Le Domaine Brana est une institution au Pays basque. « La quasi-totalité de la production des vins d'Irouléguy, dont Brana est le plus grand producteur indépendant, est vendue localement », affirme Hugues Souparis, le tout nouveau propriétaire du domaine. Début avril, cet investisseur est en effet devenu l'actionnaire majoritaire, pour une somme restée confidentielle, de cette société fondée par Pierre-Etienne Brana en 1897 et implantée sur une vingtaine d'hectares, certifiés HVE (Haute Valeur Environnementale) à Saint-Jean-Pied-de-Port (Pyrénées-Atlantiques). Soit près d'un dixième de ce vignoble AOP de montagne, le plus petit de France, où le raisin pousse sur 250 hectares entre 200 et 400 mètres d'altitude sur des parcelles en terrasse.
« La transition sera douce. Les dirigeants actuels, Jean et Martine, seront là le temps qu'il faudra pour partager leurs connaissances de la vinification pour Jean et de la distillation pour Martine, qui restera par ailleurs au capital », précise Hugues Souparis. Si ce dernier est novice en matière de spiritueux, il compte faire bénéficier le domaine viticole, qui développe une gamme d'eaux-de-vie depuis quelques années, de son solide savoir-faire en matière de développement, acquise à la tête de Hologram Industries, qui a depuis été rebaptisée Surys.
Jean et Martine Brana dans les vignes du domaine Brana (crédits : Domaine Brana).
Centrales à biogaz, bijoux et tablettes
Hugues Souparis a fait passer cette société industrielle qu'il créa en 1984 et qui est spécialisée dans l'authentification de haute sécurité, pour les passeports et billets de banque par exemple, du « statut de startup à celui de PME, avant de connaître 20 ans de vie boursière couronnée par un LBO réussi », comme il est détaillé sur le site d'Enowe. Cette holding, le dirigeant la fonda avec ses fils Nathan et Nils dès 2013, mais depuis la cession de Surys en 2019, ils y dédient totalement leur temps et leur patrimoine, estimé à 350 millions d'euros par Challenges (331e position dans le classement des grandes fortunes de France).
Investisseur de long terme, le trio ne sélectionne que des projets ayant un impact social et environnemental positif dans des secteurs très différents. Enowe a ainsi pris des participations dans Evergaz (centrales au biogaz), Inside Vision (tablettes pour lutter contre le handicap visuel), le fabricant de poêles à bois Seguin, le bijoutier belge Baunat ou encore les fonds BlueOrchard et Alterequity. Le Domaine Brana est le trentième investissement et le deuxième dans la branche la plus récente d'Enowe, celle des savoir-faire d'excellence, qui comptait jusqu'alors le fabricant de montres Pequignet, basé dans le Jura et acquis fin 2021.
Elargissement de la gamme et hausse des volumes
Hugues Souparis est convaincu que le domaine plus que centenaire de Brana a encore de beaux jours devant lui :
« Pour la partie viticole, notre ambition est de maintenir voire d'améliorer la qualité de la production. Pour ce qui est des spiritueux, nous prévoyons d'une part d'élargir la gamme, qui compte des eaux de vie à base de poire ou encore de cédrat, mais aussi des gins, liqueurs et whiskeys, des boissons qui ont le vent en poupe. Et d'autre part d'augmenter les volumes produits dans la superbe distillerie », détaille-t-il, avouant son coup de cœur » pour l'eau-de-vie de clémentine.
Implantée depuis 2018 à Ossès, la distillerie accueille le public pour des visites et des dégustations et le domaine vend également sa production dans son vignoble à Ispoure comme dans sa boutique à Saint-Jean-Pied-de-Port. Plusieurs recrutements sont d'ores et déjà prévus, notamment pour la direction commerciale, pour que Brana, qui compte aujourd'hui une douzaine de salariés à l'année et davantage l'été et au moment des vendanges, puisse se faire davantage connaître en dehors de ses terres d'origine. « Les équipements sont récents et l'activité est rentable. Nous allons bâtir, avec Jean et Martine, un plan stratégique à cinq ans pour définir les priorités, telle que la refonte du site internet et le développement de la marque sur les réseaux sociaux, et les investissements à consentir, notamment pour le développement des whiskeys qu'il faut conserver plusieurs années avant de pouvoir les commercialiser ».
La distillerie du Domaine Brana (crédits : Domaine Brana).
Deux acquisitions prévues
En parallèle, Hugues Souparis travaille déjà sur deux autres projets d'acquisition de sociétés détentrices d'un savoir-faire singulier, mais qui ne sont pas situées dans le Sud-Ouest. « L'objectif est d'arriver à un chiffre d'affaires cumulé d'une vingtaine de millions d'euros afin de mutualiser des fonctions, telles que le juridique ou l'e-commerce, entre ces différentes sociétés. J'aimerais bien y ajouter un producteur d'armagnac », révèle le natif de Saint-Céré (Lot), qui, à 67 ans, n'a pas fini de sillonner les territoires pour dénicher des opportunités d'investissement.
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