Cidres, bières, gins ou softs... L'essor des boissons basques

Dans les Pyrénées-Atlantiques, de nombreuses marques de boissons revendiquant leurs origines basques ont été créées au cours de la dernière décennie. Elles se positionnent aussi bien sur le marché de la bière artisanale que du cidre, des boissons non-alcoolisées ou encore des spiritueux.
La société Egarri a débuté sa production en 2015 avec du cidre basque, au nom de Kupela, « barrique » en basque.
La société Egarri a débuté sa production en 2015 avec du cidre basque, au nom de Kupela, « barrique » en basque. (Crédits : Kupela / Egarri)

« Notre territoire est connu pour la qualité de ses produits alimentaires, que ce soit le fromage ou le jambon, mais moins pour les boissons alors que le cidre a ses origines ici et que la plus ancienne distillerie, Atxa à Amurrio (dans la province Alava en Espagne), se trouve au Pays basque », affirme Xalbat Seosse Oxarango. Avec son ami de lycée et désormais associé Bastien Dufau, il cherche depuis 2013 à combler ce déficit d'image pour ainsi dire.

« Nous avons commencé par la distribution de boissons artisanales fabriqués en Iparralde (pays basque nord) et Hegoalde (pays basque sud), dans la région premièrement, mais surtout au niveau national et désormais mondial afin de faire rayonner la gastronomie et la culture basque », explique le dirigeant, qui propose des cours d'euskara, la langue basque, à sa quinzaine de salariés.

Lire aussiLa filière chanvre déploie ses feuilles au Pays basque et dans les Landes

Le slogan de leur société Egarri (« avoir soif » en basque) n'est pas pour rien « euskal herritik mundura », soit « depuis le Pays basque vers le monde entier ». « Au fil des rencontres avec des producteurs, nous avons décidé de nous lancer dans la production, autofinancée par la distribution, de boissons artisanales à partir de matières premières locales et à des prix abordables », raconte Bastien Dufau. Le duo commence, justement, en 2015 par le cidre basque ou plutôt le « sagardo », un vin de pomme plus amer que les recettes bretonnes et normandes, au nom de Kupela, « barrique » en basque. Une référence à celles remplies de sagardo que les marins basques amenaient en mer pour éviter de mourir de scorbut.

Egarri Balea bière basque

Les bières Balea sont brassées par la société Egarri, « avoir soif » en basque (crédits : Egarri).

« Made in basque country »

Sept autres marques, dont les noms ou logos font toutes référence à l'histoire locale, ont suivi, de la bière (Balea), des jus de fruits (Pressoir du Pays basque), du thé glacé (Arima), du sangria (Loreak), du coca (Euskola), du vin (Amalur) et depuis cet automne, du gin, whiskey et rhum sous la marque Lapurdi. Cette dernière, en référence à l'une des sept provinces basques (le Labourd où se trouve Bayonne), est justement produite par la plus ancienne distillerie espagnole, l'un des six fabricants partenaires d'Egarri, qui dispose aussi de sa propre usine à Bardos, rachetée en 2019 et qui déménage début 2023 à Ayherre (Pyrénées-Atlantiques).

« Notre système de distribution a aussi évolué : alors que nous avons commencé par la restauration, nos ventes dans les supermarchés et chaînes spécialisées, comme Nature & Découvertes depuis l'an dernier, sont désormais supérieures et représentent les deux-tiers de notre chiffre d'affaires qui devrait s'approcher des trois millions d'euros cette année », détaille Bastien Dufau. « Nous comptons une centaine de références à date de boissons, non pas made in France, mais « made in basque country » comme nous avons décidé de l'inscrire sur les bouteilles Lapurdi », souligne Xalbat Seosse Oxarango.

