« L'hydrogène vert garde bien évidemment toute sa place dans le mix énergétique » (Pascale Boyer)

INTERVIEW. « L'hydrogène connaît des hauts et des bas, c'est normal. Mais ce que je vois aujourd'hui ce sont des industriels qui continuent à développer leurs projets et qui continuent à être soutenus », affirme Pascale Boyer, la présidente du groupe d'études « énergies durables et hydrogène » de l'Assemblée nationale. Venue en Gironde inaugurer l'usine de piles à hydrogène de HDF Energy, la députée (Hautes-Alpes, Renaissance) mène également une mission d'information sur la décarbonation des transports européens et anime des rendez-vous trimestriels avec les entreprises de la filière hydrogène.
La députée Pascale Boyer (Hautes-Alpes, Renaissance) préside le groupe d'études « énergies durables et hydrogène » de l'Assemblée nationale. Elle était présente à Blanquefort, en Gironde, le 30 mai, pour l'inauguration de l'usine de piles à hydrogène d'HDF Energy.
La députée Pascale Boyer (Hautes-Alpes, Renaissance) préside le groupe d'études « énergies durables et hydrogène » de l'Assemblée nationale. Elle était présente à Blanquefort, en Gironde, le 30 mai, pour l'inauguration de l'usine de piles à hydrogène d'HDF Energy. (Crédits : Pascale Boyer)

LA TRIBUNE - La filière de l'hydrogène traverse une forme de doute ou de désillusion après l'euphorie de 2022. Partagez-vous ce sentiment ?

Pascale BOYER - Non, l'hydrogène n'avance peut-être pas aussi vite qu'on le souhaiterait mais c'est vrai pour toute technologie émergente. La volonté politique, les fonds publics et bien-sûr la volonté et la capacité des industriels sont bien au rendez-vous ! Donc il n'y a aucune raison que la filière hydrogène ne fonctionne pas, il faut juste se laisser un peu de temps. Cette inauguration de l'usine HDF Energy en est la meilleure preuve. C'est un bel exemple d'une technologique qui fonctionne, d'un projet industriel initié et porté par une entreprise privée et des financements privés, grâce à une entrée en bourse. Et, désormais, le financement européen obtenu dans le cadre du PIEEC (Projets importants d'intérêt européen commun) permettra d'aller chercher des marchés à l'international.

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Malgré tout, les investissements réellement engagés aujourd'hui sont loin des objectifs assignés à l'hydrogène par les pouvoirs publics il y a deux ans...

L'hydrogène connaît des hauts et des bas, c'est normal. Mais ce que je vois aujourd'hui ce sont des industriels qui continuent à développer leurs projets et qui continuent à être soutenus par des fonds privés et publics. Après, effectivement, il y a la question du coût de production et de la compétitivité de l'hydrogène vert européen. C'est un frein qu'il faudra lever et cela passera notamment par le développement des énergies renouvelables et de toutes les infrastructures indispensables à la massification des usages de l'hydrogène. Le coût des électrolyseurs est évidemment un sujet puisque l'hydrolyse entraîne mécaniquement un coût supplémentaire. Maintenant, si vous massifiez la production de ces équipements vous devriez réduire leur coût de production par des économies d'échelle.

Paris et Bruxelles ont-elles vu trop grand et trop vite pour l'hydrogène ?

Effectivement, la part de l'hydrogène vert dans le mix énergétique n'est peut-être pas à la hauteur des espérances que nous avions mais, attention, nous n'avons que deux ans de recul, c'est normal que tout cela prenne un peu de temps. L'hydrogène vert garde bien évidemment toute sa place dans le mix énergétique même s'il y a encore des discussions pour savoir s'il faut le produire en Europe ou ailleurs. Et n'oublions pas que nous avons aussi la possibilité de produire de l'hydrogène gris [hydrogène produit à partir de gaz naturel, NDLR], qui est bien évidemment plus carboné que l'hydrogène vert mais qui permet néanmoins d'engager la transition vers la décarbonation.

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Les industriels de l'hydrogène ont-ils des raisons de s'inquiéter d'un moindre soutien public de la filière ?

Non, il n'y a aucune inquiétude ! La majorité présidentielle soutient l'idée d'un mix énergétique équilibré dans lequel l'hydrogène est là pour répondre à un certain nombre de besoins. On s'était peut-être tous lancés tête baissée dans l'hydrogène, qui semblait un mot un peu magique. Aujourd'hui, il faut bien se rendre compte que l'hydrogène concernera surtout la décarbonation des mobilités lourdes et de l'industrie mais ne pourra répondre à tous les usages.

Nous ne sommes qu'au tout début de l'histoire. Il y a besoin de financements publics pour soutenir le démarrage d'une filière innovante, et il y en a eu au niveau français et européen, mais je crois aussi à la capacité des industriels à se regrouper pour travailler sur les technologies et les économies d'échelle.

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