'idée, enfin quand on l'observe en train de se mettre en place. Notre classe dirigeante n'en a rien à faire de notre productivité ou croissance économique leur unique objectif est que nous restions asservis pour ...

le 03/10/2023 à 16:35
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Nous artificialisons l'équivalent d'un département français tous les 10 ans et les espaces non construits font 50% de la surface de la France. En d'autres termes, dans 400 ans il n'y a plus une pâquerette en France. Faut ouvrir les yeux !

le 04/10/2023 à 8:41
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Je vois presque autant de constructions sur des espaces naturels qu'avant, pire je vois même des espaces naturels artificialisés par des espaces "naturels" ! Donc tirer une conclusion enthousiaste pour l'instant n'est pas raisonnable nous sommes en p...

à écrit le 03/10/2023 à 8:06
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Ne serait ce justement pas le moment de mettre un grand coup de hache dans le systeme HLM ? Que l'USH et consorts cessent enfin ses coups de pression des qu'il n'ont pas tout ce qu'ils veulent.

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