Bordeaux Métropole se dote d'un label de qualité pour la construction

Pour éviter que la phase intense de construction de logements que connaît aujourd’hui Bordeaux Métropole ne soit ternie par un manque de qualité, les professionnels viennent de s’engager à respecter un ensemble de bonnes pratiques codifiées dans une charte qui ouvre sur un nouveau label.
Programme "Collection" de Bouygues au Bouscat (Bordeaux Métropole)

"Alain Juppé est excusé. Il est à Paris pour défendre le GPSO (Grand projet ferroviaire du Sud-Ouest). La ligne à grande vitesse Bordeaux-Toulouse doit être réalisée" a tout d'abord prévenu ce vendredi 9 février Michel Duchêne, adjoint au maire de Bordeaux, qu'il représentait, vice-président de Bordeaux Métropole en charge des projets d'aménagement urbain. Michel Duchêne a ensuite remis la genèse la charte "Bien construire à Bordeaux Métropole" dans son contexte.

"Cette charte du bien construire, que nous allons signer, est le résultat d'un an et demi d'une réflexion équilibrée, qui intègre les réalités des uns et des autres. Des organismes non invités ont protesté, mais il fallait que nous soyons opérationnels tout en respectant la diversité des intervenants dans l'acte de construire. Et je le précise, parce que ce n'est pas anodin, toutes les sensibilités politiques de la Métropole ont voté pour cette charte, qui a eu l'assentiment des maires de toutes les communes de la Métropole" a bien souligné l'élu.

Une charte qui ne dégrade pas les performances

En plus de Bordeaux Métropole, cette charte implique de grands acteurs du marché immobilier : Fédération des promoteurs immobiliers Aquitaine Poitou-Charentes (FPIAPC), Fédération française du bâtiment (FFB) de la Gironde, Agence qualité construction (AQC), Ordre des architectes (OA).

"La collectivité ne peut pas porter seule l'intérêt général, d'où la concertation ouverte avec d'autres acteurs. C'est pourquoi je salue la participation de nos partenaires. Cette charte conforte Bordeaux Métropole et son dynamisme, consolide sa capacité à faire, à construire..." a de son côté éclairé Jaques Mangon, maire de Saint-Médard-en-Jalles et vice-président de Bordeaux Métropole en charge de l'urbanisme réglementaire et de la stratégie foncière.

Marie-Ange Gay-Ramos, président de la FFB de la Gironde, s'est félicité de son côté que sa fédération, qui représente - a-t-elle précisée - 5.000 entreprises et 28.000 salariés dans le département, ait pu être "pour la première fois" invitée par Bordeaux Métropole. Soulignant au passage que l'élaboration de cette charte représentait un travail de longue haleine. La présidente de la FFB de la Gironde a estimé que la concertation enclenchée pour aboutir à la charte avait permis "d'arriver à un véritable équilibre sur la question des prix", la charte permettant de contrôler ce poste stratégique entre tous "sans dégrader les performances économiques ni la qualité".

La FPIAPC a décidé de jouer le jeu

Marie-Ange Gay-Ramos a tenu à être très claire quant à la position de la FFB.

"Les entreprises ont trop longtemps été la variable d'ajustement de l'acte de construire. Mais tout le monde a besoin de gagner de l'argent. Nous avons tiré les conclusions de la crise de 2008. Obtenir des effets positifs, concrets, c'est un travail de longue haleine. Les bureaux d'étude technique ne sont pas associés à cette charte et je parle un peu pour eux" a tenu à compléter la présidente.

Président de la FPIAPC, Alain Ferrasse est confronté à de nouvelles tensions, en particulier avec la sensibilité politique incarnée depuis 2014 dans la Métropole par Jacques Mangon qui, tout en soutenant la construction de nouveaux logements, s'est ému avec force de la montée des prix lors de la dernière assemblée générale de l'Observatoire immobilier du Sud-Ouest (Oiso), n'hésitant pas à lancer un avertissement aux promoteurs. Même s'il n'y pas de relation directe de cause à effet, ces derniers ont ensuite publié un placard publicitaire dans la presse quotidienne appelant à soutenir l'effort de construction. D'où l'importance de la présence de la FPIAPC lors de la signature de cette charte.

Un suivi des programmes immobiliers après livraison

"Nous avons tous été bien conscients que c'était compliqué au départ. Nous n'étions pas dans une logique collective. Mais il y a eu une bonne ambiance pendant la mise au point de cette charte, ça s'est bien passé. Nous ne voulions pas que cette charte soit un renchérisseur de prix" a relevé Alain Ferrasse, visiblement satisfait du travail accompli.

La pression des habitants de la Métropole sur les questions d'urbanisme ne se relâche pas et les élus ont intégré dans la charte un mécanisme de contrôle, qui doit permettre aux habitants d'exercer, à la livraison, un an après puis trois ans après, un suivi des constructions neuves, en particulier en matière d'efficacité énergétique.

"La difficulté est de se soumettre au verdict populaire de nos clients, de les accompagner après la construction. La qualité d'usage doit primer. Avec cette charte nous avons un outil qui doit permettre aux promoteurs à faire face aux enjeux de demain, et en particulier convaincre les Bordelais qu'il faut de la densité, même si elle est modérée, avec par exemple des immeubles à deux étages. Faute de quoi nous allons rater l'opportunité d'accompagner le développement de cette métropole" a développé Alain Ferrasse.

 "Accepter la densité près de chez soi"

Cette charte du "Bien construire à Bordeaux Métropole" va se doubler par la création d'un label du même nom qui sera accordé pour une période de trois ans, au terme de laquelle il pourra être éventuellement perdu. "Nous allons créer un comité de pilotage pour que cette charte puisse se mettre en place" a précisé Michel Duchêne, avant que le directeur de l'urbanisme à Bordeaux Métropole, Jean-Baptiste Rigaudy, précise qu'en 2018 20 à 30 opérations immobilières, publiques ou privées, seraient suivies, à l'initiative des communes comme des promoteurs.

Dans le cadre de l'application de la charte, un référent de Bordeaux Métropole devra être nommé dans chaque commune métropolitaine. Si le consensus est de mise, les différences d'appréciations persistent. Alors que Michel Duchêne est d'accord avec Alain Ferrasse pour estimer qu'il est important "de faire accepter la densité près de chez soi", Jacques Mangon entend nuancer le propos. "C'est juste un petit complément. Il ne faut pas parler de densité, mais plutôt de l'objectif : la lutte contre l'étalement urbain, que la densité est un moyen d'atteindre" a recadré le maire de Saint-Médard-en-Jalles. Pas sûr qu'il s'agisse là d'une simple question de rhétorique. Autre règle novatrice, qui devrait permettre de mieux contrôler la qualité : le sous-traitant d'un sous-traitant ne pourra plus faire appel à un sous-traitant supplémentaire. Revenant sur l'implication des habitants dans le contrôle des nouveaux logements, Michel Duchêne a observé : "Nous n'avons pas de leçons à donner aux promoteurs ou aux constructeurs"...

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Commentaire 1
à écrit le 15/02/2018 à 6:23
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Il ne s'agit pas de la qualité de la construction mais d'urbanisme, très différent. J'ai eu quelques secondes d'espoirs de voir des logements neufs sans défaut. Ça sera pour plus tard.......peut être

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