Et si Ziri était un modèle d’écologie industrielle territoriale à dupliquer ?

Alors que la crise du Covid-19 invite à repenser les modèles, dans la métropole bordelaise, la démarche d’écologie industrielle et territoriale baptisée Ziri mérite de s’y intéresser. 45 entreprises (TPE, PME) qui représentent 2.800 salariés sur l’écoparc de Blanquefort adhèrent à ce réseau animé par Bordeaux Technowest qui a permis, depuis 2014, la mise en place de 20 synergies dans les domaines de l’énergie, de la gestion des déchets, de la mobilité et des services. A la clé, des économies, une réduction de l’empreinte environnementale et des échanges entre entreprises voisines qui apprennent à travailler ensemble.
Bordeaux Technowest dispose d'un site dédié aux éco-activités et aux éco-technologies à Blanquefort (pépinière et incubateur) mais le réseau Ziri voit plus large avec 45 adhérents actuellement (TPE et PME).
Bordeaux Technowest dispose d'un site dédié aux éco-activités et aux éco-technologies à Blanquefort (pépinière et incubateur) mais le réseau Ziri voit plus large avec 45 adhérents actuellement (TPE et PME). (Crédits : Bordeaux Technowest)

La technopole Bordeaux Technowest n'a pas attendu la loi du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte pour lancer une démarche d'écologie industrielle et territoriale, composante territorialisée de l'économie circulaire. C'est en 2014, qu'est née Ziri -pour zone d'intégration des réseaux intelligents. Un modèle qui a depuis fait ses preuves et continue de montrer ses "bienfaits" en cette période de crise. A titre d'exemple, l'entreprise Bardinet spécialisée dans les spiritueux, qui compte 240 salariés, fabrique actuellement de la solution hydro-alcoolique qu'elle revend à prix coûtant à une dizaine d'entreprises intéressées dans la zone de l'écoparc de Blanquefort.

100.000 € d'économies en 2019

Ziri qui a permis la mise en place de 20 synergies est un réseau qui rassemble aujourd'hui 45 entreprises de toutes tailles qui représentent 2.800 salariés. L'idée ? Optimiser les flux, améliorer la compétitivité d'un territoire tout en réduisant l'impact environnemental et en faisant des économies. Le réseau a généré 100.000 euros d'économies en 2019.

"Dans le domaine de l'énergie, quand nous avons lancé le premier premier groupement d'achat en 2016, les entreprises ont gagné 30 % sur leur dépenses annuelles. Nous en sommes à notre 3e contrat cadre et le groupement grossit d'année en année. Il y a un achat groupé d'électricité verte, un autre de gaz. Un suivi des consommations a par ailleurs été mis en place pour lire les éventuelles anomalies et lancer des actions correctrices. Enfin, Ziri accompagne les projets de production d'énergie renouvelable et d'autoconsommation collective ou individuelle", expose Jean-François Nothias, directeur de l'écoparc de Blanquefort qui précise que des synergies de mutualisation existent également dans les domaines de la gestion des déchets, de la mobilité ou encore des services notamment la sécurité incendie ou le nettoyage.

Le déchet, matière première de l'autre

La prochaine étape consistera à mettre en place des synergies de substitution, c'est-à-dire que le déchet de l'un deviendra la matière première de l'autre. Un premier atelier organisé en novembre 2019 a permis d'identifier 500 synergies avec la trentaine d'entreprises présentes. "Certains se débarrassent de conteneurs GRV (grands récipients pour vrac) tandis que d'autres en achètent", cite par exemple Jean-François Nothias. "Alors qu'il y a un gisement de déchets organiques, l'idée serait aussi de produire de l'énergie avec un bio-méthaniseur et de créer un compost. Deux startups planchent sur le projet", poursuit-il également.

Avec plusieurs années de recul, Jean-François Nothias le reconnait  :

"Cela peut conduire les entreprises à revoir leur modèle économique, voire leur activité, mais ce n'est pas propre à Ziri. En revanche, ce qui marche bien ici, c'est la résilience. Si on produit de l'énergie localement, que l'on est plus sobre en matière de production d'énergie, et que l'on réutilise les déchets, on devient moins dépendant. Par ailleurs, avec Ziri, nous jouons local. Il y a peu de temps, en pleine crise, une entreprise m'a expliqué qu'elle commençait à manquer de pièces d'usinage or, à côté Les Ateliers Pierrot en produisent. Elle ne le savait pas. Cet exemple n'est pas anecdotique. C'est régulier."

"Un concept qui a du sens"

Ce réseau, c'est donc aussi une manière de mieux connaitre ses voisins, d'échanger, de se rendre service.

"C'est un état d'esprit, celui du vivre ensemble, convient Arnaud Lava, directeur technique de Bardinet. Nous pouvons, par exemple, mettre des nacelles à la disposition des adhérents. Elles coûtent cher à la location. Dans un autre domaine, nous avons organisé des visites pour échanger sur les bonnes pratiques en matière de management. Nous avons également ouvert notre restaurant d'entreprise. Ce réseau, c'est un concept qui a du sens. En revanche, il est nécessaire qu'il y ait un animateur pour coordonner l'ensemble, car, nous-même n'avons pas le temps de nous en occuper", insiste Arnaud Lava.

Ziri financé à 70 % par des acteurs publics dispose d'un budget de 190.000 €. Le modèle doit être dupliqué dès cette année dans la métropole sur les communes de Mérignac/Le Haillan et Artigues-près-Bordeaux. Bordeaux Technowest vise une centaine d'adhérents d'ici deux ans.

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