Bordeaux : le plan d'arrachage des vignes attend toujours le feu vert de Bruxelles

Attendu pour le 24 septembre, le feu vert de la Commission européenne au plan d'arrachage sanitaire de 9.300 hectares de vigne dans le vignoble bordelais devrait tomber courant octobre. Bruxelles a demandé un complément d'information, ce qui rallonge les délais.
Cette demande d'arrachage était au centre de la manifestation viticole du 6 décembre 2022 à  Bordeaux.
Cette demande d'arrachage était au centre de la manifestation viticole du 6 décembre 2022 à Bordeaux. (Crédits : Agence Appa)

« Les viticulteurs qui sont volontaires ne vont pas commencer à arracher leur vigne demain matin ! La mobilisation à la pré-inscription pour cette campagne d'arrachage sanitaire a titre définitif a été menée à bien et nous restons sur les délais initialement prévus. Que la réponse de la Commission européenne concernant cette campagne d'arrachage sanitaire tombe dans deux ou trois semaines ne changera pas grand-chose », temporise Thierry Mazet, directeur de la Chambre d'agriculture de la Gironde.

Dans le détail et selon plusieurs sources concordantes, Bruxelles à demandé avant la date butoir du 24 septembre un supplément d'informations au ministère de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire sur ce plan d'arrachage à titre définitif. Tant semble-t-il pour s'assurer du caractère réellement irréversible de ce plan d'arrachage, que de sa nature sanitaire.

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Le plan de financement direct de ce plan d'arrachage sanitaire définitif à  57 millions d'euros a été négocié par l'Etat et les viticulteurs bordelais, avec également au final une intervention de la Région. Dans l'immédiat, l'Etat s'est engagé sur un montant de 30 millions d'euros et le Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB) à hauteur de 19 millions d'euros. Soit un total de 49 millions d'euros qui seront portés à 57 millions en cas de besoin. Dans cette hypothèse l'Etat a annoncé qu'il augmenterait sa participation à 38 millions d'euros.

Empêcher la contamination du vignoble

Ces montants vont être complétés à hauteur de 10 millions d'euros sur plusieurs années par la Région par le biais du Feader (Fonds européen agricole pour le développement rural), que cette collectivité gère désormais en direct. Soit au total une enveloppe globale qui pourrait grimper jusqu'à 67 millions d'euros. Lors de la phase de pré-inscription à cette campagne, 1.000 dossiers de demande d'arrachage sanitaire définitif, représentant 9.300 hectares de vigne, ont été enregistrés. Une opération primée à hauteur de 6.000 euros par hectare arraché. C'est l'ensemble de ce dispositif d'arrachage sanitaire, avec ses 1.000 pré-inscriptions, que doit valider la Commission européenne.

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Il ne s'agira pas, comme on le voit, d'une simple formalité. En particulier parce qu'il n'est plus possible d'arracher de la vigne dans l'Union européenne pour des raisons économiques et qu'il faut désormais un motif sanitaire pour motiver ce type d'opération. Viticulteur en Pomerol et porte-parole de la Confédération paysanne en Gironde, Dominique Techer estime que c'est bien là que se trouve le point faible du plan.

Bruxelles aurait un doute sur la nature du plan d'arrachage

« Avant le 24 septembre Bruxelles a demandé des précisions supplémentaires quant à la nature sanitaire de ce plan d'arrachage. La Commission européenne veut être certaine que cette opération n'est pas motivée par des raisons économiques », insiste avec une certaine ironie Dominique Techer, qui estime quant à lui que l'argument sanitaire de ce plan d'arrachage n'est pas fondé.

Du côté de l'Etat comme du CIVB cette campagne d'arrachage a au contraire pour objectif de lutter contre la multiplication de parcelles de vignes laissées à l'abandon faute de rentabilité économique. Ces parcelles livrées à elles-mêmes, avec des vignes qui ne sont plus traitées, se transformant en foyers infectieux où vont se développer des maladies dangereuses pour le vignoble, comme la flavescence dorée. Du côté de la préfecture, on indique toujours espérer les premières indemnisations liées à l'arrachage d'ici la fin de l'année 2023. Et les représentants de la filières assurent également qu'il n'est pas question pour Bruxelles de dire non à ce plan en l'état. La question est néanmoins posée.

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