2022 aura été l'année des premiers clients, 2023 celle du lancement du marché pour Ouidrop. « Nous ne sommes plus dans la preuve de concept mais dans la commercialisation du produit », assure Thibault Soulier. Il est le président-fondateur de cette entreprise bordelaise spécialisée dans le développement de solutions robotisées pour optimiser le dépôt et retrait de colis. Ouidrop a réalisé ses premières livraisons fin 2022 et vise l'installation de vingt à trente machines d'ici à 2024. « L'une d'elles est présente au Forum des Halles à Paris, et nous allons accélérer dans le cadre d'un partenariat avec La Poste pour qui nous allons installer des stations dès l'automne », annonce Thibault Soulier.

Un système à distinguer de « l'armoire locker connectée »

Cette machine baptisé le Dropper est un système de casiers robotisés à distinguer des « armoires locker connectées » très répandues depuis ces cinq dernières années.

« Dans les armoires que nous connaissons, chaque colis est positionné derrière une porte qui s'ouvre au moyen d'un code et se referme. Ce type de station nécessite un linéaire important, 5 à 6 mètres en général pour un maximum de 150 colis. Elles sont saturées. Avec Ouidrop, nous proposons un système de bras robotisé qui déplace le casier ce qui permet de mettre beaucoup de colis. Selon la taille du dropper, il est possible de stocker 100 à 1.500 colis. Le prix de départ est plus cher mais revenu au nombre de colis, c'est moins cher », témoigne Thibault Soulier sans révéler le montant de l'investissement nécessaire.« Cela dépend de la taille et de la configuration choisies car nous pouvons proposer des stations composées de trois espaces, pour le sec, le frais et le surgelé », explique-t-il.

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Le modèle économique repose sur la vente du produit, auquel s'ajoute le paiement d'un service de maintenance annuel. Ouidrop a d'ores et déjà signé avec le Groupe La Poste, Unibail-Rodamco-Westfield ou encore FM Logistic. Elle s'est fixée pour objectif de signer avec chaque enseigne de la grande distribution d'ici 2024.

Un marché à 1,5 milliard en France

Ouidrop va donc accélérer la production de machines. Objectif : en sortir quatre par mois en 2024, puis dix en 2025 contre 1,5 appareil aujourd'hui. Alors que le marché de la livraison de colis pèse 1,5 milliard d'euros en France, en comptant le click and collect et le drive alimentaire, la société bordelaise a décidé de mettre les bouchées doubles pour industrialiser sa solution. C'est dans ce contexte qu'elle a levé, cet été, deux millions d'euros auprès de Spring Invest, société de capital investissement européenne dédiée au futur du commerce, Better Angle et Nicolas Bensignor. Ouidrop qui emploie actuellement une douzaine de personnes prévoit le recrutement d'une vingtaine de collaborateurs d'ici 2025, des profils de commerciaux et techniques pour l'assemblage et l'ingénierie. Mis à part l'électronique, Ouidrop se fournit en Nouvelle-Aquitaine et plus largement en France tandis que l'assemblage est réalisé à Bordeaux.

« Nous sommes confrontés à une augmentation considérable du volume de colis et à un enjeu clé autour du dernier kilomètre pour le secteur du e-commerce : les nouveaux comportements d'achat génèrent une augmentation du nombre de livraisons. Les colis sont désormais envoyés de manière plus fragmentée, ce qui rend difficile la consolidation des flux de livraison et augmente les coûts de transport. Cela a particulièrement un impact négatif sur le dernier tronçon de livraison, qui consiste à acheminer les colis jusqu'aux domiciles des destinataires. Ouidrop a été conçu pour répondre à ces problématiques », explique Thibault Soulier.

Ouidrop compte deux concurrents en Europe, en Pologne et en Estonie.