
Avec l'ouverture au public du pont Simone Veil, la mise en service de la première ligne de bus à haut niveau de service (BHNS) entre la gare Saint-Jean et la commune de Saint-Aubin-du-Médoc en juin prochain sera l'un des temps forts des mobilités à Bordeaux Métropole en 2024. Initiée en 2015 pour 150 millions d'euros, cette ligne de 21 km, pour moitié seulement en site propre, desservira le nord-ouest de l'agglomération et vise pas moins de 50.000 voyageurs quotidiens grâce à un flotte de 40 bus express 100 % électriques permettant un passage toutes les cinq minutes en heure de pointe. Mais ça c'est la théorie, puisqu'en pratique il manquera une partie des 40 bus promis lors de l'inauguration de la ligne !
L'enjeu crucial de l'autonomie
Selon les informations de La Tribune, les élus de Bordeaux Métropole ont appris la nouvelle avec consternation. VDL Bus & Coach, le fournisseur retenu fin 2021 par la commission d'appel d'offres, leur a fait part d'un problème de fabrication entraînant de six à neuf mois de retard pour la livraison de la totalité de la flotte. Le constructeur néerlandais n'est pourtant pas un amateur puisqu'il affiche 25 ans d'expérience et revendique le titre de leader européen avec 14 % des immatriculations de bus électriques en Europe au premier semestre 2022. Le constructeur a déjà déployé plus de 1.300 bus électriques dans 77 villes européennes.
Cliquez sur la carte pour l'agrandir. Le BHNS doit relier la gare Saint-Jean à Saint-Aubin en une heure (crédits : Bordeaux Métropole).
Et si le Néerlandais avait obtenu les faveurs des élus bordelais au détriment de son concurrent français Heuliez, basé dans les Deux-Sèvres, c'est pour une question d'autonomie. « Ces bus auront une autonomie de 180 km qui permet de prévoir une charge longue au dépôt la nuit et une rapide au terminus sans recharge sur le parcours. », explique Clément Rossignol-Puech, le vice-président de Bordeaux Métropole à la stratégie des mobilités. Et c'est précisément cette innovation qui est mise en avant par VDL pour justifier les retards, rappelant les mauvais souvenirs de l'alimentation par le sol du tramway bordelais qui a longuement marqué les premières années d'exploitation. Mais l'élu écologiste embraye aussitôt : « Nous assumons d'avoir pris le risque de cette innovation mais nous ne portons pas le risque industriel ! Nos avocats sont au travail pour que le contrat soit respecté en temps et en heure ou, le cas échéant, en termes d'indemnités. »
Qu'est-ce que le bus express ? Avec un coût de sept millions d'euros du km, contre 27 millions d'euros pour le tramway, le bus à haut niveau de service (BHNS) ou bus express séduit les élus bordelais. Sept lignes, dont trois circulaires sur les boulevards et la rocade, sont ainsi programmées d'ici dix ans pour construire un réseau de 150 kilomètres. Le bus express doit se démarquer par sa qualité de service : matériel roulant neuf, tracé en site propre autant que possible avec priorité aux feux et rond-points et stations multi-services. De quoi promettre une régularité, une disponibilité et une vitesse commercial identique à celle du tramway.
« Des discussions au plus haut niveau »
Il s'agit d'un contrat de 40 millions d'euros pour la fourniture de 40 bus dont le premier véhicule doit être livré dès janvier 2024 pour effectuer les tests à blanc sur la ligne. « Les discussions sont en cours au plus haut niveau de la Métropole et j'ai bon espoir que le premier bus soit bien livré en janvier et que plusieurs autres véhicules soient là pour la mise en service en juin. Ensuite, nous discutons d'un échelonnement pour la livraison du reste de la flotte », ajoute Clément Rossignol-Puech.
Les travaux du BHNS se poursuivent dans le centre-ville de Bordeaux, comme ici le 31 août. (crédits : MG /La Tribune)
Et si une partie des bus express manquera bien à l'appel lors de l'inauguration, les élus métropolitains assurent que le service sera assuré en recourant à des véhicules classiques. « Pour l'instant, oui, il y assez de bus pour assurer l'exploitation entre Saint-Aubin-de-Médoc et la gare même si avoir des véhicules nouveaux et anciens, ce n'est clairement pas la meilleure des formules pour commencer l'exploitation d'une nouvelle ligne », juge ainsi Christophe Duprat, le maire (LR) de Saint-Aubin-de-Médoc et ancien vice-président aux transports de Bordeaux Métropole.
Contactée par La Tribune, VDL Bus & Coach n'a pas répondu.
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