Un salon de l'immobilier à Bordeaux pour conjurer le mauvais sort

Le « Salon de l'immo » s'ouvre à Bordeaux pour trois jours sur fond de crise profonde du logement neuf frappé par une baisse de 30 % des mises en chantier. Avec cet évènement au format élargi, la Fédération des promoteurs immobiliers et ses partenaires espèrent prouver aux pouvoirs publics que la demande des acquéreurs est bien là mais qu'elle reste étranglée par l'accès au crédit. Avant un coup de gueule interprofessionnel prévu la semaine prochaine pour alerter sur « le risque d'une crise majeure ».
Alors que le Salon de l'immobilier se tient à Bordeaux du 29 septembre au 1er octobre, le nombre de mise en chantiers de logements est en recul d'environ 30 % sur un an en Gironde comme en France.
Alors que le Salon de l'immobilier se tient à Bordeaux du 29 septembre au 1er octobre, le nombre de mise en chantiers de logements est en recul d'environ 30 % sur un an en Gironde comme en France. (Crédits : Agence APPA)

Le « Salon de l'immo » de Bordeaux se tient au Hangar 14 du 29 septembre au 1er octobre. De quoi redonner un peu de baume au cœur des professionnels du logement neuf ? Ces derniers ont en effet le moral dans les chaussettes quand il n'est pas au 3e sous-sol. « Le moral des promoteurs et de toute la filière est assez bas », euphémise Pierre Vital, le président de la Fédération des promoteurs immobiliers de Nouvelle-Aquitaine. « Parce qu'on dépense beaucoup d'énergie en local et au national pour demander des mesures de soutien mais qu'on n'est absolument pas entendu par le gouvernement ni par le Parlement ! Nous sommes usés et agacés... ».

Le logement neuf est pourtant dans le rouge écarlate avec un nombre de logements mis en chantier en Gironde qui dévisse à nouveau de 32 % sur un an à la fin août 2023. Une tendance identique au niveau national qui place le marché au plus bas depuis 2014. En cause ? L'inflation galopante et la multiplication par quatre en 18 mois des taux des crédits immobiliers.

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« 4.000 visiteurs attendus »

Résultat, « à peine 8.200 logements nouveaux sont disponibles par an quand ce sont plus de 15.000 nouveaux habitants qui arrivent annuellement sur le territoire », regrette la Fédération française du bâtiment de Gironde. Main dans la main, la FFB et la FPI réclament un élargissement du prêt à taux zéro et un assouplissement de l'accès au crédit pour les acquéreurs comme pour les investisseurs. Un vœu pieux puisque ces deux leviers de solvabilisation des acquéreurs viennent à nouveau d'être retoqués cette semaine par le gouvernement dans le budget pour 2024 et par le Haut Conseil de stabilité financière.

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Malgré tout, les organisateurs bordelais du Salon de l'immobilier restent volontaristes. Le traditionnel salon du logement neuf de la FPI laisse ainsi la place à une format élargi à la FFB de Gironde, aux lots à bâtir et aux constructeurs de maisons individuelles, très mal en point, tout en proposant davantage de conférences thématiques. « Nous avons bon espoir de voir de nombreux acquéreurs potentiels et nous attendons 4.000 visiteurs ce weekend ! », assure ainsi Pierre Vital, qui rappelle qu'actuellement un acquéreur sur deux est contraint de renoncer à son projet faute d'obtenir un crédit bancaire.

« La priorité c'est l'accès au crédit »

Pour trouver un relais d'activité, les professionnels se tournent progressivement vers la rénovation et la réhabilitation, dont l'activité est dynamique, et la commande publique. D'autres pistes sont explorées pour faire baisser les coûts ou développer l'offre : densité des programmes, pré-fabrication hors site de certains modules, bail réel solidaire qui permet de dissocier foncier et bâti, utilisation de nouveaux matériaux plus efficient,  surélévation, transformation de bureaux en logements, ou tout simplement des ristournes significatives pour trouver preneur...

« Tout cela c'est très bien mais ce sont des solutions de moyen et long terme pour qu'on puisse les massifier. Ne prenons pas le problème à l'envers : la seule priorité aujourd'hui c'est la solvabilisation des ménages et donc l'accès au crédit bancaire ! », tranche cependant Pierre Vital.

Désormais réunie au sein d'une large démarche interprofessionnelle, la filière régionale souhaite rencontrer rapidement le ministre du Budget, le Girondin Thomas Cazenave. La FPI, la FFB, l'Union régionale HLM, les bureaux d'étude (Aria), les professionnels de l'immobilier ancien (Fnaim) mais aussi le Medef et la CPME prévoient de pousser ensemble un large coup de gueule la semaine prochaine.

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20.000 emplois menacés en Nouvelle-Aquitaine ?

L'heure est au non-remplacement des départs, au gel des recrutements et déjà aux plans sociaux ciblés mais la situation pourrait s'aggraver dans les 18 mois. Selon la FPI, jusqu'à 300.000 emplois sont menacés en France dans la filière du bâtiment et dans les métiers qui gravitent autour (bureaux d'études, promoteurs, assureurs). En Nouvelle-Aquitaine, cela représente autour de 20.000 emplois. De son côté, la Banque de France se montre bien moins alarmiste soulignant « le potentiel de chantiers et les carnets de commande encore généreusement garnis des entreprises de la construction » même si elle note les grosses difficultés du logement neuf qui pèse fortement sur les marges des opérateurs et devrait entraîner une hausse du nombre de défaillances d'entreprises.

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