Révélées par le quotidien régional Sud Ouest, mardi 3 mai, ces gardes à vue interviennent un peu plus d'un an après l'enquête ouverte par le parquet national financier en mars 2021 et les perquisitions survenues au conseil régional deux mois plus tard. Désormais pilotée par le parquet de Nanterre, dans les Hauts-de-Seine, cette enquête sur de possibles détournements de fonds publics au cours de la campagne électorale 2015 a été déclenchée par une plainte contre X pour détournements de fonds publics déposée début 2021 par David Angevin.
Ce conseiller technique au cabinet d'Alain Rousset, en charge de l'écriture des discours et des éléments de langage, de 2015 à 2018, puis directeur du projet "Université du futur", a été licencié pour insuffisances professionnelles par le conseil régional en 2020. S'en est suivie une profonde inimitié personnelle entre les deux hommes. A noter qu'en janvier 2022 le tribunal administratif de Poitiers a annulé ce licenciement et enjoint la Région à régulariser la situation de David Angevin.
Selon Sud Ouest, les quatre anciens membres du cabinet d'Alain Rousset ont été placés en garde à vue dans les locaux de la division des affaires économiques et financières de la direction zonale de la police judiciaire de Bordeaux. Parmi eux figurent l'ancien directeur de cabinet Patrick Volpilhac (désormais directeur général de l'Alca, l'Agence pour le livre et le cinéma en Nouvelle-Aquitaine), Pierre Cuvelier, l'ancien chef de cabinet, ainsi que Julien Martret, responsable de la communication.
Trois dénouements possibles
La Région Nouvelle-Aquitaine ne fait aucun commentaire mais confirme que "plusieurs personnes appartenant au cabinet du président de Région en 2015 ont été entendues et le seront dans les prochains jours à l'hôtel de police à Bordeaux [...] dans le cadre de l'enquête diligentée en préliminaire." Selon nos informations, des responsables politiques de l'époque, notamment dans les rangs de l'opposition, ont également été entendus par les enquêteurs ces derniers mois.
Après avoir auditionné les proches collaborateurs et ex-collaborateurs d'Alain Rousset et examiné tous les éléments en leur possession, les enquêteurs entendront nécessairement le président de région pour le confronter aux éléments précis réunis au cours de l'enquête. Ensuite, trois possibilités : le classement sans suite ; la poursuite devant le tribunal correctionnel si les éléments sont suffisamment probants ; ou l'ouverture d'une information judiciaire menée par un juge d'instruction, s'il apparaît nécessaire de poursuivre les investigations par des vérifications complémentaires.
/////////////////////////
Les dates clef :
- 3 mars 2021 : David Angevin dépose une plainte auprès de la procureure de la République de Bordeaux qui, « à la lecture de l'ensemble des documents et de la gravité des faits dénoncés » décide de transmettre le dossier au Parquet national financier (PNF)
- 24 mars 2021 : le PNF confirme l'ouverture d'une enquête préliminaire
- 15 avril 2021 : David Angevin est entendu pendant plus de dix heures à Bordeaux par les enquêteurs mandatés par le PNF
- 4 mai 2021 : le conseil régional est perquisitionné pendant plusieurs heures par une trentaine d'enquêteurs mandatés par le PNF
- 27 juin 2021 : Alain Rousset remporte le second tour des élections régionales avant d'être réélu président du conseil régional le 2 juillet suivant
- 2 mai 2022 : plusieurs ex-membres du cabinet d'Alain Rousset sont placés en garde à vue par les enquêteurs
Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !