Une reprise mitigée pour l'économie et l'emploi en Nouvelle-Aquitaine

Au jeu des projections de la reprise économique, la santé de l'emploi offre un indicateur significatif. En Nouvelle-Aquitaine, le taux d'inactivité a été divisé par deux entre avril et mai dernier et l'augmentation du chômage s'estompe largement. Même si l'offre d'emplois intérimaires a chuté de 36% par rapport à l'an passé, la reprise a bel et bien démarré avec, notamment, l'arrivée des soldes d'été. Tour d'horizon des estimations.
Maxime Giraudeau
(Crédits : Agence APPA)

La reprise économique a certes été amorcée avec le déconfinement mais elle n'aura pas permis de retrouver le niveau normal avant l'été. C'est ce que révèlent les indicateurs relatifs à l'offre d'emplois intérimaires, au chômage et au chômage partiel en Nouvelle-Aquitaine, respectivement établis par Prism'emploi, Pôle emploi et le Cercle Perspectives, ainsi que les enquêtes menées par la Banque de France et la CCI Bordeaux Gironde.

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Jean-Philippe Romero, porte-parole du Cercle Perspectives, qui compte 17 cabinets d'expertise comptable associés en régions, pointe les secteurs sinistrés. "Le domaine des arts et spectacles et les activités d'hébergement-restauration sont particulièrement touchés. Le sujet important c'est la capacité de ces structures à redémarrer, avance-t-il. En hôtellerie et restauration ce sont beaucoup de CDD et de contrats saisonniers, et là on voit vraiment l'impact social avec un différé d'embauche et une baisse des effectifs."

La première étude, conduite par Prism'emploi, compare les chiffres de l'emploi intérimaire de juin 2020 en Nouvelle-Aquitaine par rapport à juin 2019 et fait ressortir une tendance à la baisse de -36 %. La moyenne se situant à -39 % au niveau national. Néanmoins, la reprise se poursuit puisqu'après une hausse de 8 % en mai 2020 par rapport à mai 2019, la croissance est semblable en juin 2020 sur un mois. 130.000 emplois intérimaires équivalent temps plein ont ainsi été recréés dans la région, ne compensant cependant qu'un tiers des emplois détruits du secteur. La Charente-Maritime et la Haute-Vienne sont les départements les plus frappés avec des baisses respectives de -46 % et -44 % par rapport à juin 2019. Juste derrière, la Gironde affiche une baisse de -40 %. A l'inverse, la Creuse et le Lot-et-Garonne limitent la casse (-20 % et -19 %). A noter que les secteurs de l'industrie (-42 %) et des services (-46 %) sont les plus touchés par la baisse d'emploi intérimaire dans la région.

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Ralentissement du chômage

La deuxième étude, proposée par le Cercle Perspectives et traitée par INIT, constate une baisse de moitié du taux d'inactivité dans la région qui tombre de 52 % à 26 % entre avril et mai 2020, très proche de la moyenne nationale à 27 %. La conséquence logique de la reprise de l'activité dans les entreprises et de l'abandon croissant des mesures de chômage partiel. Le taux d'inactivité prend en compte l'activité partielle des salariés, l'arrêt maladie et les congés payés. Les 77.000 bulletins de paie de salariés néo-aquitains analysés par l'organisme montrent cette fois une certaine homogénéité entre les départements. Tous comptent entre 15 et 21 % de salariés en activité partielle en mai 2020.

De leur côté, la Direccte et Pôle emploi annoncent une augmentation du nombre de demandeurs d'emploi de 0,2 % en Nouvelle-Aquitaine entre mai et juin 2020. Par rapport à 2019, la hausse est en revanche bien plus marquée (+4,2 %). L'augmentation brutale qui avait atteint 3 % en mars puis 4,1 % en avril, par rapport au mois précédent, poursuit sa décrue initiée en mai avec seulement +1,2 %. Le nombre de demandeurs d'emploi en catégorie A (sans emploi récent) diminue de 5,9 % par rapport à mai 2020, mais a largement augmenté depuis un an (+16,8 %). Les catégories B et C (exerçant une activité réduite) voient leur nombre de demandeurs augmenter de 12,4 % entre mai et juin 2020. Il y a donc aujourd'hui 530.990 demandeurs d'emploi en catégories A,B et C en Nouvelle-Aquitaine.

Cours de l'intendance Vs Porte Dijeaux

La Banque de France Nouvelle-Aquitaine, ensuite, a interrogé les dirigeants d'entreprise des secteurs de l'industrie et des services marchands pour qu'ils estiment où se situe leur niveau d'activité par rapport à une période normale. Pour les deux, les résultats néo-aquitains sont légèrement supérieurs, avec des niveaux estimés à 87 % et 82 % du niveau habituel, aux moyennes nationales (83 % et 79 %). Le sondage note que le fort rebond survenu en avril et mai suite au confinement a tendance à s'estomper en juin. Elle souligne également que "l'activité reprend de façon très dynamique dans le bâtiment où la quasi-totalité des chantiers sont rouverts", avant de nuancer que "l'inertie ne permet toutefois pas un retour immédiat au niveau d'avant crise." Une tendance confirmée par l'étude de l'Observatoire du BTP en Gironde qui relève que la baisse moyenne du chiffre d'affaires du secteur est de -2.5 % en Nouvelle-Aquitaine.

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De son côté, la Chambre de commerce et d'industrie de la Gironde a réalisé un sondage auprès de 129 commerçants du centre-ville de Bordeaux pour mesurer leur satisfaction sur les soldes d'été. Si 53 % se disent effectivement satisfaits de leur activité durant cette période, des disparités s'observent selon les rues. Quand 61 % des commerçants du cours de l'Intendance répondent favorablement, ils sont, à l'inverse, 71 % dans la rue de Porte Dijeaux à exprimer un mécontentement sur leurs ventes. Ainsi, sur les 129 commerçants interrogés, 71% déclarent une baisse de chiffre d'affaires pendant les soldes, contre 54% l'an passé.

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Au niveau national, la tendance à la reprise est effectivement visible, puisque, à l'instar de la Nouvelle-Aquitaine, le taux d'inactivité a été divisé par deux (de 50 à 27 %) entre avril et mai 2020. L'étude du Cercle Perspectives souligne également que les TPE ont été plus agiles dans leur reprise d'activité que les plus grosses entreprises. "Au mois d'avril, la TPE était la plus utilisatrice du dispositif d'activité partiel. En mai, c'est elle qui a repris le plus rapidement son activité", constate Jean-Philippe Romero. A noter que les catégories socio-professionnelles les plus touchées par la baisse d'emplois intérimaires en France, sont les cadres et professions intermédiaires (-40 %) et les employés (-46 %). Pour le chômage, Pôle emploi constate une baisse du nombre de demandeurs d'emploi d'1,2 % au niveau national, alors que la tendance est toujours à la hausse en Nouvelle-Aquitaine. L'incertitude sera donc toujours de mise à la rentrée.

Maxime Giraudeau

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