Valorem finance un parc éolien géant à 195 millions d'euros en Finlande

"C'est une étape clef !", selon Valorem qui annonce le bouclage d'un montage financier innovant de 195 millions d'euros pour la création d'un vaste parc éolien en Finlande. L'entreprise girondine de production d'énergies renouvelables voit ainsi se concrétiser ses ambitions européennes avec ce parc qui représente à lui-seul une augmentation de 50 % de sa puissance installée. La mise en service est prévue pour 2025.
Les 17 éoliennes qui seront installées d'ici 2025 à Matkussaari, en Finlande, atteindront 230 mètres de hauteur en bout de pale.
Les 17 éoliennes qui seront installées d'ici 2025 à Matkussaari, en Finlande, atteindront 230 mètres de hauteur en bout de pale. (Crédits : CC Pixabay by ELG21)

Alors que le bien fondé des éoliennes, terrestres ou offshores, fait l'objet de vifs débats en France, Valorem continue de déployer des parcs éoliens en Europe et tout particulièrement en Finlande. L'entreprise, qui a levé fin 2021 26,7 millions d'euros auprès de son partenaire historique, vient de valider, via une opération menée en deux temps, le financement de deux parcs éoliens de très grande envergure. Ensemble ils produiront 1 TWh d'électricité renouvelable, "soit environ 1,2 % de la consommation annuelle d'électricité de la Finlande". C'est en Ostrobotnie, sur la côte ouest de la Finlande, à quelques centaines de kilomètres au nord de la capitale Helsinki, que sont localisés ces deux parcs jumeaux baptisés Matkussaari et Kalistanneva. Une région finlandaise où Valorem est présente depuis 2014 et a déjà cédé deux parcs éoliens prêts à construire en 2019 de plus petite taille.

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Couper la poire en deux

"Avec Matkussaari et Kalistanneva, nous étions face à un projet énorme et trop important pour que nous puissions le développer seul au regard de nos moyens, d'autant qu'il n'existe pas en Finlande de mécanisme de prix garanti comme en France", explique à La Tribune Jean-Yves Grandidier, le président-fondateur de Valorem. "Nous avons donc décidé de céder Kalistanneva, qui sera doté d'une puissance installée totale de 165 MW via 30 éoliennes, pour pouvoir financer la construction et l'exploitation de Matkussaari, qui proposera 148,5 MW de puissance installée via 27 éoliennes."

Dans ce mouvement en deux temps, Valorem a donc cédé Kalistanneva le 3 février à un consortium 100 % finlandais. Cette rentrée d'argent a ensuite permis de finaliser, ce 7 février, le montage financier du parc jumeau de Matkussaari via un mécanisme innovant. L'opérateur girondin d'énergies renouvelables a eu recours, via sa filiale à 100 % Matkussaari Wind Farm Oy, à un financement de long terme flexible de 135 millions d'euros auprès d'AIP Management. "Il ne s'agit pas d'un prêt classique assorti d'un échéancier et d'une durée mais d'un fonds de dette où l'investisseur prend avec nous une part du risque marché lié à la revente de l'électricité. En clair, le remboursement se fera sur une durée de 11 à 25 ans en fonction du prix de l'électricité et une fois qu'AIP Management aura récupéré sa mise, il partira", résume Jean-Yves Grandidier.

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Au total, sur les 195 millions d'euros nécessaires à la construction du parc, AIP Management apporte 75 % du capital, dix millions d'euros proviennent d'une facilité de TVA auprès de OP Bank et Valorem complète avec 50 millions d'euros de fonds propres. Le chantier doit débuter en mars pour une mise en service en 2025. Le parc sera co-développé par Megatuulli et construit par Suvic (BOP), Valrea, filiale de Valorem (maîtrise d'œuvre) et Eltel (lignes électriques).

Des éoliennes de 230 mètres de haut

Comme son jumeau, Matkussaari est situé près de la ville de Vaasa, sur un plateau naturel surélevé d'une soixantaine de mètres par rapport à la plaine alentour. De quoi optimiser la capacité de production des 17 éoliennes qui y seront déployées avec une capacité annuelle évaluée à 3.120 heures contre 1.500 à 1.600 heures habituellement. D'autant plus qu'elles iront chercher le vent très haut : "Ce sont des éoliennes avec des mâts de 148 mètres de haut dotés de pâles de 163 mètres de diamètre. On sera donc en bout de pale autour de 230 mètres de hauteur contre environ 180 mètres pour les éoliennes installées en France", précise Jean-Yves Grandidier, partisan de ces aérogénérateurs plus grands mais plus puissants et donc moins nombreux. "En Finlande, chaque éolienne déploiera une puissance installée de 5,5 MW contre 2 à 3 MW aujourd'hui en France mais pour tenir les objectifs de production on ira mécaniquement vers des éoliennes plus grandes en France aussi", précise-t-il.

Avec cette opération associée à un contrat d'exploitation et de maintenance de 35 ans, Valorem se dote pour la première fois d'une capacité en propre de production d'énergie renouvelable hors de France. "Cela nous installe réellement en tant que producteur européen et c'est une opération très significative puisque Matkussaari augmente de 50 % notre puissance installée", souligne le président fondateur. En 2021, Valorem a généré 89 millions d'euros de chiffre d'affaires (-1 % versus 2020) et emploie 360 salariés. L'entreprise dont le siège est à Bègles (Bordeaux Métropole), revendique plus de 550 MW en production, à 80 % en éolien et 20 % en hydraulique et photovoltaïque, et dispose d'un portefeuille de plus de 5 GW de projets en développement.

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Un risque politique bien identifié

Quant aux polémiques sur un moratoire voire un démantèlement des éoliennes qui émaillent la campagne électorale en France, Jean-Yves Grandidier reconnaît "un risque politique réel et pris au sérieux par les acteurs de la filière qui ont d'ailleurs pris les devants en proposant cet automne des mesures pour améliorer l'acceptabilité des projets", mais il n'envisage pas pour autant un arrêt pur et simple de cette activité :

"Ce serait une folie de revenir en arrière, un déni de réalité. Pour tenir l'objectif de la Commission européenne de diminuer de moitié nos émissions de gaz à effet de serre en 2030 par rapport à 1990 tout en répondant à la décarbonation de la mobilité et du chauffage, on ne pourra pas se passer de l'éolien terrestre. C'est indispensable d'autant que l'éolien offshore prend plus de temps et que le renouveau du parc nucléaire ne sera clairement pas prêt pour 2030 ni pour 2035 !"

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