Vins de Bordeaux : le CIVB veut mettre de la RSE dans les bouteilles bordelaises

Lors de la dernière assemblée générale du Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB) Bernard Farges, son président, a mis l'accent sur le développement de la responsabilité sociétale des entreprises (RSE). En attendant de connaître l'ampleur des dégâts provoqués par le gel de début avril, il s'est montré optimiste quant à la reprise du marché. La réorganisation de la mise en marché des vins de Bordeaux est également une piste de réflexion dont il a souligné l'importance.
Bernard Farges
Bernard Farges (Crédits : CIVB)

Il est encore trop tôt pour connaître le bilan du dernier épisode de gel qui a frappé une partie du vignoble bordelais ces dernières semaines. C'est l'une des réalités sur lesquelles Bernard Farges, président du Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB), a insisté lors de l'assemblée générale de ce lundi 3 mai, qui n'a pas eu lieu comme à l'accoutumée au siège de l'interprofession, cours du XXX Juillet mais en ligne, dans un contexte de ventes en berne, particulièrement à l'export.

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"Arrêtons-nous un instant sur le sinistre qui vient une nouvelle fois de frapper notre vignoble et bien d'autres en France, simultanément. Il n'est pas question de donner une estimation de récolte. Elle serait fausse, comme toutes les autres ! Comme toutes les autres quand il y a un sinistre, comme toutes les autres quand il n'y a pas de sinistre. Nous devons attendre les déclarations de récolte du millésime 2021 pour constater l'étendue des dégâts, mais nous savons qu'ils sont très lourds par endroit", a tout d'abord recadré le président du CIVB.

Le CIVB défend le dossier à Paris

Bernard Farges est ensuite revenu sur l'intervention de l'interprofession dans ce dossier aux allures de nouvelle plaie d'Egypte, après toutes les difficultés qui semblent s'abattre  les unes après les autres sur le vignoble depuis, déjà, le terrible épisode de gel de 2017.

"Nos demandes ont été portées à Paris comme en région et nous œuvrons pour des évolutions structurelles fortes sur l'assurance, la fiscalité, sur les outils contractuels pour donner des outils de résilience plus efficaces pour nos entreprises", a indiqué le président du CIVB.

Ce dernier ne voit pas pour autant tout en noir et il se montre même plutôt optimiste quant à l'évolution du marché pour les prochaines semaines.

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Relance du marché, Bernard Farges y croit

"L'intérêt pour les primeurs sera grand, comme il y a un an, alors que le pire était annoncé ne l'oublions pas, et pour tous nos autres vins la perspective des restaurants et plus largement la sortie de la pandémie seront un booster pour nos ventes. La demande va s'accélérer car la consommation va reprendre, comme nous l'avons déjà observé il y a un an, et nous avons de beaux vins à proposer pour répondre à cette demande" a ainsi positivé Bernard Farges.

Le CIVB a également présenté son nouveau projet de développement. Baptisé "Bordeaux cultivons demain" ce dernier est entièrement axé sur la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) appliquée à la filière des vins de Bordeaux.

RSE : le nouveau chantier du CIVB

"Ce projet s'inscrit dans un large travail au sein de nos instances et à travers plusieurs groupes de travail (...). Plusieurs pistes émergent sur les sujets de l'offre, de la marque, de la communication, de la commercialisation et de la gouvernance (...) Cette démarche RSE permettra à chacun de nous, pour chacun de nos vins, et tous ensemble, de porter ce que nous faisons pour l'environnement, pour nos consommateurs, pour notre région, pour nos salariés, pour nos voisins.

La santé de beaucoup de nos entreprises est mauvaise et après plusieurs années de difficultés et nous le savons, ce projet peut être perçu comme un gadget ou un sujet non prioritaire. Son objectif n'est pas d'imposer de nouvelles contraintes mais bien de porter, d'accompagner, d'encourager et de valoriser les mouvements profonds constatés et en cours, dans toute la filière (...)", a déroulé le président du CIVB, dont les derniers mois ont notamment été marqués par des attaques focalisées sur la pertinence du label HVE (haute valeur environnementale), mis en avant par l'interprofession.

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Réorganiser l'interprofession entre producteurs et négociants

Bernard Farges a terminé son intervention devant les producteurs et les négociants en remettant sur le tapis la question de la régulation de la mise en marché des vins de Bordeaux.

"Comment pouvons-nous nous satisfaire de passer d'une situation où notre stock agissait comme un boulet, un stock écrasant nos prix de vente jusqu'au 6 avril avant le gel et une situation dix jours plus tard où se stock devient une opportunité pour Bordeaux, parce que nos vins à la vente sont bons et que nous pourrons alimenter les marchés ?", a-t-il questionné.

Malgré les profondes différences d'organisation entre les deux vignobles, Bernard Farges a cité en exemple celle bien huilée de l'interprofession de Champagne. Appelant à une réflexion de fond pour réorganiser le vignoble dans le Bordelais, dans une meilleure répartition des rôles entre producteurs et négociants.

"Regardons ce que nous devons améliorer dans le partage du risque entre nos deux familles. Tout ce qui pourra concourir à donner de la visibilité à la production comme au négoce sera un élément de stabilisation de notre économie. Plus nous aurons de contrats pluriannuels ou de contrats suivis, plus nous serons en coconstruction des produits, en cogestion de nos marchés et coresponsabilité devant nos distributeurs, plus nos entreprises seront fortes pour surmonter les crises climatiques et les crises économiques !"

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