Recyclage : « Les jeunes entrepreneurs veulent changer la donne avec de nouvelles filières » (3/3)

INTERVIEW. Entre Circouleur, Keenat, La Plastiquerie, Bicycompost, Bordery ou encore Neoless, de multiples entreprises ont été créées ces dernières années dans le domaine du recyclage. Alors que Bordeaux Technowest en accompagne quelques-unes, La Tribune a rencontré Jean-François Nothias pour une analyse du marché. Il est le directeur du centre de services Ecoparc de Blanquefort chez Bordeaux Technowest et du réseau Ziri.
Jean-François Nothias, directeur du centre de services Ecoparc chez Bordeaux Technowest et du réseau Ziri.
Jean-François Nothias, directeur du centre de services Ecoparc chez Bordeaux Technowest et du réseau Ziri. (Crédits : Bordeaux Technowest)

LA TRIBUNE - Peut-on dire que le marché de la valorisation des déchets est un secteur porteur ?

Jean-François NOTHIAS -  Si nous nous référons à l'appel à projets transition écologique que nous avons lancé en septembre 2021, c'est en effet une belle réussite ! Nous avons reçu trente candidatures pour trois lauréats finalement retenus. C'est la preuve qu'effectivement de plus en plus de jeunes entrepreneurs se lancent dans le domaine de la transition écologique et de l'économie circulaire. Le recyclage en fait partie. Nous avons d'ailleurs reçu trois nouveaux dossiers rien qu'au mois de janvier. La transition est une thématique qui a du sens pour eux. Ils veulent changer la donne et créer de nouvelles filières.

Nous sommes, en ce qui nous concerne, assez sélectifs car nous accueillons des entreprises qui ont un degré d'innovation suffisant. Mais nous avons désormais, sur chacun de nos sites, des entreprises engagées dans la transition écologique. Elles ne sont pas majoritaires mais bien présentes. Parmi elles, La Plastiquerie, qui vient de nous rejoindre, prévoit de transformer les déchets plastiques à usage unique sans ajout de matière ou d'additifs pour en faire des objets durables, utiles et design.

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Comment expliquez-vous cette hausse de création d'entreprises ?

Cela s'explique notamment par la réglementation, la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire du 10 février 2020 (Agec) en particulier. Les entreprises ne vont plus pouvoir jeter de produits non alimentaires, comme c'est déjà le cas pour les produits alimentaires. Il y a donc un créneau pour proposer des solutions aux entreprises qui doivent prendre le virage sous peine de sanctions. Cela devient donc contraignant pour elles. Mais il y a aussi du côté des entreprises et des salariés, une envie de s'investir pour limiter leur empreinte carbone. A notre échelle, dans le cadre de Ziri, qui est la démarche d'écologie industrielle et territoriale portée par Bordeaux Technowest depuis 2014, nous constatons que les PME et industriels s'intéressent de plus en plus à ces sujets d'économie circulaire.

Ziri est parti du principe que le déchet de l'un pouvait devenir la matière première de l'autre. Nous avons identifié des synergies entre les entreprises et, aujourd'hui, cela fonctionne ! La startup Bordery sur le site Copernic de Bordeaux Technowest récupère les copeaux de bois de vinification d'une autre entreprise du réseau et les transforme en copeaux pour le barbecue. La société Sopreva récupère, quant à elle, les glassines des déchets d'étiquettes pour les transformer en isolant pour le bâtiment. En tout, 350 tonnes de déchets ont été recyclés en 2021 au sein du réseau Ziri.

Quelles peuvent être les freins pour les jeunes pousses qui se lancent dans le recyclage ?

Il est, tout d'abord, important que le gisement soit accessible, c'est-à-dire que l'entreprise ait suffisamment de matière à recycler pour que son modèle économique puisse fonctionner, sachant qu'il peut y avoir des déchets en quantité suffisante mais difficilement accessibles. Or, s'ils sont difficiles d'accès ou détenus par quelques acteurs, cela peut coûter très cher et rendre le modèle économique compliqué. Parmi les freins, je dirais aussi que des entreprises rechignent encore à payer pour traiter leurs déchets. Ensuite, qui doit payer le tri et le recyclage ? C'est une question qu'il faut se poser. En l'occurrence, il faudrait que les efforts soient davantage partagés. La clé pourrait être de faire payer les producteurs de déchets, du moins qu'ils paient leur part. Ce n'est pas facile de trouver un modèle économique mais, à titre d'exemple, Circouleur fonctionne et Neoless, qui recycle les capsules de café, trouve sa place.

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