Le groupe coopératif Maïsadour teste ses premières plantations de coton

Le groupe coopératif Maïsadour a lancé des tests de culture du coton qui se sont achevés en septembre. Les besoins extravagants de cette plante textile, qui réclame successivement des pluies abondantes et une forte sécheresse, rendent l'entreprise délicate. Maïsadour coopère par ailleurs avec un spécialiste en textile et coton : l'entreprise plus que centenaire Tissage Moutet, à Orthez.
Plantation de coton
Plantation de coton (Crédits : Reuters)

Des voyageurs nord-américains ont déjà eu l'occasion de faire part à Bordeaux de la surprise qu'ils avaient eu en tombant sur les grandes étendues et les multiples plantations de maïs qui criblent le territoire des Landes de Gascogne. En plus de cette « corn belt », le paysage de l'ex-Aquitaine risque encore plus de frapper les imaginations si les premiers essais de culture du coton s'avèrent positifs. Ce qui n'est pas encore gagné étant donné les besoins très particuliers de cette plante. Avec le coton, Maïsadour (1,2 milliard d'euros de chiffre d'affaires en 2021/4.800 salariés) s'attaque à un virage technique autrement plus relevé que l'acclimatation du maïs.

"Un petit événement a eu lieu fin septembre sur nos terres landaises : c'était la première fois que l'on récoltait du coton à la main sur une parcelle d'un demi-hectare située non loin de Souprosse. La seconde année de culture a été la bonne pour ce projet expérimental porté par Fabien Skiba, directeur recherche et innovation du pôle agricole de Maïsadour, et ses équipes", indique la direction du groupe coopératif landais.

Avant de préciser que le coton est également cultivé dans les pays méditerranéens, de l'Espagne à la Grèce en passant par l'Afrique du Nord et la Turquie.

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Une plante qui a besoin d'une forte sécheresse pour mûrir

"Pour ce projet Maïsadour, les semis ont été réalisés en avril. La suite était loin d'être évidente, car le cotonnier nécessite une période de pluie abondante lors de la pousse puis de la chaleur, ainsi qu'une intense sécheresse au moment de la maturation", poursuit la direction du groupe.

Ce tableau végétal a quelque chose d'inquiétant pour un pays encore tempéré et une région habituellement bien arrosée comme la Nouvelle-Aquitaine, qui a été violemment secouée par un été 2022 ultra sec qui a livré la forêt aux flammes. Mais l'agriculture ne tolère pas vraiment l'à-peu-près et exige une connaissance parfaite des conditions de cultures, quelles qu'elles soient.

"Pour cultiver le coton, il faut pas mal d'unités chaleur. L'année que nous avons vécue nous a plutôt aidés pour amener le coton à maturité", relève Fabien Skiba, qui confirme la poursuite des essais. "Nous allons remettre en culture pour confirmer les résultats pour la deuxième année de suite."

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Partenariat de Maïsadour avec Tissage Moutet

Pour se donner une chance supplémentaire de réussir ce pari expérimental, le patron du service recherche et innovation du pôle agricole de la coopérative a noué un partenariat avec Tissage Moutet, à Orthez (Pyrénées-Atlantiques), qui tisse depuis 1919 du linge basque et du linge Jacquard (nappes, serviettes, torchons...) et qui pourrait être l'un de ses clients pour le coton. Création, teinture des fils, tissage, confection : Tissage Moutet assure la création de ses modèles en faisant appel à des designers qui peuvent à leur tour mobiliser l'usine béarnaise et faire tisser leurs propres séries, pour l'habillage de meubles par exemple.

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Sa réputation permet à Tissage Moutet, qui emploie 32 salariés et dont le nouveau dirigeant Benjamin Moutet (5e génération) a refusé de délocaliser malgré les grandes difficultés qui ont failli couler l'entreprise, de tisser aujourd'hui pour des musées internationaux ou des chefs étoilés. Maïsadour a ainsi choisi une entreprise de référence, labélisée Atelier d'Art de France et Entreprise du Patrimoine Vivant, pour l'épauler dans ses tests sur la culture du coton.

"Le coton que nous travaillons aujourd'hui vient principalement d'Inde. Pour retrouver une matière première locale, il ne faut rien exclure comme opportunité. Nous souhaitons explorer cette piste, et je me félicite que Maïsadour mette son équipe à disposition pour en étudier la faisabilité", commente Benjamin Moutet.

Pour cette récolte 2022 tout va désormais se jouer dans les Hautes-Pyrénées (Occitanie), puisque c'est l'école d'ingénieurs de Tarbes qui va analyser la longueur et la résistance de ce coton. S'il est jugé filable, la prochaine l'étape sera de transformer cette matière première en fil.

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