A La Rochelle, Elixir Aircraft lève 3 millions d'euros pour son avion low tech

La startup rochelaise Elixir Aircraft est en train de lancer le premier avion low tech de l'aviation légère. Capable de décoller à seulement 100 kilomètres/heure, l'Elixir est aussi peu polluant et peu coûteux. Et sa méthode de construction innovante pourrait bien finir par révolutionner la fabrication de tous les avions. L'Elixir est l'un des premiers exemples d'avions de 4e génération.
Les trois cofondateurs d'Elixir Aircraft : Cyril Champenois, Arthur Léopold-Léger et Nicolas Mahuet.
Les trois cofondateurs d'Elixir Aircraft : Cyril Champenois, Arthur Léopold-Léger et Nicolas Mahuet. (Crédits : Jean-Marie Urlacher)

Fondée en 2015, la startup rochelaise Elixir Aircraft, qui développe un avion biplace baptisé Elixir, vient de boucler une levée de fonds de 3 millions d'euros, abondé par les sociétés de capital risque Ouest Croissance (groupe Banque Populaire/à Nantes, Bordeaux, Paris -Ndlr) et Océan Participations (groupe Crédit Mutuel), ainsi que deux nouveaux investisseurs privés.

Ce tour de table complète la précédente intervention financière, mixant apports institutionnels, par le biais du fonds de co-investissement régional Poitou-Charentes et du FCI Limousin, gérés par Aquiti Gestion - où l'on retrouve notamment la Région Nouvelle-Aquitaine et Arkéa Capital -, de business angels, d'un fonds local mais aussi d'un apport des créateurs.

"Avec mes associés, Cyril Champenois, responsable marketing, vente et qualité, et Nicolas Mahuet, en charge du bureau d'études, nous avons amené 50.000 euros. Comme nous n'avons pas livré d'avion, ce qui va commencer cette année, notre startup n'a pas encore de chiffre d'affaires. Cyril, Nicolas et moi sommes actionnaires principaux mais pas majoritaires de la société", décrypte pour La Tribune Arthur Léopold-Léger, président d'Elixir Aircraft.

Le premier détenteur mondial de la certification CS-23

Depuis 2018, l'Elixir a non seulement déjà passé les tests de base au sol, comme le roulage, mais il a également volé. Cet appareil biplace en côte-à-côte a si bien réussi tous ses tests qu'il a en est arrivé à décrocher une certification de très haut niveau, baptisée EASA CS-23.

"Nous sommes les premiers au monde à décrocher cette certification, qui vient de faire l'objet d'une nouvelle mouture, et qui englobe les avions d'une à dix-neuf places. Ce qui renforce beaucoup notre visibilité, et a poussé les avionneurs comme Airbus et Daher à nous contacter. C'est important, parce que les nouvelles versions des certifications ne se font que tous les dix à trente ans. Depuis cinq ans que cette certification CS-23 est opérationnelle, Elixir Aircraft est le premier constructeur aéronautique à l'avoir décrochée", se félicite Arthur Léopold-Léger.

L'Elixir d'Elixir Aircraft

L'Elixir en vol (crédits : Elixir Aircraft)

Il a construit son bateau et fait une transat en solitaire

Ingénieur aéronautique diplômé de la Kingston University de Londres, Arthur Léopold-Léger a passé une bonne partie de sa jeunesse au milieu des ateliers des chantiers navals spécialisés dans la course au large où travaillait son père, mais aussi dans le milieu de l'aéronautique.

"L'important dans les chantiers et les ateliers, y compris ceux qui sont liés à l'aéronautique, c'est de voir comment travaillent les gens. C'est comme ça que j'ai pu construire mon propre bateau et mener à bien une transat en solitaire", éclaire Arthur Léopold-Léger.

C'est finalement l'aviateur qui a pris le dessus sur le marin pour relever un autre pari très gonflé : fonder une entreprise de construction aéronautique à partir d'une idée nouvelle jamais mise en pratique auparavant ! Celle qui consiste à envoyer dinguer le cœur même de la recette de fabrication d'un avion, en appliquant la règle du "one shot", littéralement "un coup".

Une création exemplaire de la culture low tech

Objectif de cette stratégie innovante : arriver à construire un avion monomoteur de deux places, suffisamment léger pour être capable de décoller à la vitesse presque ridicule de 100 km/h, avec un moteur d'une puissance maximale de 130 chevaux. Le tout pour une vitesse de croisière de 260 km/h et une autonomie de 1.800 kilomètres. Ce qui fait de l'Elixir un avion lent et très sûr, idéal pour apprendre à voler. A consulter la brochure en ligne de cet appareil sans équivalent, on a parfois l'impression de lire une fiche consacrée à tout autre chose.

"Si une pièce de votre Elixir est endommagée par un impact, pas besoin de la changer entièrement ! Ponçage, stratification, peinture d'un patch et vous êtes reparti", peut-on apprendre. Une véritable ambiance d'atelier de shaper en train d'ajuster la fabrication d'une planche de surf ! Tout ça parce qu'Elixir est sans doute ce que l'on fait de mieux en matière d'aéronautique low tech, cette technologie à basse intensité qui simplifie au lieu de rendre compliqué, et qui permet de faire des économies d'énergies, de baisser les prix et de réduire l'empreinte carbone dans des proportions jusqu'alors inconnues.

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Fabriquer tout d'un seul coup au lieu de multiplier les pièces

"L'innovation dans cet avion tient au One Shot, à la capacité à réduire au maximum le nombre de pièces nécessaires à la fabrication de l'appareil. Par exemple nous ne fabriquons pas deux ailes, une pour la droite et une autre pour la gauche, comme c'est le cas pour tous les autres avions mais une seule ! Aile sur laquelle est posée la carlingue de l'avion, elle aussi fabriquée en une seule pièce !", dévoile avec une joie non dissimulée Arthur Léopold-Léger.

Le président précise que la startup est en train de passer en cadence rapide. Elixir Aircraft a ainsi désormais sept appareils en production et une centaine en réservation. Ses clients sont aussi bien des aéroclubs que des centres d'entrainement militaire. La startup, qui emploie directement 34 salariés, a créé 15 postes supplémentaires chez ses 70 sous-traitants.

"Nous allons lancer ça tranquillement. C'est-à-dire fabriquer 12 à 15 appareils la première année, fois deux l'année suivante et encore fois deux l'année d'après. Nous changerons de bâtiment au fur et à mesure de la montée de besoins. Etant donné notre process de fabrication, nous pouvons vendre ces appareils neufs au tarif de 200.000 euros pièce, c'est imbattable", sourit le cofondateur et président de la startup.

L'aviation low tech démarre une ascension qui devrait aller en s'amplifiant.

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