NetCarbon propose aux agriculteurs de valoriser le CO2 capté par leurs terres

Et si les agriculteurs étaient rémunérés pour séquestrer davantage de CO2 ? C'est l'idée que propose la startup bordelaise NetCarbon, pour lutter contre le changement climatique tout en encourageant une agriculture plus durable.
(Crédits : NetCarbon)

S'appuyer sur les images satellites pour calculer les volumes de CO2 stockés par les terres agricoles et proposer aux agriculteurs de valoriser cette séquestration sur le marché volontaire du carbone : telle est l'ambition portée par Basile Goussard et Adrien Mazeau, les cofondateurs de la startup bordelaise NetCarbon.

Accompagnée depuis novembre 2021 par Bordeaux Technowest, la jeune pousse a déjà séduit le programme spatial européen Copernicus, qui l'a primée en décembre dans le cadre du concours Copernicus Master, ainsi que l'entreprise américaine Planet, qui lui a décerné un prix spécial à cette même occasion. "Un vrai coup de pouce" qui a convaincu les deux associés du bien-fondé de leur projet : "On n'est pas les seuls à y croire !", sourit aujourd'hui Basile Goussard.

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Et "la bonne nouvelle" reçue le 29 mars dernier ne fait que conforter cette ambition : la startup vient d'intégrer l'incubateur de l'Agence spatiale européenne, l'ESA (Agence spatiale européenne) Bic Sud France. "Nous allons bénéficier du réseau de l'agence, pouvoir échanger avec des entreprises partout en Europe, profiter des conseils avisés des experts de l'ESA et du Cnes [Centre national d'études spatiales]", se réjouit Basile Goussard. "Et, plus tard, accéder probablement plus facilement à des marchés à l'export."

Mesurer automatiquement le CO2 capté

Résolus à œuvrer à la fois contre le réchauffement climatique et en faveur d'une agriculture plus durable, les deux associés ont construit un indicateur qui permet de mesurer la quantité de carbone séquestrée dans les sols, à partir de photos satellites et de capteurs implantés un peu partout en Europe. "L'intérêt ? Si on sait mesurer, alors on peut valoriser !", dixit le cofondateur.

NetCarbon

Les deux cofondateurs de NetCarbon (crédits : NetCarbon).

C'est donc la proposition que NetCarbon adresse aux agriculteurs, dont les terres recèlent un fort potentiel de séquestration : une plateforme numérique via laquelle ils pourront quantifier le CO2 capté depuis trois ans. Sur cette base, la startup peut suggérer un programme d'amélioration des pratiques, pour augmenter ce taux de séquestration.

"Nous travaillons en partenariat avec des cabinets de conseil en agroécologie et des acteurs spécialisés, par exemple dans le semis de couvert végétal ou l'agroforesterie", poursuit Basile Goussard, précisant que "la mise en place d'un couvert végétal permet de capter environ une tonne équivalent CO2 par hectare". Avec à la clé, la possibilité de vendre les crédits carbone générés, sur le marché volontaire, via la marketplace que la startup est en passe d'intégrer à sa plateforme.

Les premières ventes de crédits carbone attendues en juin prochain

C'est d'ailleurs sur ces ventes que NetCarbon fonde son modèle économique, en prélevant 20 % des recettes générées par les agriculteurs. "Nous tenions à ce que le service soit gratuit pour les utilisateurs, qui fixent eux-mêmes le prix de la tonne du CO2. L'objectif est bien qu'ils tirent des revenus complémentaires grâce à NetCarbon", précise Basile Goussard, qui espère pouvoir réaliser les premières transactions dès le mois de juin 2022. Déjà "une petite quinzaine d'agriculteurs" sont engagés dans la démarche, la majorité opérant dans le secteur des grandes cultures.

La suite ? Enrichir l'outil pour automatiser "la détection des bonnes pratiques", projet pour lequel la startup est financièrement soutenue par la Région Nouvelle-Aquitaine. "Nous développons une nouvelle brique pour identifier, toujours à partir des données satellites, les facteurs qui expliquent les évolutions des bilans carbone : pourquoi la séquestration est meilleure sur cette parcelle ? Parce que l'agriculteur a posé un couvert végétal ? Parce qu'il a planté des arbres ? Son terrain a -t-il été labouré ?" Pour bâtir le système qui permettra de répondre automatiquement à ces questions et valider son modèle, NetCarbon compte d'ailleurs recruter un chercheur agronome. Ainsi qu'un développeur, pour améliorer l'expérience utilisateur de son site.

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"Nous aimerions contribuer au stockage d'un million de tonnes de CO2 dans les cinq prochaines années", dessine d'ores et déjà Basile Goussard, chiffrant le chiffre d'affaires potentiel à 10 millions d'euros. D'ici là, les deux cofondateurs ciblent une quinzaine de recrutement dans les trois prochaines années.

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Commentaire 1
à écrit le 06/04/2022 à 11:10
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Une bonne idée, de toutes façons tout ce qui peut faire ouvrir les yeux aux agriculteurs conventionnels sous une forme ou une autre, et non les injonctions stupides écolos qui on se demande si 'elles sont véritablement intentionnées écologiquement, e...

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