Vins et spiritueux : une embellie en trompe-l'oeil à l'export ?

La suspension du conflit commercial entre Boeing et Airbus, dont ont fait les frais les adhérents de la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS) de France, n'est pas définitivement enterrée. La reprise des ventes de vins et spiritueux à l'export est encourageante mais encore fragile, prévient la FEVS.
Comme les autres vignobles, celui de Bordeaux a souffert de cette guerre commerciale à l'export.
Comme les autres vignobles, celui de Bordeaux a souffert de cette guerre commerciale à l'export. (Crédits : Regis Duvignau)

L'arrêt de la guerre commerciale dans l'aéronautique entre Airbus et Boeing, qui avait entrainé des mesures de représailles américaines à l'encontre des exportateurs de vins  et spiritueux, dont les vins tranquilles, ne fait pas grimper au rideau la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS) de France. La filière export des vins et spiritueux a pourtant bien profité de cette cessation des hostilités commerciales. Mais la FEVS veut mettre l'accent sur la bonne façon de lire les résultats du 1er semestre 2021, histoire sans doute de garder les pieds sur terre.

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Une analyse développée par César Giron, président de la FEVS.

"Les importations américaines de vins tranquilles français au 1er semestre 2021 - ceux qui étaient au cœur des sanctions américaines - n'ont pas encore retrouvé le niveau de 2019. La suspension des sanctions ne vaut pas résolution du conflit : il est impératif que l'Union européenne et la France résolvent définitivement et sans délai ces contentieux : nos entreprises ne peuvent pas travailler avec une épée de Damoclès sur la tête !", prévient-il.

Les ventes à l'export commencent à rattraper leur retard

Car la FEVS voit d'abord dans ce redressement des ventes un début de compensation des pertes enregistrées en 2020. Les ventes de vins et spiritueux au 1er semestre 2021 ont ainsi atteint la barre des 98,9 millions de caisses de 12 bouteilles (9 litres), en hausse de +19 % par rapport à 2020 mais seulement de +3 % par rapport 2019 ! L'évolution des vins tranquilles à l'export, parmi lesquels les bordeaux, est également en hausse de +14 % sur un an, à 61,6 millions de caisses, mais seulement +3 % par rapport au 1e semestre 2019. L'évolution des ventes en valeur connait un dévissage encore plus frappant.

Si l'évolution des ventes de vins et spiritueux est à la hausse, à 7,2 milliards d'euros au 1er semestre 2021, le trompe l'œil est toujours aussi robuste. C'est ainsi que les ventes de vins et spiritueux enregistrent +43 % en valeur par rapport à 2020, mais seulement +8 % par rapport à 2019 ! A noter que l'impact est beaucoup plus marqué pour les spiritueux, dont les ventes en volume augmentent de +21 % par rapport à 2020 mais de 0 % entre 2019 et 2021, avec 25,3 millions de caisses. L'écart en valeur est encore plus marqué, puisqu'il oscille d'une hausse de +46 % entre 2020 et 2021, et de +3 % entre 2019 et 2021, à 2,2 milliards d'euros.

Les étrangers ont aussi acheté plus pour ne pas manquer

Les Etats-Unis sont à la première place de ce business en vins et spiritueux du 1er semestre 2021, avec un peu plus de 21 millions de caisses vendues aux USA pour un peu plus de 2 milliards d'euros. Suivent le Royaume-Uni (8,8 millions de caisses/679,7 millions d'euros), devant la Chine (6,7 millions de caisses/572,6 millions d'euros), l'Allemagne (13,1 millions de caisses/433,2 millions d'euros) et Singapour (1,5 million de caisses/410,3 millions d'euros). Si rien n'est perdu, le patron de la FEVS entend bien marquer le fait que la crise avec les Etats-Unis a mis à mal les sociétés spécialisées dans l'export.

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"Depuis le mois de mars, nous avons vu nos exportations stimulées par la résolution provisoire du contentieux euro-américain sur l'aéronautique et par une reprise post-Covid. Le gel du printemps 2021 a également dopé les achats de vins de la part de nos importateurs et distributeurs pour anticiper les baisses de récolte. Cette embellie en trompe-l'œil ne doit pas faire oublier la grande fragilité que connaîtront, en 2022 et 2023, de nombreux exportateurs, déjà affaiblis par les sanctions américaines qu'ils ont dû supporter en l'absence de tout soutien des pouvoirs publics français comme européens, et par une crise sanitaire qui n'est pas encore achevée", déroule ainsi César Giron.

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