Logistique urbaine : une nouvelle stratégie tous azimuts à Bordeaux Métropole

La Métropole de Bordeaux vient d'adopter à l'unanimité une nouvelle feuille de route dédiée au développement encadré de la logistique urbaine. Régulation des poids-lourds, essor de la cyclo-livraison, relance du fret fluvial et ferroviaire : l'agglomération veut soutenir une diversité de modes, tous exposés à des difficultés.
Maxime Giraudeau
La feuille de route de Bordeaux Métropole veut notamment développer des zones mutualisées entre opérateurs pour récupérer les colis à livrer.
La feuille de route de Bordeaux Métropole veut notamment développer des zones mutualisées entre opérateurs pour récupérer les colis à livrer. (Crédits : Olivier Mirguet)

Il y a historiquement beaucoup de sujets qui font consensus à Bordeaux Métropole. Mais comme c'est moins le cas depuis la fin de la cogestion avec l'arrivée d'une majorité de gauche en 2020, le consensus autour de la logistique urbaine mérite d'être souligné. Ce vendredi 26 mai, les élus métropolitains ont approuvé à l'unanimité, en dépit de l'abstention de Philippe Poutou, la nouvelle feuille de route dédiée à la gestion des flux de marchandises dans la métropole.

« L'agglomération a toujours été en avance sur ce sujet et nous allons continuer à l'être », illustre ainsi Clément Rossignol-Puech, maire écologiste de Bègles et vice-président de Bordeaux Métropole. « Nous devons travailler sur la décroissance des flux de marchandises. Nous devons aussi être champions de la cyclo-logistique, accélérer la livraison écologique et favoriser les véhicules zéro ou faibles émissions. »

Loin d'être cantonnée à la route, la stratégie se penche sur une diversité de modes : l'accélération du vélo, la relance du fret fluvial et ferroviaire, la place des poids-lourds comme grand enjeu avec l'arrivée de la ZFE en 2025. Tous ces transports sont analysés à travers quatre axes que sont l'intégration des flux dans l'espace public, la décarbonation, l'aménagement foncier et la gouvernance.

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Tracer la voie pour les poids-lourds

Les poids-lourds vont faire l'objet de deux expérimentations. La première portera sur la circulation dans l'optique de créer des continuités d'itinéraire entre les communes à travers une uniformisation des règles. La seconde se tiendra sur des aires de livraison dans le but d'améliorer la sécurité des flux et d'augmenter leur efficacité. Par ailleurs, les règles de livraison dans les zones piétonnes de la ville centre seront étendues à un plus grand nombre de transporteurs, notamment en ce qui concerne les plages horaires. L'Union des entreprises de transport et logistique de France sera la principal syndicat représentatif qui participera à ces expérimentations à mener dès cette année.

« Il faut avoir une cohérence intercommunale sur les itinéraires et les autorisations de circulation ! Et faire qu'elle soit en cohérence aussi avec les intercommunalités qui nous entourent », intervient Christophe Duprat, maire de Saint-Aubin-de-Médoc, membre de l'opposition centriste et de droite métropolitaine. Des dispositifs d'aides financières sont également évoqués par la feuille de route pour renouveler les flottes de véhicules utilitaires et poids-lourds, dans le cadre de l'arrivée de la ZFE. Une manne financière serait également débloquée pour pousser les entreprises au report modal vers les modes doux, alors que les organisations professionnelles ont exprimé leurs craintes quant à l'arrivée de la réglementation.

Donner un coup de pédale au vélo

Pour soutenir l'essor des livraisons en vélo-cargo, déjà dopé par une convention de la ville Bordeaux et la Métropole avec le groupe La Poste, un micro-hub va être expérimenté. Il se matérialisera par une plateforme de transmission des colis entre véhicules lourds et vélos directement sur l'espace public de la ville centre. « L'objectif sera de le pérenniser et de le reproduire », évoque le maire de Bordeaux Pierre Hurmic.

Pour favoriser l'implantation d'acteurs de la cyclo-livraison, la Métropole envisage la création d'espaces logistiques urbains, aux contours encore flous, mais qui puissent conseiller les acteurs de la chaîne. De façon plus large, la question du foncier se pose pour tous les supports logistiques. La feuille de route prévoit d'identifier les sites à haut potentiel et encourage l'évolution des PLU pour accueillir ces activités.

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Le fret, juste pour la forme ?

La Métropole s'engage enfin sur la relance du fret, à la fois fluvial et ferroviaire. Côté fleuve, des expérimentations ont déjà été lancées à l'automne pour développer des équipements de manutention sur les quais de la Garonne. Mais pour l'instant, aucun partenaire n'a été identifié pour y développer une activité. La collectivité compte sur le faible impact environnemental de ce mode pour convaincre des entreprises de monter à bord.

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Il faudra également persuader la SNCF, du côté du fret ferroviaire, si la feuille de route veut tenir ses ambitions. Un enjeu que la Métropole présente comme une opportunité, mais qui est aborde très brièvement dans le document cadre. Sur le territoire, le souhait de soutenir le fret ferroviaire renvoie immédiatement à gare d'Hourcade au sud de Bordeaux, un site de plus de 50 hectares d'une capacité de transit de 3.000 wagons quotidiens. « Organisons une table ronde avec l'ensemble des acteurs de la SNCF pour relancer cette plateforme dont nous avons cruellement besoin ! », exhorte Clément Rossignol-Puech.

Une incantation à laquelle nombre d'élus ne croient plus. « Je me demande si c'est encore une énième évocation du devenir du site d'Hourcade, j'ai de sincères doutes », émet Patrick Pujol, conseiller métropolitain et ancien maire de Villenave d'Ornon jusqu'en mars dernier. Des interrogations qui pourront s'exprimer lors des réunions de gouvernance dédiés à la logistique métropolitaine. La feuille de route prévoit en effet la tenue de comités techniques chaque trimestre et de comités de pilotage annuels. L'ensemble des engagements actés par les élus se déploieront progressivement jusqu'en 2025, soit un an avant la fin de leur mandat.

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Maxime Giraudeau

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