En meilleure santé, le confiturier Lucien Georgelin reste en position délicate

Le confiturier Lucien Georgelin annonce un chiffre d'affaires record de 76 millions d'euros réalisé en 2023. De quoi retrouver de la confiance chez les dirigeants alors que l'entreprise de 230 salariés est toujours en redressement judiciaire. Les bons résultats annoncés ne garantissent pas pour autant de faciliter les négociations. Explications.
Maxime Giraudeau
Lucien Georgelin annonce 76 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2023, un record, en hausse de 4 % par rapport à 2022.
Lucien Georgelin annonce 76 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2023, un record, en hausse de 4 % par rapport à 2022. (Crédits : Lucien Georgelin)

« La situation s'est bien rétablie. Tout le monde pense que l'entreprise est au plus mal, mais les résultats sont bons, très bons même. » Il n'y a pas que de l'autopersuasion derrière les mots de Lucien Georgelin mais désormais des chiffres. L'entreprise annonce avoir réalisé 76 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2023, un record, en hausse de 4 % par rapport à 2022. Et surtout, des bénéfices.

Un résultat qui doit encore être prouvé à la barre du tribunal mais l'agro-industriel lot-et-garonnais l'assure à La Tribune : « Ça nous permet de retrouver une certaine confiance. » Ce mardi 26 mars, les représentants de l'entreprise ont rendez-vous devant le tribunal de commerce d'Agen pour une audience intermédiaire dans le cadre de la procédure de redressement judiciaire initiée en juillet 2023.

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Le confiturier emploie 230 personnes, sans compter les employés intérimaires, à Virazeil dans le Lot-et-Garonne et distribue ses produits dans les enseignes de la grande distribution en France. En 2022, l'entreprise a enregistré un second résultat net négatif consécutif, avec près de 5 millions d'euros de pertes. Désormais, les dettes avoisinent les 50 millions d'euros selon la direction.

Des dettes à assumer seul

Un passif lourd mais que le fondateur de la marque veut relativiser. « On a 30.000m2 de bâtiments avec des lignes de production très performantes, on travaille avec toute la grande distribution, on continue à innover... La dette, on doit pouvoir l'absorber si on nous donne un petit coup de main », avise-t-il.

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Mais aujourd'hui encore, le confiturier se refuse à ouvrir son capital à des investisseurs ou des sociétés de l'agroalimentaire pour retrouver du souffle. Selon nos informations, la coopérative Terres du Sud s'était positionnée pour suggérer un projet de reprise... mais l'offre n'a pas reçu un accueil favorable. Le groupe basé à Agen se dit toujours ouvert aux discussions malgré les réticences. Alors, sera-t-il plutôt question d'une renégociation de la dette avec les créanciers ? La piste n'est pas évoquée par la défense de Lucien Georgelin qui marche sur des œufs. « Notre objectif c'est de sortir de la procédure collective avant l'été, expose Me Christophe Dejean. L'entreprise a su démontrer en 2023 sa capacité à rebondir, désormais elle entre dans le cadre de l'élaboration de son plan de redressement. »

L'hypothèse d'une renégociation sera quoi qu'il en soit difficile à défendre face aux créanciers. La santé dite retrouvée de l'entreprise peut laisser penser qu'elle est désormais capable d'assumer son passif sans avoir recours à des mécanismes de refinancement. Et peut ainsi provoquer le refus des organismes de créance de faire un geste. Paradoxalement, les résultats encourageants arrivent un peu tôt pour le confiturier.

Indépendant à tout prix

Une situation évocatrice des difficultés des marques agroalimentaires indépendantes qui souffrent de l'inflation et d'une baisse de la consommation, à l'instar de la Coopérative laitière de la Sèvre récemment rachetée. La Région Nouvelle-Aquitaine était intervenue sur ce dossier pour mettre en contact des repreneurs potentiels. Une médiation qu'elle souhaitait également initier avec Lucien Georgelin.

« Face à une dette importante, il y a une nécessité à ouvrir le capital, ce qui permettra de sauver l'entreprise », évoquait Alain Rousset à La Tribune l'été dernier au sujet d'un « dossier très compliqué qui relève d'une histoire humaine ». La Région souhaitait alors verser une aide chiffrée à 1,7 million d'euros conditionnée à l'ouverture du capital.

Une option difficile à considérer pour le fondateur. « On est en train de réfléchir à des choses, mais j'ai travaillé pendant 40 ans pour bâtir cette entreprise, j'aimerais qu'on me laisse le droit de pouvoir faire mes choix. Je ne décevrai personne, je ne suis pas un financier. Si j'avais voulu la vendre pour me faire de l'argent je l'aurais fait, mais je veux que cette entreprise dure », se justifie-t-il, alors qu'un directeur général a été nommé en février pour travailler au rebond de la structure. L'entreprise dispose encore de quatre mois maximum pour faire valider son plan de redressement, puisque sa période d'observation ne pourra pas être prolongée au-delà.

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Maxime Giraudeau

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