Léa Nature, un des deux leaders du marché bio en France, se démarque par l'éthique

Avec près d'une vingtaine de marques au compteur, Léa Nature s'impose comme un super poids lourd sur les marchés du bio en France. Cette société, devenue l'an dernier "entreprise à mission", a intégré la philanthropie dans son développement. Elle vient ainsi de faire basculer Jardin Bio, sa marque phare dans l'alimentaire, en mode "étic", et met la dernière main à un programme d'investissement de 100 millions d'euros lancé en 2017.
Charles Kloboukoff
Charles Kloboukoff (Crédits : Mélanie Chaigneau)

Léa Nature, fondée en 1993 par Charles Kloboukoff, qui la dirige, a réussi en moins de 30 ans à discrètement se hisser au premier rang du marché des produits bio en France. Un secteur en pleine explosion où le groupe charentais-maritime, installé à La Rochelle, s'est attaché jusqu'ici à occuper un maximum de segments de marché. Alimentation, santé et diététique, beauté et hygiène... jusqu'à l'entretien de la maison : au fil du temps Léa Nature a déployé la bagatelle de dix-huit marques, dont six pour le seul secteur alimentaire, même si Jardin Bio reste son vaisseau amiral.

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Avec cette stratégie, Charles Kloboukoff, diplômé d'une école de commerce et issu de la grande distribution, a cherché à réduire son exposition au risque tout en occupant un maximum de segments sur le marché tricolore des produits naturels et bio. Quand on l'interroge sur l'impact du Covid-19, le dirigeant, dont le groupe (consolidé par la holding Compagnie Biodiversité), affiche une croissance moyenne de +15 % par an, pour un chiffre d'affaires consolidé de 450 millions d'euros en 2019, revient sur les éléments clés de la dynamique de Léa Nature :

"La crise du Covid a eu des effets très contrastés mais ne nous a pas épargné puisque nous avons perdu 15 à 20 % d'activité sur trois mois. Le secteur des cosmétiques, qui génère un peu plus de 26 % de notre activité, a été le plus touché. Tandis que le secteur alimentaire à survendu, avec tous ces produits de fonds de placards comme les pâtes, la farine... dont les ventes ont explosé. Notre activité de produits traiteurs a moins performé. Sur l'année 2020, nous devrions perdre entre 3 et 4 % de croissance, avec un chiffre d'affaires qui devrait rester bien orienté, entre +9 et +10 %", anticipe Charles Kloboukoff.

Resserrer le riche catalogue produits de Léa Nature

S'il n'entre pas dans les détails, le dirigeant annonce que cette stratégie de saturation du marché des produits naturels et bio, cette dernière spécialité couvrant 95 % des produits, touche à sa fin.

"Notre marché est très diversifié et l'heure de se recentrer a sans doute sonné. L'idée c'est de resserrer nos objectifs et ce virage devrait se négocier au cours des deux ans qui viennent. Il va consister à renforcer certaines activités et à se retirer d'autres", indique Charles Kloboukoff sans plus de détails.

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A titre d'illustration, il n'est pas inutile de savoir que la gamme des produits pour le corps (hygiène/beauté) englobe à elle seule 77 références (gels douche, shampoings, crèmes douche, liniments, etc.). il reste que la nouvelle stratégie du groupe fournit des indices éclairants sur ce mouvement qui a déjà été amorcé.

Bascule progressive en vert du parc véhicules

Devenue "entreprise à mission" depuis l'an dernier, Léa Nature intègre désormais dans sa raison sociale un volet philanthropique. Léa Nature participe ainsi au mouvement "1 % for the planet" qui consiste pour les entreprises à reverser 1 % de leur chiffre d'affaire annuel au profit d'associations engagées dans des actions de protection de l'environnement.

