Agrivoltaïsme dans les vignes : le démonstrateur Vitisolar devrait être opérationnel début 2023

Le pilote photovoltaïque Vitisolar, porté par l'Inrae Nouvelle-Aquitaine, EDF et Ampex - entre autres - devrait être opérationnel pour le prochain cycle de la vigne, sur une parcelle de merlot implantée à Villenave-d'Ornon, près de Bordeaux. Les partenaires testeront ensuite pendant cinq ans l'impact des panneaux sur la production viticole, et leur rôle protecteur, notamment contre la grêle et le gel.
Ici en photo, le domaine de Nidolères, à Tresserre (Pyrénées-orientales), et la société Sun Agri ont installé dès 2018 4,5 hectares de structures agri-photovoltaïques dynamiques sous lesquelles ont été plantées des vignes.
Ici en photo, le domaine de Nidolères, à Tresserre (Pyrénées-orientales), et la société Sun Agri ont installé dès 2018 4,5 hectares de structures agri-photovoltaïques dynamiques sous lesquelles ont été plantées des vignes. (Crédits : CC by Boris-Yvan Dassie)

Booster la production viticole, voire la qualité du vin, grâce à des panneaux photovoltaïques implantés au cœur des vignes : l'option sera-t-elle bientôt possible, voire souhaitable, pour les vignerons ? Elle est en tout cas à l'étude, à travers le projet de démonstrateur agriphotovoltaïque Vitisolar, en cours de construction à Villenave-d'Ornon (Bordeaux Métropole). Aux manettes : l'Inrae Nouvelle-Aquitaine, EDF, Ampex (ArcelorMittal Exosun), mais aussi l'Université de Bordeaux, la Chambre d'agriculture de la Gironde et la Fédération régionale des Cuma (coopérative d'utilisation en commun de matériel agricole). Tous espèrent voir le pilote opérationnel début 2023, sur le site de la Grande Ferrade de l'Inrae.

L'enjeu : étudier l'influence de l'installation sur le comportement de la vigne, et déterminer notamment l'ombrage optimal pour coupler au mieux production électrique et production viticole. 2.000 m2 de merlot vieux d'une dizaine d'années seront donc partiellement recouverts de panneaux bifaces orientables pour servir de laboratoire à ciel ouvert cinq années durant.

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Des panneaux protecteurs en cas de grêle

"Pour l'instant, nous conduisons les études agronomiques et de biodiversité", pour qualifier l'état initial du terrain, explique à La Tribune le président de l'Inrae Nouvelle-Aquitaine Abraham Escobar Gutiérrez. Il voit en Vitisolar l'une des "pierres angulaires" du pôle de recherche et d'innovation AgriPV en cours de préfiguration par l'Inrae. Du côté de la technique, EDF et Ampex travaillent sur le prototype du démonstrateur, avec de premiers tests d'ores et déjà opérants. "Nous tenons le calendrier", assure à cet égard Axel Becker, responsable du département solaire chez EDF Renouvelables.

Pour l'énergéticien, il s'agit-là d'un des premiers tests de solution agriphotovoltaïque en terre viticoles, avec à la clé, des enjeux spécifiques à étudier.

"C'est assez nouveau, il y a tout un champ de technologies à découvrir. Les panneaux doivent être relativement flexibles, car la vigne a parfois besoin de beaucoup de soleil ; mais ils peuvent être aussi très protecteurs - ils sont conçus pour résister à des grêlons de la taille d'une balle de golf, ce qui présente un réel intérêt pour les exploitants - et peuvent aussi protéger du gel, en limitant de quelques degrés la baisse de la température au sol", liste ainsi Axel Becker. Tout en pointant la nécessité de tester la solution "dans un modèle économique soutenable".

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Encore beaucoup de questions sans réponses

Directeur général du cluster Inno'vin, Gilles Brianceau, observe le sujet agriphotovoltaïque "monter en puissance depuis quelques années" au sein du monde viticole, "avec des développeurs qui se positionnent clairement sur ce segment". "Mais pour l'heure, la profession viti-vinicole regarde tout cela avec attentisme parce que de nombreuses questions restent à éclaircir : comment se comporte la vigne sous le panneau ? Comment on travaille sous les panneaux ? Quel est l'impact sur la biodiversité ? Que fait-on quand la vigne a besoin de beaucoup d'ensoleillement ? Et quel est le modèle économique de ces installations ?... C'est l'objet de Vitisolar : créer des références pour pouvoir se prononcer en connaissance de cause."

Sachant que le déploiement de telles solutions dépendra aussi de l'évolution du cadre réglementaire, comme le souligne Gilles Brianceau : "tant que l'installation de panneaux sera interdite en AOC, ça limitera le potentiel !"

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