Winetech : le nouveau "Booking" de la dégustation émerge à Bordeaux

La jeune pousse bordelaise LaDegust.fr, qui référence 5.000 lieux de dégustation de vin, vient de terminer sa deuxième levée de fonds pour lancer son application et gagner en visibilité. Avec un défi majeur qui déterminera la viabilité de son modèle économique : convaincre viticulteurs, cavistes et bars à vin de souscrire un abonnement.
Maxime Giraudeau
La startup bordelaise du digital LaDegust.fr ambitionne de devenir un leader du référencement des lieux de dégustation en France.
La startup bordelaise du digital LaDegust.fr ambitionne de devenir un leader du référencement des lieux de dégustation en France. (Crédits : Creative Commons)

"Je cherche un lieu de dégustation dans ma ville, je tombe sur un caviste, puis je choisis un créneau, un nombre de personnes, je me connecte et voilà, je peux réserver ma dégustation", vend fièrement Ruddy Lassalle en trois clics. L'assurance de l'entrepreneur ne l'empêche pas de reconnaître, de concert avec l'autre cofondateur Laurent de Keranrouë, qu'avec LaDegust.fr "on n'a rien inventé".

La startup, pensée depuis juillet 2020, a bouclé sa deuxième levée de fonds début décembre, pour un montant de 500.000 euros. Objectifs : passer sur une application et se déployer sur d'autres univers dégustatifs que le vin. Les cofondateurs avancent que 400 personnes ont créé un compte sur LaDegust.fr depuis le lancement en juin 2021, pour un développement qui "suit les prévisions établies".

Abonnement jusqu'à 80 euros par mois

Le site s'appuie sur un référencement, façon Booking.com, de 5.000 lieux de dégustation de vin dans toute la France chez des cavistes, viticulteurs ou bar à vins. Et surfe sur une envie des clients à re-fréquenter des lieux atypiques après une période confinée et toujours tendue d'un point de vue sanitaire. "Nous trouvions étonnant qu'il n'existe rien autour du booking de la dégustation pour les épicuriens", explique Laurent de Keranrouë.

Augmenter l'expérience de la dégustation est pourtant un créneau prisé par d'autres stratups de la "wine tech" comme Yes We Wine, également basée à Bordeaux, qui propose une application sous forme de répertoire et de notation pour les amateurs de vin. Grâce à la collecte de données, dégustateurs et producteurs disposent des références d'un vin selon les avis et notations référencées sur l'application.

Lire aussi 3 mnWinetech et foodtech : deux incubateurs ouvrent leurs portes en Gironde

Si les cofondateurs de LaDegust.fr disent n'avoir rien inventé, c'est parce que leur modèle, "à mi-chemin entre la PME traditionnelle et la startup digitale", s'inspire des figures du référencement. Le service, gratuit le temps que la plateforme gagne en visibilité, deviendra payant pour les professionnels à partir de mars 2022.

"On a regardé ce qui fonctionnait déjà : Booking.com, Airbnb, La Fourchette... C'est comme ça qu'on a construit notre business model", évoque Ruddy Lasalle.

LaDegust.fr

Ruddy Lasalle, à gauche, et Laurent de Keranrouë, à droite, ont installé leur startup rue Mably, en plein centre de Bordeaux. (Crédits : Maxime Giraudeau)

Et c'est bien là que se joue l'avenir de l'entreprise puisqu'il faudra convaincre les référencés d'opter pour un abonnement, avec plusieurs offres comprises entre 30 et 80 euros par mois. "Les professionnels connaissent ce modèle depuis le départ et certains ont déjà prévu leur abonnement", assure le binôme, confiant. Avec des formules qui permettent, selon le prix de souscription, d'être plus ou moins bien référencé et mis en avant sur la plateforme. Pour les particuliers, LaDegust.fr ne prend donc pas de commission directe sur une réservation effectuée via son site. Seul un euro est reversé à l'association Vendanges solidaires, qui vient en aide aux vignerons face aux effets du changement climatique.

Lire aussi 4 mn« Face au changement climatique, le gros enjeu du vin c'est le partage du savoir » (1/4)

"Désincubation"

Les deux entrepreneurs croient particulièrement dans la capacité de leur projet à créer des espaces conviviaux et de rencontre. Une offre événementielle qui pourrait participer à accroître la communauté d'utilisateurs et faire valoir une haute visibilité auprès des professionnels intéressés. C'est cette vitrine que le site va désormais devoir embellir et qui sera le juge de paix de sa viabilité.

Avec sa dizaine d'investisseurs qui s'est volontairement manifestée pour entrer au capital, la startup semble avoir des gages d'assurance sur la viabilité du modèle qu'elle propose. "Plutôt des certitudes que de l'assurance", corrige Ruddy Lasalle. C'est notamment pour cette rapidité de développement qu'elle s'est émancipée de l'incubation débutée à Bordeaux Technowest. L'entreprise, qui compte six salariés dont trois étudiants en alternance, table désormais sur un chiffre d'affaires prévisionnel de 120.000 euros en 2022 puis 350.000 euros en 2023.

Maxime Giraudeau

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.