Art de vivre

La tendance nationale du marketing territorial dans l'alimentaire s'observe naturellement aussi en Nouvelle-Aquitaine où le nombre de microbrasseries et désormais de distilleries de spiritueux a explosé au cours de la dernière décennie. Difficile de connaître leur nombre exact, mais sur les tables des restaurants comme dans les rayons des supermarchés, la présence de ces nouvelles marques revendiquant leurs origines est visible. Au Pays basque peut-être plus qu'ailleurs, en raison de son identité forte revendiquée par les frères Rémy et Boris Harretche, qui ont créé le gin Anaiak (« frères » en basque) en 2020 à Ciboure, ou encore les jumeaux Camile et Benjamin Fourt Arteaga qui font, à Saint-Pée-sur-Nivelle, depuis 2014 une gamme de liqueurs, dont le patxaran, sous le nom Egiazki et IXO pour les bières. C'est aussi le cas de Topa (« la rencontre » en basque), un cidre, plusieurs fois médaillé au World Cider Awards, imaginé en 2017 à Bidart par Grégoire Tulasne et Pascal Moret. Il y a aussi Bob's Beer, créée en 2006 à Hasparren.

Lire aussiBoissons bio : pourquoi Vitamont investit dans Manufacture Bordeaux

« Pour la bière, il n'y a pas de notion de terroir comme dans le vin. Nous préférons que notre bière soit connue comme une bière de qualité plutôt que régionale », affirme Baptiste Cartereau, cofondateur avec Vincent Chauvet de La Superbe en 2017. « Impossible d'ailleurs de faire une vraie bière basque, car nos matières premières viennent d'Allemagne, d'Angleterre pour le malt et même des Etats-Unis et d'Australie pour le houblon », ajoute le dirigeant, qui avoue pourtant que les noms basques de ses bières et le design sur les canettes plaisent. « Ils font un carton sur Instagram et nous aident, après avoir trouvé notre public national, à le trouver à l'international », explique Baptiste Cartereau.

La Superbe

La Superbe a été fondée par Baptiste Cartereau et Vincent Chauvet en 2017 (crédits : La Superbe).

La Superbe s'approche du million d'euros de chiffre d'affaires et vient de passer de trois à cinq salariés, après avoir pris possession en juillet de ses nouveaux locaux à Anglet. « Il y a beaucoup de toutes petites brasseries. Il est difficile de passer le cap du garage et d'avoir suffisamment de volume pour pouvoir se mesurer aux plus gros en termes de prix », pointe le dirigeant. Ainsi, le groupe Ogeu est, à son tour, entrée dans la danse en rachetant en 2015 la marque Hapchot « pour les amoureux de l'art de vivre de la Côte Ouest », puis en imaginant les bières Sarriat, « à l'eau de source des Pyrénées », et Belharra « brassée au cœur de Bayonne ».

Valorisation du terroir

« Nous avons volontairement créé Datxa ici car le terroir est davantage valorisé qu'à Paris. En premier lieu par les restaurateurs avec qui nous avons rapidement tissé des liens et qui ont moins de mal à payer le prix pour un bon produit. Les premiers mois de commercialisation dépassent nos attentes », affirme Grégoire Mojaïski, cofondateur en 2021 avec Clément Lemoine-Scelles et Alexandre Fillon de cette marque de kombucha. « Une boisson fermentée ancestrale, très consommée en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis. Ses biens-faits - détox, antioxydant, anti-inflammatoire, riche en microbiotes - en font une boisson pour sportifs, mais avec ses bulles naturelles c'est aussi une alternative saine aux sodas ou non-alcoolique aux cidres et vins », détaille Alexandre.

La jeune marque, soutenue par la Région Nouvelle-Aquitaine, a six références et en imagine des éphémères en fonction des saisons. « Pour les feuilles de vigne ou encore la rhubarbe, nous nous approvisionnions auprès d'agriculteurs locaux. Pour le thé, nous avons des fournisseurs labellisés commerce équitable et un jour peut-être des partenaires locaux. Nous regardons les projets de plantation de thé, à Guéthary notamment, de près », fait savoir le duo.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 20/12/2022 à 9:14
Signaler
Ils sont aussi les champions pour la consommation voir le nombre de morts de jeunes sur les routes mais ça chut il faut pas que ça nuise au business.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.