
Les représentants de l'imposant consortium de partenaires constitué pour lancer le démonstrateur Vitisolar, parmi lesquels le Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB), se sont retrouvés ce mardi 19 septembre à l'Institut supérieur de la vigne et du vin (ISVV), à Villenave-d'Ornon (Bordeaux Métropole), qui dépend de l'Université de Bordeaux. Cette installation sur 2.000 m2 doit permettre de produire de l'énergie renouvelable dans les vignes.
« La filière vitivinicole est très touchée par le changement climatique. Vitisolar est un projet expérimental et trans-filière installé au-dessus d'une vigne âgée de plus de dix ans. L'objectif est de protéger la vigne tout en produisant une énergie renouvelable », a exposé Martin Leÿs, directeur Action régionale Nouvelle-Aquitaine d'EDF.
Objectif de la réunion de ce 19 septembre : inaugurer Vitisolar, un démonstrateur sans équivalent, et lancer officiellement ce projet de recherche déjà sur les rails, qui va s'étaler sur cinq ans. Le budget de 2,7 millions d'euros fédère de nombreux soutiens, à commencer par l'Union européenne et la Région Nouvelle-Aquitaine. Sans entrer dans les détails, Abraham Escobar-Guttierez, président de l'Inrae (Institut national de recherche en agriculture et environnement), Nouvelle-Aquitaine, à Poitiers, qui avait fait le voyage à Bordeaux Métropole, a évoqué des négociations « longues et difficiles » avec la Région, qui ont finalement abouti. L'Ademe confirme qu'il s'agit d'une infrastructure qui a coûté cher et se félicite qu'elle ne contienne pas une miette de béton.
Ils protègent la vigne de la grêle mais aussi du soleil...
Vice-président de l'Université de Bordeaux, Etienne Duguet, qui représentait le président Dean Lewis, a souligné qu'il s'agissait d'un projet « coconstruit » avec un « co-investissement », soulignant en substance :
« L'ISVV doit devenir l'un des lieux totems des énergies renouvelables à l'Université de Bordeaux ».
L'originalité de Vitisolar c'est que ses 260 panneaux solaires ne sont pas disposés en bordure de parcelle mais bien au-dessus de la vigne ! À cinq mètres de hauteur exactement, sur un énorme portique en acier conçu par Arcelor Mittal qui donne l'impression d'être indestructible.
Equipés d'un système de poursuite de la lumière développé par Exosun (société innovante girondine rachetée par Arcelor Mittal), ces panneaux solaires sont faits pour suivre d'eux-mêmes la course du soleil et avoir une productivité maximale.
« Cette installation protège la vigne de la grêle et même d'un surcroît de pluie. Les panneaux sont orientables, nous pouvons les rabattre pour tout fermer en hauteur ou les ouvrir et laisser passer le soleil. Ces panneaux protègent également la vigne contre le soleil. Nous avons calculé la hauteur pour que les machines à vendanger ou les autre types d'engins puissent passer sans problème. Pour les grêlons, nous avons testés ces panneaux avec des vents de 100 kilomètre/heure en le bombardant de balles de ping-pong », détaille Thibault Veyssière, responsable régional Ouest d'EDF Renouvelables.
Pendant cinq ans un examen minutieux en continu
Le démonstrateur va être mis à l'épreuve pendant cinq ans, pendant lesquels il sera examiné sous toutes les coutures. Au point que la zone d'expérimentation inclut une portion de la parcelle située juste avant l'installation photovoltaïque.
« Nous allons étudier le bilan énergétique mais aussi tout le reste. Comment l'eau circule dans les rangs de vigne, au-dessous de l'installation. Comment vont évoluer la faune et la fore, au-dessous des panneaux photovoltaïques, et avant les panneaux.... Ces panneaux, fabriqués par Photowatt sont français. Et toute l'installation est démontable : nous devons pouvoir l'enlever au bout de cinq ans », décrit par le menu Axel Becker, responsable nouvelles technologies solaires au sein d'EDF renouvelables.
David Amblevert, représentant la Chambre d'agriculture de la Gironde, a souligné que la chambre consulaire était totalement impliquée dans cette démarche, tandis que Jean-Pierre Raynaud, vice-président de la Région, a confirmé que, face au réchauffement climatique, il fallait augmenter encore la résilience des exploitations et des cultures
Dans tous les cas, ce démonstrateur à vocation nationale doit servir de banc de tests pour l'ensemble des projets d'installation de centrales solaires dans les vignobles.
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