Les supérettes en libre-service d'API débarquent dans les campagnes girondines

C'est une première en Gironde pour la jeune société API qui vient d'installer une supérette en libre-service dans le village de Lagorce. Une quinzième inauguration en moins d'un an qui vise à recréer un service alimentaire de proximité dans des campagnes où les commerces disparaissent. De quoi éprouver un nouveau modèle de distribution que les maires s'arrachent.
Maxime Giraudeau
API a inauguré ce 4 août sa première supérette libre-service en Gironde.
API a inauguré ce 4 août sa première supérette libre-service en Gironde. (Crédits : MG / La Tribune)

Prenez une carte de la vaste Nouvelle-Aquitaine, mettez-y les 30 plus grandes villes et les principaux axes de communication qui les relient. C'est exactement dans les zones vides de cette cartographie, contrées dénuées d'intérêt pour beaucoup, que la société API voit le terrain de jeu idéal pour implanter ses supérettes d'un genre nouveau, inspirées d'un modèle suédois. Exemple fait à Lagorce ce vendredi 4 août, un village du nord Gironde frontalier de la Charente-Maritime, aux confins de la communauté d'agglomération du libournais, doté d'une proximité toute relative avec l'autoroute. Et surtout, pas de commerce à part une boulangerie. Bingo !

Le maire publicitaire

C'est ici que vient d'être inaugurée la quinzième supérette en libre-service d'API, la première en Gironde. Un bungalow de 40m2 qui dispose de 700 références de produits alimentaires et d'accessoires du quotidien, en majorité de marque distributeur, accessible tous les jours 24h/24. A l'intérieur, des étals verticaux, un coin bientôt réservé aux producteurs locaux, mais personne à la caisse. Ici, le client se doit d'être autonome : il rentre grâce à un flashcode généré sur l'application et scan les articles lui-même. Ce matin-là, les premiers curieux s'avancent, interloqués par le nouveau bâtiment en bord de route. Les moins à l'aise avec l'outil numérique peuvent demander une carte personnelle pour pénétrer dans la supérette de campagne version automatique. Une déshumanisation du commerce pour certains, une résurrection du service de proximité pour d'autres.

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supérette API Gironde Lagorce

Les premiers clients n'ont pas traîné pour découvrir leur nouveau commerce de proximité. (crédits : MG / La Tribune)

« C'est absolument ce dont on a besoin dans les communes rurales qui sont placées comme nous, loin d'un centre urbain », prophétise Bruno Lavidalie, le maire de Lagorce. De mémoire d'élu, on avait plus vu d'épicerie depuis 30 ans dans ce grand village de 1.700 âmes. « Avec leur supérette, ils m'ont convaincu en cinq minutes », admet-il, comblé. En début de semaine, l'adepte glissait lui-même des flyers dans les boîtes aux lettres. Un maire publicitaire motivé par la promesse de redynamiser sa commune, et ça à faible coût. Avec de menus aménagements, chiffrés à environ 5.000 euros, le village a rapidement été prêt pour accueillir la supérette d'API. La société, elle, va verser un loyer annuel de 600 euros pour occuper le terrain. Un deal très gagnant-gagnant que d'autres élus du territoire sont venus constater en fin d'après-midi.

Une personne pour trois supérettes

« Si on devait acheter le terrain, ça nous coûterait 4.000 euros », oppose Alex Grammatico, cofondateur d'API, suggérant que la trésorerie et le modèle économique de l'entreprise créée en 2021 sont encore en construction. Alors que la toute première ouverture a eu lieu en novembre en Charente, la société déjà présente dans quatre départements vise une quarantième mise en service d'ici la fin de l'année, tout en restant pour l'heure en Nouvelle-Aquitaine. Tout va s'accélérer à la rentrée puisque six supérettes ouvriront leurs portes, notamment en Gironde. Le cofondateur, dans ses pensées, semble à peine avoir le temps de se réjouir de l'inauguration nord-girondine. L'après-midi, il se rend à côté de Cognac pour présenter le dispositif à un maire. « Au début c'était difficile de convaincre. Mais maintenant ils viennent visiter les supérettes sans nous le dire », observe-t-il, surpris. « Certains veulent même nous payer pour qu'on s'installe ! »

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alex grammatico supérettes api

Alex Grammatico est l'un des trois cofondateurs des supérettes API. (crédits : MG / La Tribune)

Les efforts accomplis depuis deux ans sont en train de payer pour l'entreprise domiciliée à Chevanceaux, au sud de la Charente-Maritime. Elle qui dispose de bureaux à Cognac et à Bordeaux, d'où elle assure le suivi technique de ses installations, emploie aujourd'hui 20 salariés. Pour assurer l'exploitation, API recrute une personne pour gérer la mise en rayon d'une grappe de 3 à 4 supérettes. La société ne communique pas sur son chiffre d'affaires prévisionnel mais envisage en tout cas d'atteindre la rentabilité à partir d'une centaine de supérettes ouvertes uniquement dans des villages de plus de 600 habitants. L'investissement dans les mobil-homes, fabriqués sur-mesure en Mayenne, représente de loin la plus grosse part de ses investissements. Des modules qui, une fois installés, sont approvisionnés par Carrefour, avec 70 % de produits en marque distributeur afin de proposer des prix attractifs.

A l'opposé du quick commerce

« On défend le pouvoir d'achat », brandit Alex Grammatico, pas sans rappeler le discours de la grande distribution. Le modèle d'API est bien complémentaire avec celui des supermarchés et peut profiter pour l'heure d'un quasi monopole en France. Seule l'entreprise Boxy, premier développeur de supérettes autonomes, croque dans le marché, mais uniquement en région parisienne. Une voie alternative du commerce de proximité qui s'inscrit dans une mutation de la consommation et a vu passer bien des formules ces dernières années. Dernière en date, le quick commerce dans les villes, qui promettait, avant de se crasher définitivement, de combler les caprices des consommateurs en moins de 10 minutes. Désormais, la distribution alimentaire semble se rationaliser. Et aller vers des vrais besoins là où l'offre a disparu.

Maxime Giraudeau

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