En redressement judiciaire, Jechange.fr cherche des repreneurs sur un marché illisible

Pionnier sur le marché des comparateurs d'offres d'énergie pour les particuliers et les professionnels, le courtier Jechange.fr se trouve en très grandes difficultés avec la flambée et l'encadrement des prix. Trop exposée au marché hexagonal, l'entreprise agenaise de 80 salariés a été placée en redressement judiciaire le 6 octobre et est désormais en quête de repreneurs. Une équation complexe sur un marché totalement imprévisible.
En 2016, Gaël Duval, président-fondateur de JeChange.fr, recevait un pass French Tech des mains de Christophe Sirugue, secrétaire d'Etat chargé de l'Industrie.
En 2016, Gaël Duval, président-fondateur de JeChange.fr, recevait un pass French Tech des mains de Christophe Sirugue, secrétaire d'Etat chargé de l'Industrie. (Crédits : D.R)

Jechange.fr survivra-t-elle à la crise inédite du marché de l'énergie ? Créée dès 2007, au moment de la libéralisation du marché du gaz et de l'électricité, l'entreprise accompagne les particuliers et professionnels dans leur recherche de la meilleure offre et les aide dans leurs démarches de résiliation. Une activité ensuite étendue aux contrats télécoms et d'assurance. L'entreprise est une pionnière du secteur et son fondateur, Gaël Duval, une figure de la première génération d'entrepreneurs de ce qui n'était alors pas encore la French Tech.

Quinze ans plus tard, la PME de 80 salariés installés entre Estillac, près d'Agen (Lot-et-Garonne), et Bordeaux, est dans l'impasse, comme le raconte Gaël Duval à La Tribune :

"Avec la situation chaotique du marché de l'énergie au printemps dernier, notre activité s'est arrêtée de manière très brutale puisque le bouclier tarifaire a bloqué les prix, annihilant ainsi toute concurrence entre les opérateurs. L'énergie reste notre principal moteur et la principale porte d'entrée de nos clients qui sont d'abord des particuliers. Notre chiffre d'affaires s'est donc littéralement effondré."

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Deux chocs coup sur coup

À la fin des années 2010, Jechange.fr dépassait les dix millions d'euros de chiffres d'affaires annuel, recevait le président Emmanuel Macron dans ses locaux et rêvait d'un nouveau siège social signé Jean Nouvel, un autre Lot-et-Garonnais. Mais la PME a ensuite encaissé un premier coup dur avec les confinements sanitaires paralysant les déménagements qui sont le premier motif de changement de contrats d'énergie. Grâce au prêt garanti par l'Etat (PGE) et, malgré seulement 6,7 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2020, l'entreprise est repartie de l'avant, dépassant nettement les dix millions d'euros sur l'exercice 2021. Mais pas suffisamment pour encaisser la puissance inédite du choc de début 2022. Conséquence : l'entreprise s'est retrouvée en cessation de paiement et a été placée en redressement judiciaire le 6 octobre. Dans le cadre d'un plan d'observation de six mois, pendant lesquels les dettes précédentes sont gelées, elle cherche désormais un repreneur.

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Malgré la présence au capital de plusieurs investisseurs, dont depuis 2016 le fonds Ardian qui gère plus de 100 milliards d'euros d'actifs, Jechange.fr n'a pas été en mesure de pivoter ni de faire le dos rond. Notamment parce que l'essentiel de son activité se fait uniquement en France.

"Nous avions trouvé notre modèle économique et l'entreprise était rentable mais nous n'avons pas eu le temps ou pas su nous déployer à l'étranger ce qui nous laisse particulièrement exposé au marché français...", considère Gaël Duval. Il se montre lucide quant aux positions de ses investisseurs qui n'ont pas souhaité réinvestir : "Ils ont adopté une posture assez réaliste sur le fait qu'il est impossible aujourd'hui de savoir où va le marché et combien de temps va durer l'évolution brutale et irrationnelle. Personne n'en sait rien !"

L'entreprise de 80 salariés dispose d'actifs valorisables, dont plusieurs noms de marques et de domaines, et compte bien sauver les meubles en trouvant un ou des repreneurs. Le tribunal de commerce évaluera les potentielles offres sur leurs garanties en matière de pérennité de l'activité, de maintien de l'emploi et de paiement des créanciers. Une première audience est prévue fin novembre et plusieurs repreneurs se montreraient intéressés.

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