Orano Mining veut créer une filière française de recyclage des batteries en Haute-Vienne

Le recyclage des batteries automobiles Li-ion est au cœur du projet "Recyvabat" lancé par Orano Mining (ex Areva) à Bessines-sur-Gartempe, en Haute-Vienne. Près de 22 millions d'euros sur trois ans, dont plus de 6 millions d'euros de France Relance, y seront investis pour extraire les matières stratégiques des batteries et en produire de nouvelles. Le tout grâce à une technologie de rupture et une collaboration avec un consortium d'industriels français.
Deux pilotes semi-industriels seront construits d'ici à 2023 par Orano Mining.
Deux pilotes semi-industriels seront construits d'ici à 2023 par Orano Mining. (Crédits : Orano)

Avec ce programme de recyclage de batteries automobiles Li-ion, Orano Mining (ex Areva) compte apporter sa pierre à d'édifice pour conforter la transition énergétique et l'indépendance de la filière française des producteurs de métaux critiques. Pour ce challenge, l'industriel va s'appuyer sur son savoir-faire en matière d'extraction et de traitement de matières.

"C'est un enjeu industriel d'avenir pour la France et y participer à Bessines est une fierté pour nos équipes et une reconnaissance de notre savoir-faire", assure Régis Mathieu directeur du site. "Pour cela nous comptons sur notre Centre d'innovation en métallurgie extractive (CIME) et nos capacités technologiques et opérationnelles ainsi que sur les hommes et les femmes pour extraire le lithium, le cobalt, le nickel et le manganèse de ces batteries automobiles. Cela fait donc sens de développer des tests semi- industriels ici."

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Le défi est à la mesure du marché qui se profile dans les prochaines décennies puisqu'à l'horizon 2050, l'électrification du parc automobile devrait doublée. Pour faire face à cette évolution majeure, il convient d'anticiper et de bâtir une filière vertueuse qui assurera le recyclage des batteries Li-ion et la production de batteries neuves avec les métaux issus de cette récupération à grande échelle.

Un consortium français pour une future filière nationale

Cette diversification pour le site Orano Mining de Bessines a été soutenu par le plan France Relance à hauteur de 6,1 millions d'euros sur un investissement proche des 22 millions dans le cadre d'un appel à projets résilience visant à soutenir les secteurs critiques de l'Etat. "L'objectif est de mettre en place une filière recyclage basée sur des technologies de rupture afin de valoriser toutes les matières des batteries Li-ion et de créer ainsi de la valeur ajoutée sur d'autres batteries", précise le directeur. "Un consortium a été créé à cet effet, chaque partenaire apporte ainsi son savoir-faire tandis qu'Orano assure la coordination."

Ce dernier est composé de l'industriel Saft, qui construit actuellement une usine pilote de batteries à Nersac en Charente, du groupe Paprec, spécialiste du traitement et de la valorisation des déchets, de la société MTB Manufacturing, spécialisée dans le recyclage de déchets complexes basé en Isère, et du CEA-Liten implanté à Grenoble, expert reconnu en transition énergétique.

Une équipe d'une dizaine de salariés a démarré les travaux de R&D depuis déjà plusieurs mois avec une double ambition, construire deux pilotes industriels hydro-métallurgiques d'ici à 2023. Le premier, dédié au pré-traitement des batteries, sera opérationnel en fin d'année tandis que le second permettra de purifier et de récupérer séparément les matières. "Le projet est programmé sur trois ans et le fait d'être sur des technologies de rupture nous promet un bel avenir", escompte Régis Mathieu. "Nous sommes entrain de concevoir de petits pilotes à l'échelle de la paillasse de laboratoire afin d'extraire les matières."

25 emplois à court terme, 3.000 emplois à long terme

Un objectif bas carbone est recherché pour parvenir à une empreinte environnementale réduite grâce à une production moins énergivore et à un taux de recyclage élevé. Orano Mining annonce la création de 25 emplois à Bessines pour superviser les essais des pilotes semi-industriels jusqu'en 2023. L'industrialisation de cette technologie pourrait ensuite donner naissance à une véritable filière française.

Orano

L'équipe de R&D intégrera le nouveau Centre d'innovation en métallurgie extractive à Bessines-sur-Gartempe. (crédits : Orano)

"L'exploitation industrielle du procédé en 2024 ou 2025 devrait créer 3.000 emplois directs et un millier d'emplois indirects avec un objectif de recyclage de batteries de plus de 150.000 véhicules en 2030" annonce-t-il. "Le consortium pourrait traiter 9.000 à 12.000 tonnes par an de matériaux nécessaires à la fabrication de cathodes", précise-t-il. "On peut imaginer la mise en œuvre de plusieurs unités de production dédiées à la mise en sécurité des batteries, à la concentration de la matière, à la purification des métaux recyclables et à la fabrication des batteries."

L'équipe intégrera d'ici fin juin le bâtiment de 8.300 m2 du CIME qui vient d'être livré, un investissement de 30 millions d'euros. Les 75 salariés seront désormais regroupés sur un seul site. Les deux pilotes semi-industriels seront construits dans ces nouveaux locaux.

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Commentaires 2
à écrit le 18/06/2021 à 21:45
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Encore un futur gouffre financier en l'absence de protectionnisme économique sur les importations de déchets manufacturés à l'étranger... notamment en Chine. Pour que la revalorisation des batteries usagée soit économiquement viable, il faut né...

à écrit le 18/06/2021 à 11:59
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On sait déjà que question production des batteries et extraction des terres rares qui vont avec, l'Asie et spécialement la Chine ont à qcqs % près, le monopole alors que la mobilité électrique qui n'en est qu'à ses débuts, est en train de fortement m...

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