Maïsadour accentue son virage vers l'agroécologie

Fort de la croissance de ses activités, Maïsadour, groupe agroalimentaire coopératif du Sud-Ouest, investit dans la plantation de haies, la diversification de ses cultures ou encore le développement des énergies renouvelables. Avec l'objectif ambitieux de « devenir une référence environnementale » dans le monde agricole en atteignant la neutralité carbone en 2045.
La coopérative Maïsadour a des filiales dans 50 pays sur les quatre continents et compte plus de 4.300 salariés et plus de 5.000 agriculteurs adhérents.
La coopérative Maïsadour a des filiales dans 50 pays sur les quatre continents et compte plus de 4.300 salariés et plus de 5.000 agriculteurs adhérents. (Crédits : Maïsadour)

« Alors que les effets du changements climatiques sont désormais bien visibles en France comme ailleurs dans le monde, se traduisant à la fois par des périodes de sécheresse comme de fortes pluies en ce moment, qui cause le retard de toutes les cultures, surtout au Nord de l'Europe, nous nous fixons l'objectif de devenir une référence environnementale. » L'ambition formulée par Christophe Bonno, directeur général de Maïsadour, est forte. Et ce à très court terme, d'ici 2030, soit juste avant le centième anniversaire, en 2036, du groupe agricole et agroalimentaire de Haut-Mauco, près de Mont-de-Marsan dans les Landes. « Nous avons les moyens d'atteindre cette Ambition 2030, le nom de notre nouveau plan stratégique, car notre groupe va bien, juge-t-il, révélant une hausse de 4,2% du chiffre d'affaires annuel, à 1,475 milliard d'euros, mais surtout une amélioration de 35% du résultat net.

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« Le précédent plan stratégique, Boost, décliné dans chaque activité, a permis de réaliser plus de 20 millions d'euros d'économies », ajoute le directeur général de l'immense coopérative, qui a des filiales dans 50 pays sur les quatre continents et compte plus de 4.300 salariés et plus de 5.000 agriculteurs adhérents. Des adhérents que Maïsadour compte accompagner encore mieux dans « leur transformation, qui sera synonyme de rentabilité », estime Daniel Peyraube, président du groupe, qui tient son nom, rappelons-le, de sa culture initiale, le maïs, et son bassin de production, l'Adour.

Diversifier les cultures

Et de détailler quelques-uns des nombreux chantiers en cours, que ce soit le développement d'autres cultures, tels que les pois, haricots blancs et rouges, pour façonner des steaks végétaux par exemple, mais aussi le soja, remplaçant celui importé, pour nourrir les animaux, ou du coton. « Nous accompagnons nos adhérents dans l'évolution de leurs méthodes de production, plus respectueuses de la terre. Nous souhaitons par exemple réduire la consommation d'engrais de 50 % d'ici 2030 », énumère le président. Afin d'atteindre cet objectif singulier, alors que l'utilisation d'utiliser du glyphosate vient d'être prolongé par Bruxelles, Maïsadour incite ses agriculteurs à planter des variétés plus résistantes, mais aussi à revenir à des méthodes ancestrales comme l'utilisation de couverts végétaux (des fleurs et plantes semées entre deux cultures), le recours à l'épandage ou encore la plantation de haies et d'arbres.

« Nous ne pouvons relever le défi du changement climatique qu'ensemble sur notre territoire », souligne, en guise de plaidoyer, celui qui est lui-même agriculteur dans les Landes. Comme l'ensemble du monde agricole, le groupement fait face au défi de trouver des repreneurs pour les exploitations adhérentes, alors qu'un agriculteur sur deux part à la retraite dans les prochaines années.

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La neutralité carbone en 2045

Si le groupe n'affirme pas d'objectifs financiers chiffrés dans son nouveau plan stratégique, il est très précis concernant ses objectifs environnementaux. « Nous visons une réduction de nos émissions de 25 % d'ici 2030 (par rapport à 2021) et la neutralité carbone en 2045, soit cinq ans avant le plan national. Nous estimons avoir la capacité de réduire nos émissions de 43 % à cet horizon et travaillons au captage et au stockage des tonnes de CO2 incompressibles », affirme Christelle Fozy, directrice du développement durable. Avec son équipe de huit personnes, elle vient de terminer les « 70 bilans carbone détaillés de l'ensemble de nos entités. Nous sommes prêts pour le tsunami des réglementations environnementales à venir ». La coopérative table aussi sur 50 % d'électricité renouvelable d'ici 2025.

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L'ensemble des investissements, une trentaine de millions par an, sont désormais jaugés au « prisme carbone ». Et aussi sociétal, à en croire, les récents développements dans le pôle élevage, dont les produits -volailles, truite, saumon et foie gras- sont mieux connus sous leurs marques grand public, notamment Delpeyrat et Comtesse du Barry. Ainsi, en septembre, l'agrandissement du site gersois de Aignan, coûtant quatre millions d'euros, a débuté pour accueillir les robots qui analyseront les œufs des canards dès février prochain. « Grâce à cette technologie, le sexe de l'animal peut être identifié dans l'œuf pour faire naître uniquement les mâles qui seront commercialisés », explique Jean-Louis Zwick, responsable du pôle agricole.

Et de faire le point sur la grippe aviaire, qui a durement touché la région. « Après la vaccination, qui empêche la transmission, mais pas la maladie, nous observons moins de foyers. Mais décembre et janvier, lorsque les oiseux migrateurs reviendront, seront déterminants. Les consommateurs n'ont pas besoin d'être inquiets pour Noël en tout cas ». Au-delà, les perspectives de l'activité foie gras sont plus floues, depuis le refus cet été de l'autorité de la concurrence au projet de mariage avec Euralis. Maïsadour entend « explorer d'autres voies afin de redresser cette filière touchée depuis plusieurs années ».

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