Papeterie de Bègles : les ex-salariés en quête de soutien pour amorcer leur projet de reprise

L’association Avenir Papeterie de Bègles, qui défend un projet de réindustrialisation de la Papeterie de Bègles autour de l'économie circulaire, ne baissera pas les bras d’ici au 31 juillet. Bien qu’exclue des négociations entre le groupe Etex, actuel propriétaire du site, et Global Hygiène jusqu’à cette date, elle cherche des soutiens politiques et financiers pour construire son modèle économique. 40.000 euros seraient nécessaires pour amorcer le reprise.
La Papeterie de Bègles est implantée depuis 1929 aux portes sud de Bordeaux, dans le périmètre de l'opération d'aménagement Euratlantique.
La Papeterie de Bègles est implantée depuis 1929 aux portes sud de Bordeaux, dans le périmètre de l'opération d'aménagement Euratlantique. (Crédits : DR)

Le groupe Etex, qui a annoncé en 2020 son retrait de la Papeterie de Bègles entraînant plus de 90 licenciements, a beau être en négociation exclusive avec la société Global Hygiène jusqu'au 31 juillet dans le cadre d'un projet de réindustrialisation, l'association Avenir Papeterie de Bègles ne baisse pas les bras. Sept groupes de travail ont été formés et des réunions hebdomadaires sont organisées pour parler structure, organisation, gouvernance et marchés. Constituée d'anciens salariés, elle continue à travailler sur son projet, baptisé Origami, dont l'enjeu consiste à développer une filière de valorisation régionale des vieux papiers et cartons dans un soucis d'économie circulaire.

Lire aussi : Papeterie de Bègles : deux projets de reprise, dont l'un porté par un collectif de salariés

"Sachant que nous ne pouvons pas échanger avec Etex, nous mettons ce temps à profit pour monter un projet pertinent, notre idée étant d'évoluer en Scop |société coopérative et participative] ou en Scic [société coopérative d'intérêt collectif] pour, ensuite, entrer en négociation avec Etex", explique Bernard Fournié, co-fondateur de l'association, consultant en transformation des entreprises et ancien dirigeant de l'agro-alimentaire.

"Concrètement, le 31 juillet, nous saurons si nous pouvons aller plus loin", ajoute Claude Duthil, président de l'association et ancien salarié du site de Bègles qui a fermé ses portes fin mars.

Plusieurs étapes et un volet formation

En attendant, l'association qui vient de lancer son site Internet communique autour de son projet qui, à ce stade, prévoit un redémarrage des installations début 2022 pour une montée en puissance progressive du site de Bègles en trois phases. "Il s'agirait de commencer par propose de la matière première, à savoir de la fibre, pour ensuite valoriser de la matière de très faible qualité en la transformant en produits à forte valeur ajoutée ", explique Bernard Fournié. L'isolation et l'agriculture font parties des pistes explorées. "Dans un premier temps, la Chine qui fait face à un déficit de papier et carton pour ses emballages pourrait constituer un débouché en attendant qu'il réorganisent leurs filières. Nous avons reçu des courriers d'intention", explique Bernard Fournié.

L'association Avenir Papeterie de Bègles inclut également un volet formation à son projet. Elle se dit prête à héberger un CFA pour développer des compétences. "Le papier est un métier d'avenir. Or, dans le Sud-Ouest, il n'y a plus d'école de papetier. Je suis, pour ma part, contremaitre de fabrication et j'ai reçu deux offres d'emploi ces derniers jours à Grenoble et Strasbourg. Les papetiers purs retrouvent du travail mais les compétences partent et il n'y a plus de personnes formées", explique Claude Duthil.

PAPETERIE DE BEGLES

PAPETERIE DE BEGLES

La Papeterie de Bègles de l'intérieur (DR).

40.000 euros nécessaires d'ici fin août

Pour sa phase d'amorçage, l'association a toutefois besoin de financements. Les dépenses jusqu'à fin août ont été estimées à 40.000 euros pour couvrir en particulier les besoins en audit et en conseil juridique. Ainsi, l'association, qui est ouverte aux dons via la plateforme Helloasso, sollicite également les collectivités (Région Nouvelle-Aquitaine, ville de Bègles, Bordeaux Métropole) sur un montant en subvention de 34.000 euros. "Les collectivités ne doivent pas passer à côté de cette opportunité. Nous avons un outil utile et dans l'ère du temps", insiste Jean Jacques Bordes, membre de l'association.

Sur le principe, comme elle le précise dans un courrier adressé à la mairie de Bègles, l'association rappelle que "la demande de subvention n'a pas vocation à impliquer la collectivité dans un projet concurrent de Global Hygiène puisqu'elle a un devoir de neutralité vis-à-vis de la sphère privée". En revanche, "la démarche de l'association peut permettre de réaliser partiellement, à travers un cas concret, un diagnostic de la filière locale de recyclage des vieux papiers et à explorer une solution alternative au risque de déshérence industrielle."

Le travail bénévole a, pour sa part, été évalué à 36.000 euros, et les travaux de Néo Green Pulp, repreneur qui s'était finalement retiré et avait rétrocédé ses droits à l'association, à 45.000 euros. Budget global : 127.500 euros. "Nous ne pouvons pas tout faire bénévolement", déclare l'association qui fait état de 3.000 visites de son site Internet une semaine après son lancement.

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En négociation avec Etex, Global Hygiène, fabricant de papier hygiénique et d'essuie-tout à destination des professionnels, porte un projet de production de ouate de cellulose recyclée. Le dirigeant de l'entreprise qui dispose de deux sites de transformation à Dijon et Angers met en avant le succès du lancement de la papeterie de Charavines, en Isère, en 2020 et un marché de l'hygiène en croissance. "Cela nous permet d'avoir une vision à long terme", assure Luc Brami.

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