Recyclage des textiles : Plaxtil consolide son activité avec des micro-usines

Les projets ne manquent pas chez Plaxtil, à Châtellerault dans la Vienne. Au-delà de collecter des masques qu’elle transforme en objets, l’entreprise a signé des partenariats avec deux acteurs du prêt-à-porter pour transformer leurs déchets textiles en cintres dans une logique 100 % circulaire et s’apprête à lancer la vente de matière sur catalogue à destination des industriels. L’entreprise prévoit également de créer des usines proches de gisements de déchets textiles identifiés.
Plaxtil transforme les masques et les déchets textiles en une matière plastique.
Plaxtil transforme les masques et les déchets textiles en une matière plastique. (Crédits : Plaxtil)

L'entreprise Plaxtil, créée en 2019 à Châtellerault, avait fait parler d'elle en pleine crise sanitaire en proposant le recyclage des masques usagés. "Cette période a eu un effet booster du point de vue de la notoriété comme des volumes récoltés", reconnaît Olivier Civil, co-fondateur de l'entreprise. 25 millions de masques ont ainsi été recyclés et 20 tonnes de plaxtil produit, ce nouveau matériau apparenté à un polymère. "Nous sommes rentables à l'issue de notre premier exercice", confie Olivier Civil. Mais alors que l'usage des masques a fortement diminué, l'activité de l'entreprise n'a pas suivi le même chemin. Et pour cause : Plaxtil ne recycle pas seulement les masques, elle utilise également les déchets textiles. Elle tisse des partenariats et multiplie les débouchés pour diversifier et sécuriser son modèle.

Trois modèles économiques

"Nous avons trois modèles économiques", détaille Olivier Civil. "Nous vendons, sur notre site Internet, des boîtes pour la collecte des masques et des textiles que les clients nous renvoient une fois remplies. En retour, ils reçoivent un kit d'objets en plaxtil (contraction de plastique et textile) preuve du recyclage. Nous travaillons également sur des projets avec des marques partenaires, Kiabi et Lacoste. Selon une logique 100 % circulaire, leurs déchets textiles sont transformés en objets qu'ils réutilisent eux-mêmes, des cintres dans les deux cas. Enfin, nous allons lancer la vente de matière sur catalogue à destination des industriels."

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Cette troisième activité débute avec un temps d'avance par rapport au calendrier prévu par Plaxtil qui tablait sur 2024 ou 2025. "La pénurie de matières premières et la hausse des prix poussent les industriels à chercher de nouvelles matières. Le polypropène a par exemple augmenté de 47 % depuis le début de l'année", explique Olivier Civil, convaincu, dans ce contexte, de la pertinence du concept Plaxtil.

Au delà du BtoB, Plaxtil souhaite, dans le même temps, poursuivre dans le BtoC. L'entreprise a testé avec l'entreprise Patatam (récemment rebaptisée Rediv) la création d'objets grand public sous la marque Yet, toujours à partir de textiles. "Nous souhaitons aller plus loin avec cet acteur spécialisé dans l'habillement de seconde main avec qui nous sommes en discussion stratégique", assure Olivier Civil.

Au final, Plaxtil se positionne sur la transformation de textiles en petites billes de matière et la fabrication d'objets. Mais elle envisage aussi de s'appuyer sur des sous-traitants pour la fabrication de matières sur catalogue. "La composition de la matière va dépendre du déchet récupéré et ça, il n'y a que nous qui savons faire, mais sur certaines matières qualifiées, il sera possible de travailler avec des industriels partenaires", précise Olivier Civil. Dans certains cas également, comme avec Kiabi, un contrat tripartite pourra être mis en place entre l'émetteur de textile, Plaxtil et un injecteur. "Les injecteurs sont d'ailleurs très intéressés par ce matériau pour leurs propres gammes", souligne Olivier Civil.

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Plaxtil

Le recyclage des masques n'est qu'une partie de l'activité de Plaxtil. (Crédits : Plaxtil).

Des usines proches des gisements

Parmi les nouveautés à venir, Plaxtil prévoit par ailleurs de s'appuyer sur des usines d'environ 1.000 m2 positionnées à proximité de gisements identifiés. Objectif  : augmenter ses propres capacités de production. Quatre unités sont d'ores et déjà envisagées à Châtellerault près de l'usine pilote, dans le sud de la France en Nouvelle-Aquitaine ou en Occitanie ou encore dans les Hauts de France. Chacune d'elle nécessitera un investissement de 1,5 million d'euros et emploiera près de 30 personnes dont dix en insertion, via l'entreprise Essaimons, créée par Plaxtil en 2021.

Pour concrétiser ses projets et notamment la création de ces usines, Plaxtil entend lever deux millions d'euros en equity et trouver des financements complémentaires à hauteur de 1,5 million. "Nous n'avons pas besoin de 10 millions d'euros. Dès que la première usine sera lancée, elle produira. Il y aura donc une rentrée d'argent", explique Olivier Civil. L'entreprise Plaxtil emploie actuellement une dizaine de personnes dans son atelier de Châtelleraut.

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