« L'expert en RH va devenir un influenceur au sein des comités de direction »

ENTRETIEN. Sur un marché qui frôle le plein emploi, les entreprises développent de nouvelles politiques de ressources humaines pour capter et fidéliser salariés et compétences. La fonction RH devient aussi prégnante que stratégique comme l'explique Sophie Chabasse, directrice de l'Isfogep (Institut supérieur de formation à la gestion du personnel) à Limoges.
Pour Sophie Chabasse, directrice de l'ISFOGEP, « Les entreprises travaillent sur la marque employeur pour attirer et fidéliser des talents. » (crédits : Isfogep)
Pour Sophie Chabasse, directrice de l'ISFOGEP, « Les entreprises travaillent sur la marque employeur pour attirer et fidéliser des talents. » (crédits : Isfogep) (Crédits : ISFOGEP)

LA TRIBUNE - Quels sont les nouveaux enjeux en termes de RH dans une France qui connaît presque le plein emploi ?

SOPHIE CHABASSE - Aujourd'hui, les entreprises sont confrontées à un problème d'attractivité et de recrutement. Elles travaillent sur leur marque employeur et réfléchissent à la façon de se démarquer pour attirer et fidéliser des talents. Les nouveaux enjeux sont nombreux, la digitalisation des process RH, la flexibilité, l'intelligence artificielle, le travail hybridé, la semaine de quatre jours, le maintien dans l'emploi des seniors, l'intergénérationnel... À cela s'ajoutent la politique de santé, en particulier mentale, la qualité de vie au travail, la prévention des risques psychosociaux, les enjeux relatifs à l'inclusivité, aux discriminations, à l'égalité hommes femmes. Nous sensibilisons aussi nos étudiants à la transition écologique et à la crise énergétique qui impactent les RH. Nous formons des cadres RH aux transformations des organisations, aux nouveaux modes de management de type agile pour qu'ils deviennent des influenceurs au sein des comités de direction.

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Comment ces futurs responsables RH envisagent-ils la mise en place de la semaine de quatre jours ?

Les étudiants sont extrêmement intéressés par ce sujet car la semaine de quatre jours signifie trois jours libres. Cette génération est en recherche d'équilibre vie professionnelle et vie personnelle pour avoir une certaine qualité de vie. Ils ne veulent plus donner 200 % de leur temps au travail comme leurs parents. On ressent donc une appétence chez eux et un regard bienveillant pour être force de proposition et mettre en place la semaine de quatre jours dans les entreprises. Comme elle propose cet équilibre, il y a obligatoirement implication des salariés qui sont engagés et mobilisés pour l'entreprise. La semaine de quatre jours favorise la quête de sens et correspond à la forte recherche de sens au travail.

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De nouveaux modes de travail ont émergé avec le confinement, qu'en reste-t-il ?

Je trouve que le télétravail est un sujet un peu tabou et suspecté. La direction d'entreprises revient un peu sur ce dispositif et préfère avoir ses collaborateurs sur place. Au début, les salariés y voyaient une organisation assez sympathique mais ils étaient très contents de revoir leurs collègues. Face à l'enjeu climatique, le télétravail est un atout pour diminuer les transports, réduire le temps de trajet et le stress. Ce n'est la solution miracle en raison de l'isolement de la personne qui peut créer un mal être. Il faut que le modèle soit adapté à la stratégie de l'entreprise et à la santé mentale des personnels. Il y aura peut-être plusieurs modèles.

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Qu'est-ce qui a changé aujourd'hui dans la manière de recruter ?

Les jeunes diplômés négocient plus ! Les recrutements ne se font plus comme avant où l'entreprise proposait un poste et vérifiait si les compétences du candidat correspondait. Maintenant, l'entreprise qui a un besoin de personnel cherche à attirer des candidats et certains répondent « je ne viendrai pas chez vous ! ». Les entreprises n'étaient pas habituées à ça. Les jeunes sont en recherche de valeurs, notamment la responsabilité sociétale, ils veulent savoir le sens qui sera donné à leur travail. Maintenant, ils sont acteurs de leur insertion. Et dans le cadre du plein emploi, ils sont vraiment dans une posture de choix et pas seulement par rapport au salaire mais aussi face aux valeurs que défend l'entreprise.

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Nouvelle offre pédagogique à l'Isfogep

Depuis 1975, l'Isfogep forme à Limoges des experts de la gestion des ressources humaines (RH). Initiée par les CCI, cette école privée a été précurseur. Elle fait partie du groupe 3IL qui forme 600 à 700 étudiants par an. Le Mastère « Manager des ressources humaines » (titre niveau 7), propose une nouvelle maquette pédagogique, depuis le 23 octobre 2023, suite au renouvellement de sa certification. Le but était de s'adapter aux attentes des entreprises quant aux nouveaux enjeux RH notamment la RSE. Ce diplôme se prépare en deux ans en formation continue ou initiale, en alternance ou en reconversion. Elle s'adresse aux titulaires d'un Bac +3 et cadres RH voulant monter en compétences. Le Bachelor « Gestionnaires RH » se prépare en un an après un Bac +3. Pour 100 places disponibles par an, 150 à 180 candidatures sont reçues dont 65 % de Nouvelle-Aquitaine. Le taux de diplômés atteint 95 % pour un taux d'insertion de 97 % à six mois.

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Commentaire 1
à écrit le 11/01/2024 à 9:56
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C'est une profession, c'est un poste qui devrait être la pierre angulaire de l'entreprise mais qui s'est faite beaucoup trop humilier par les exigences seulement comptables des propriétaires de capitaux et d'outils de production qui veulent seulement...

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