"Nous nous appuyons sur le Réseau du 1 %, qui compte 500 associations en France et à l'étranger, et qui valide notre programme environnemental. Nous étions treize entreprises françaises dans ce réseau en 2007 et nous sommes aujourd'hui 600 ! La philanthropie environnementale est devenue un enjeu majeur. L'obligation d'être une entreprise de plus en plus vertueuse dans la protection de l'environnement est inscrite dans nos statuts. Notre plan RSE (responsabilité sociétale des entreprises) est réactualisé tous les deux ans », éclaire le président fondateur.

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La flotte du groupe, constituée de près de 450 véhicules, va ainsi voir disparaître tous ses diesels pour une mutation accélérée vers des formules hybrides ou tout électrique, tout en conservant une partie essence.

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Le marché des fruits et légumes mais aussi des produits transformés bio explose.

Etic : l'alimentaire s'y met après les cosmétiques

En se transformant en "entreprise à mission", Léa Nature a donné une forme plus visible à la philosophie initiale du groupe, qui a pris encore plus d'épaisseur avec la création de la marque de produits cosmétiques So'Bio étic. Cette première étape sur le marché s'est avérée concluante et a été validée en 2020 par la mise en rayons cet été d'une toute nouvelle marque : Jardin Bio étic.

"C'est un projet que nous avons lancé en novembre 2018 et qui se concrétise depuis juillet 2020. Il devrait être achevé d'ici mars-avril 2021. Jardin Bio est notre marque fanion, à l'origine de près de 200 M€ de chiffre d'affaires. Adopter le marquage étic signifie que nous allons tenir un plus grand nombre d'engagements vis-à-vis des filières avec lesquelles nous travaillons, qu'il s'agisse d'abandonner tout type de substance indésirable, comme par exemple l'huile de palme, ou d'adopter un « nutri-score » afin de valoriser un bio encore plus éthique", déroule le fondateur.

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Son objectif : conduire Léa Nature sur un créneau bio haut de gamme, synonyme de qualité, pour échapper à la concurrence qui explose désormais dans les produits bio premier prix.

Cinq sites de production sur neuf en Nouvelle-Aquitaine

"Le bio est en train de sortir de son statut de marché de niche pour devenir quelque chose de puissant", confirme le dirigeant. Le patron de Léa Nature classe sa marque Jardin Bio en deuxième position nationale, derrière Bjorg, qui appartient au groupe néerlandais Wessanen, qui a racheté il y a quelques jours Danival, à Andiran, PME lot-et-garonnaise qui a été une authentique pionnière du bio en France.

"Nous détenons neuf sites de production, dont cinq se trouvent en Nouvelle-Aquitaine, à La Rochelle, et en Lot-et-Garonne, à Bazens, Damazan et Monflanquin. Sur les 1.500 salariés du groupe, nous employons 800 personnes à La Rochelle, 160 en Lot-et-Garonne, ainsi que 180 commerciaux", souligne Charles Kloboukoff.

Léa Nature privilégie les approvisionnements français mais notre pays ne génère pas encore assez de production bio pour couvrir tous ses besoins. D'où la nécessité pour la société bio néo-aquitaine de faire encore des achats ailleurs en Europe, en particulier en Allemagne ou en Italie.

Des rachats d'entreprise qui restent d'actualité

La pandémie de coronavirus n'a pas stoppé l'ambitieux programme d'investissement pluriannuel du groupe rochelais, qui va se solder au final par l'injection de près de 100 millions d'euros dans l'entreprise.

"Nous avons pris un peu de retard sur nos deux derniers sites et au lieu d'être bouclé en 2020, ce programme d'investissement 2017-2020 sera achevé en début d'année prochaine", éclaire le PDG, qui complète en soulignant que Léa Nature est depuis l'an dernier installé aux Etats-Unis, après avoir planté son drapeau il y a deux ans en Belgique et en Espagne.

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Actuellement le groupe rochelais écoule principalement 50 % de ses produits bio via la grande distribution et 30 % via les circuits spécialisés bio. La croissance externe est un moteur puissant pour le développement de Léa Nature qui continue à étudier des dossiers. Comme l'illustre Charles Kloboukoff, sur 450 millions d'euros de chiffre d'affaires, 180 millions sont issus de la croissance externe.

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