Bordeaux Technowest : "Pas de crise pour les startups à ce stade"

Dans le contexte de la crise liée au Covid-19, Bordeaux Technowest, qui accompagne une soixantaine de startups sur sept sites, salue la rapidité de la mise en place des différentes aides par l'Etat, la Région et la Métropole. Les startups n'ont pas été oubliées ! En revanche le directeur général de la technopole insiste : il va falloir que l'activité reprenne. Entre bonnes nouvelles et incertitude, François Baffou essaie de tirer du positif de cette situation inédite. Rencontre.
François Baffou, directeur général de Bordeaux Technowest, au centre, lors d'un événement Bordeaux Tech'Day.
François Baffou, directeur général de Bordeaux Technowest, au centre, lors d'un événement Bordeaux Tech'Day. (Crédits : La Tribune / Mikaël Lozano)

LA TRIBUNE - Quel est l'impact de la crise sur les startups que vous accompagnez ?

FRANÇOIS BAFFOU - Les startups ont la particularité d'avoir une masse salariale plutôt faible, ce qui veut dire que leurs charges fixes ne sont pas trop élevées pour la plupart, et elles sont aussi agiles avec une culture du numérique qui facilite l'adaptation. Donc, après une première semaine de sidération, les choses se sont mises en place. Je dirais qu'au final, deux ou trois jeunes pousses sont réellement impactées sur la soixantaine que nous suivons au sein de Bordeaux Technowest. L'une d'elles dans le numérique a déjà dix salariés et donc des charges fixes importantes. Une autre vient de démarrer son activité dans le domaine du tourisme, un secteur évidemment très impacté.

Diriez-vous que les aides proposées par l'Etat via Bprifrance, la Région et la Métropole sont suffisantes et surtout correspondent bien aux spécificités des startups ?

Je n'ai aucun reproche à faire à ce niveau là, bien au contraire ! Tout le monde a su se mettre en ordre de marche. Les aides sont arrivées très rapidement, en matière de chômage partiel, de prêts, de report de taxes, ce qui est assez remarquable. Les aides répondent d'ailleurs aux besoins et se complètent. Le remboursement accéléré du crédit impôt recherche a permis de débloquer des sommes conséquentes. En ajoutant les prêts garantis par l'Etat, cela permet de tenir jusqu'à la fin de l'année.

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Encore fallait-il y voir clair dans toutes ces aides ?

Bordeaux Technowest s'est, en l'occurrence, mis en mode commando pour les accompagner très vite, c'est-à-dire faire d'abord le tri entre les différentes aides et aller chercher les financements auxquels les entreprises avaient droit. Nous avons par ailleurs aidé certaines d'entre elles à entrevoir d'autres marchés. Si toutes ne peuvent pas le faire, certaines peuvent saisir l'opportunité. Chaque startup a une ou deux personnes référentes à qui s'adresser pour un suivi individualisé. Je reconnais que le situation peut être beaucoup plus compliquée pour les startups qui ne sont pas accompagnées.

Des ombres au tableau tout de même ?

Bien sûr. En matière de télétravail, notamment. Au fur et à mesure des semaines, les patrons des startups nous ont fait part de leurs difficultés à mobiliser les équipes, surtout aux alentours de la 5e semaine. Nous avons donc organisé une visio-conférence avec une spécialiste. C'est un exemple parmi d'autres. Ensuite, il va y avoir un choc économique assez fort à la rentrée, parce que tout ce qui n'est pas engrangé en termes de commandes va se ressentir à la fin de l'année. Il va falloir préparer le "rebond", et surtout que l'activité reprenne sinon certaines situations seront très difficiles. Mais nous savons déjà que ce ne sera pas une reprise en V, plutôt en L c'est-à-dire lente. D'un point de vue de l'organisation, nous travaillons sur un plan de bataille pour permettre aux équipes de revenir à partir du 11 mai, par roulement.

Les investisseurs sont-ils encore au rendez-vous ?

Il y a une urgence qui consiste à gérer le quotidien. Plusieurs startups en phase de levée de fonds ont temporisé. Le climat n'est pas au rendez-vous. Nous aimerions bien que les investisseurs continuent à jouer le jeu, mais tout le monde est dans la même incertitude. En revanche, il ne faut pas que cela dure. Il va falloir qu'un climat de confiance revienne.

C'est une crise inédite pour les entreprises mais aussi pour vous. Qu'en tirez-vous au sein de Bordeaux Technowest ?

Notre CRM [gestion de relations clients] a été mis en place en cinq jours au lieu de deux mois. Alors que quatre personnes avaient jusqu'à présent accès au serveur, nous sommes passés à 20. Nous avons appris à travailler différemment. J'organise une réunion quotidienne avec tous les responsables de sites en fin de journée. Nous avons fait évoluer nos méthodes de travail, nous remettons à jour des documents sur l'accompagnement. Face à la crise, il n'y a pas d'autre choix que de s'adapter mais il est aussi important d'en tirer du positif. C'est ce que nous essayons de faire.

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