La Rochelle crée la coopérative qui pilotera sa stratégie zéro carbone

INTERVIEW. Résolue à atteindre la neutralité carbone en 2040, La Rochelle lance avec de nombreux partenaires, ce mardi 4 mai, une société coopérative d'intérêt collectif (Scic) dédiée à l’émergence de projets locaux réducteurs ou capteurs de CO2. La Tribune fait le point avec Anne Rostaing, directrice générale de la Coopérative Carbone La Rochelle.
(Crédits : CC Pixabay by AnthonyArnaud)

LA TRIBUNE - Vous lancez officiellement ce mardi 4 mai la Coopérative Carbone La Rochelle. De quoi s'agit-il exactement ?

ANNE ROSTAING, directrice générale : La Coopérative est une société coopérative d'intérêt collectif (Scic) dédiée au développement de projets locaux réducteurs de l'impact carbone du territoire : des projets qui permettent soit de réduire les émissions de gaz à effet de serre, soit de réduire les consommations énergétiques, soit de séquestrer du carbone. Elle s'inscrit dans la démarche La Rochelle territoire Zéro carbone, lauréate en septembre 2019 de l'appel à projets national Territoires d'Innovation de grande ambition.

Concrètement, nous proposons aux porteurs de projets une expertise technique et financière pour évaluer leur impact carbone, les accompagner dans des démarches de certification ou de labellisation, et dans la recherche de financements, par exemple par la valorisation économique des crédits carbone qu'ils génèrent. La Coopérative fait ainsi office d'agrégateurs de projets à impact carbone positif, et permet donc aussi à tout un chacun de compenser ses émissions, en contribuant au financement de ces projets.

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Pourquoi avoir choisi le statut de société coopérative à intérêt collectif ?

Parce que tout le monde peut y contribuer en tant que sociétaire : acteurs privés, collectivités, associations, institutionnels, citoyens... Et la gouvernance, assise sur le principe "un homme, une voix", est telle que chacun s'y retrouve. La SCIC impose aussi de réinvestir les bénéfices éventuels dans le projet commun, ici, la transition vers un territoire zéro carbone. C'est une forme juridique qui sert véritablement la cause.

Anne Rostaing La Rochelle Zéro Carbone

Anne Rostaing, directrice générale de la Coopérative Carbone La Rochelle (crédits : Anne Rostaing).

Qui sont les sociétaires de la coopérative ?

Elle a été fondée par la communauté d'agglomération et la ville de la Rochelle, l'Université, l'association Atlantech (qui porte le développement du quartier du même nom), le Port Atlantique de La Rochelle, le Crédit agricole de Charente-Maritime et des Deux-Sèvres, l'association Adopteunprojet (une plateforme de crowdfunding dédiée au financement de projets locaux), et les entreprises Alstom et Léa Nature. Nous avons déposé les statuts en décembre 2020, et nous tenons aujourd'hui notre Assemblée générale, avec l'intégration de nouveaux sociétaires : l'École de management Excelia, la chambre départementale d'agriculture, le Parc naturel marin, ainsi que deux agriculteurs investis dans l'agroécologie, et une petite dizaine de citoyens.

Quels sont les premiers projets que vous accompagnez ?

Nous démarrons avec des projets de séquestration du carbone, qui sont les plus "simples" à certifier parce qu'ils sont éligibles au label national Bas Carbone ; nous pouvons donc nous appuyer sur ce cadre pour les évaluer et valoriser leurs crédits carbone. Mais nous comptons élargir les thématiques, ce qui suppose que nous concevions nous-mêmes des méthodes d'évaluation, qui seront certifiées, en toute transparence, par des auditeurs externes. C'est par exemple le cas sur un projet d'aménagement innovant de digue sur lequel nous sommes en train de travailler. Nous accompagnons aussi un projet de recherche mené par l'Université et l'École des Mines sur le "carbone bleu", autrement dit sur la capacité de l'océan et de nos marais à tenir lieu de puits carbone.

Autre exemple : nous comptons évaluer l'impact carbone de l'autoconsommation collective d'électricité d'origine renouvelable, en nous appuyant sur l'expérimentation de boucle énergétique conduite sur le quartier Atlantech à La Rochelle [où des panneaux photovoltaïques de 4MWc de puissance alimentent une zone d'activité et une zone d'habitat, le surplus étant transformé en hydrogène pour alimenter un circuit de bus à l'hydrogène]. À terme, nous aimerions développer un label local sur lesquels tous les porteurs accompagnés par la coopérative pourront s'appuyer pour valoriser leur impact carbone.

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Quels sont les objectifs que vous vous fixez ?

Nous visons un objectif de réduction de 40.000 tonnes d'équivalents CO2 dans les trois ans.

La coopérative a-t-elle vocation à financer elle-même les projets qu'elle accompagne ?

Pour l'instant, non : nous aidons les porteurs de projets à trouver des contributeurs financiers. Mais à terme, oui : nous espérons que notre activité d'évaluation et d'accompagnement générera suffisamment de bénéfices pour pouvoir les réinjecter dans le financement de projets locaux.

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Commentaire 1
à écrit le 06/05/2021 à 17:10
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Nous ne pouvons que féliciter La Rochelle et la CDA pour le projet territoire zéro carbone et vouloir mettre en avant l’intérêt du collectif ! Les projets locaux d’aujourd’hui sont les enjeux et l’avenir de demain ! Bravo pour ses initiative et s...

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